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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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croyait pas ses yeux. Il ne savait pas
quoi faire. Cuthbert le tira par la manche. « Sortez ! »
cria-t-il.
    Philip ne
pouvait pas s’arracher à cette vision. Il avait prévu dix ans d’austérité et de
dur labeur pour remettre le monastère dans une situation financière saine. Et
voilà que, tout à coup, il lui fallait construire un nouveau toit et un nouveau
mur nord, et peut-être plus si la destruction se poursuivait… C’est l’œuvre du
diable, se dit-il. Comment expliquer autrement que le toit ait pris feu par une
glaciale nuit de janvier ?
    « Nous
allons nous faire tuer ! » hurla Cuthbert. La peur que traduisait sa
voix émut Philip. Il se détourna du brasier et, avec le cellérier, il quitta en
courant l’église pour se réfugier dans le cloître.
    Les moines
alertés sortaient en bousculade. Planté sur le seuil, Milius le cuisinier les
pressait d’avancer pour éviter la cohue, et tentait de les éloigner de l’église
pour les refouler vers l’allée sud du cloître, au milieu de laquelle Tom le
bâtisseur leur conseillait de tourner sous l’arche et de s’échapper par là.
Philip entendit Tom crier : « Allez à l’hôtellerie… évitez
l’église ! »
    Philip
estima cette réaction exagérée : ils n’auraient sûrement rien risqué ici,
dans le cloître. Mais peut-être était-ce une précaution raisonnable. En fait,
se dit-il, j’aurais probablement dû y penser moi-même.
    Et les
avertissements de Tom amenèrent Philip à se demander jusqu’où la destruction
pourrait s’étendre. Si le cloître ne se trouvait pas absolument à l’abri, que
dire de la salle capitulaire ? C’était là, dans une petite pièce aux épais
murs de pierre et sans fenêtre, qu’ils gardaient le coffre de chêne cerclé de
fer contenant le peu d’argent qu’ils possédaient, avec tous les vases
inestimables du sacristain et les précieuses chartes et titres de propriété du
prieuré. Philip aperçut Alan, un jeune moine qui travaillait avec le sacristain
et s’occupait des ornements. Il l’appela. « Il faut s’occuper du trésor…
Où est le sacristain ?
    — Il
est parti, mon père.
    — Allez
le trouver, demandez-lui les clés, puis prenez le trésor dans la salle
capitulaire et portez-le à l’hôtellerie. Vite ! »
    Alan fila
en courant. Philip se tourna vers Cuthbert. « Assurez-vous qu’il le
fait. » Cuthbert acquiesça et suivit Alan.
    Philip se
retourna vers l’église. Durant les quelques instants où son attention s’était
portée ailleurs, le feu avait pris de l’ampleur et la lueur des flammes
brillait maintenant à toutes les fenêtres. Le sacristain aurait dû penser au
trésor, au lieu de s’empresser de se sauver. Avait-on oublié autre chose ?
Philip n’arrivait pas à penser méthodiquement. Voyons… Les moines se mettaient
à l’abri, on s’occupait du trésor…
    Il avait
oublié le saint.
    Au fond du
chœur, derrière le trône de l’évêque, se trouvait le tombeau de saint Adolphe,
un ancien martyr anglais. Le monument contenait un cercueil de bois renfermant
le squelette du saint. On soulevait périodiquement la dalle de pierre pour
exhiber le cercueil. Adolphe n’était pas aussi populaire aujourd’hui que jadis
mais, autrefois, des malades avaient été miraculeusement guéris en touchant la
tombe. Les restes d’un saint attiraient des fidèles et des pèlerins dans une
église et pouvaient rapporter tant d’argent que, si scandaleux que cela fût, on
voyait souvent des moines voler carrément de saintes reliques dans d’autres
sanctuaires. Philip avait prévu de raviver l’intérêt des foules pour Adolphe.
Il lui fallait sauver ce squelette.
    Il aurait
besoin d’aide pour soulever la dalle et déménager le cercueil. Le sacristain
aurait dû y penser déjà mais il demeurait invisible. Le premier moine à sortir
du dortoir se trouva être Remigius, l’orgueilleux sous-prieur. Philip devrait
s’en contenter. Il l’appela : « Aidez-moi à sauver les reliques du
saint. »
    Les yeux
vert pâle de Remigius se tournèrent avec crainte vers l’église en flammes mais,
après un moment d’hésitation, il suivit Philip et franchit avec lui la porte.
    A
l’intérieur de l’église, Philip s’arrêta. Il venait à peine de quitter les
lieux mais le feu avait progressé très vite. Une odeur lui piquait les narines,
avec des relents de poix brûlée, ce qui prouvait que les poutres du toit
avaient été traitées

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