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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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démonter. « Peut-être, dit-il calmement. Mais ce n’est pas le
diable qui a envoyé ici un maître bâtisseur la nuit où l’église a brûlé. »
    Philip
détourna les yeux. « Eh bien, il y aura certes une église neuve, mais je
ne sais pas quand. En attendant, que dois-je faire ? Comment la vie du
monastère peut-elle continuer ? Nous ne sommes ici que pour adorer Dieu et
étudier. »
    Philip
semblait au fond du désespoir : le moment idéal pour Tom d’essayer de lui
redonner courage : « Mon garçon et moi pourrions déblayer le cloître
et le remettre en état en une semaine », dit-il avec plus d’assurance dans
la voix qu’il n’en éprouvait.
    Philip
haussa les sourcils. « Vraiment ? » Puis son expression de
surprise changea encore en accablement. « Mais qu’utiliserons-nous comme
église ?
    — Et
la crypte ? Vous pouvez célébrer les services là, n’est-ce pas ?
    — Oui…
cela ferait fort bien l’affaire.
    — Je
suis certain que la crypte n’est pas gravement endommagée », dit Tom. Il
en était presque sûr.
    Philip le
regardait comme un ange de miséricorde.
    « Il ne
va pas falloir longtemps pour déblayer un chemin au milieu des débris pour
aller du cloître à l’escalier de la crypte, poursuivit le maçon. Presque toute
l’église sur ce côté-là a été détruite, une chance, en un sens, puisqu’on ne
risque plus ainsi de voir de la maçonnerie s’écrouler. Il faudra que je sonde
les murs encore debout et peut-être que j’étaye certains d’entre eux. Ensuite,
il faudra les vérifier chaque jour pour voir s’il n’y a pas de fissure et, de
toute façon, ne pas entrer dans l’église pendant une tempête. » Malgré
l’importance de ces remarques Tom voyait bien que Philip ne s’y intéressait
pas : ce que le prieur voulait entendre, c’étaient des nouvelles
positives, quelque chose qui le réconforte. La seule façon de se faire engager,
c’était de lui donner ce qu’il voulait. Tom changea de ton. « Avec
quelques-uns de vos plus jeunes moines travaillant pour moi, je vous garantis
d’arranger les choses de façon que vous puissiez reprendre une vie monastique à
peu près normale d’ici deux semaines. »
    Philip
dévisagea le maçon. « Deux semaines ?
    — Donnez-moi
le gîte et le couvert pour ma famille, et vous me paierez mon salaire seulement
quand vous aurez l’argent.
    — Vous
me rendriez mon prieuré en deux semaines ? » répéta Philip,
incrédule.
    Tom
n’était pas sûr de tenir les délais mais s’il lui fallait une semaine de plus
personne n’en mourrait. « Deux semaines, répéta-t-il avec fermeté. Après,
nous abattrons les murs qui restent – c’est un travail délicat si on veut
l’accomplir sans risque –, puis nous dégagerons les décombres et entasserons
les pierres pour les réutiliser. Pendant ce temps, nous pourrons dessiner le
plan de la nouvelle cathédrale. » Tom retint son souffle. Il avait fait de
son mieux.
    Philip
acquiesça, souriant pour la première fois. « Je crois en effet que c’est
Dieu qui vous a envoyé, dit-il. Allons déjeuner, puis nous pourrons nous mettre
au travail. »
    Tom poussa
un soupir de soulagement. « Merci », dit-il, et, avec un sanglot à
peine réprimé, il ajouta : « Je ne peux pas vous dire ce que cela
signifie pour moi. »
    Après le
déjeuner, Philip tint un chapitre improvisé dans le magasin de Cuthbert, sous
la cuisine, avec les moines tout excités. La plupart de ces hommes qui avaient
choisi une vie sûre, prévisible et monotone paraissaient maintenant
terriblement désorientés. Leur désarroi touchait le cœur de Philip. Il avait
plus que jamais le sentiment d’être un berger, dont la tâche est de veiller sur
des créatures innocentes et désemparées, sauf qu’il ne s’agissait pas en
l’occurrence d’animaux mais de frères qu’il aimait. La meilleure façon de les
réconforter, avait-il décidé, était de les informer de ses projets, d’utiliser
dans le travail leur énergie nerveuse afin de retrouver au plus vite un
semblant de routine.
    Malgré le
cadre inhabituel, Philip n’abrégea pas le rituel du chapitre. Il ordonna qu’on
lise le martyrologe de la journée, suivi des prières commémoratives. Voilà
pourquoi les monastères existent : la prière justifie leur existence.
    Pour
conclure, Philip se leva : « La catastrophe qui nous a frappés la
nuit dernière n’est que matérielle, commença-t-il, en

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