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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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accrochés à
une patère. Il était reparti en courant sans laisser à William et à son valet
le temps de réagir.
    Mais il ne
lui parlait toujours pas. Il lui tendit son manteau et s’enroula dans les plis
du sien, puis s’assit sur les dalles à quelques pieds d’elle, le dos appuyé
contre le même mur. Elle aurait voulu qu’un être cher la prenne dans ses bras
et la console, mais Richard se comportait comme si elle avait fait quelque
chose de honteux ; et le pire, c’est qu’elle éprouvait la même impression.
Elle se sentait aussi coupable que si c’était elle qui avait commis elle-même
un péché. Elle comprenait très bien son refus de l’approcher.
    Le froid
lui plaisait ; il l’aidait à se sentir plus loin du monde, isolée, et
semblait atténuer sa souffrance. Elle ne dormit pas, mais, au cours de la nuit,
tous deux connurent une sorte de transe et demeurèrent un long moment assis,
immobiles comme la mort.
    La fin
brusque de la tempête rompit le charme. Aliena s’aperçut qu’elle distinguait
les fenêtres de la chapelle, de petites taches grises dans ce qui n’avait été
jusque-là que totale obscurité. Richard se leva et se dirigea vers la porte.
Elle le suivit des yeux, irritée d’être ainsi dérangée : elle aurait voulu
rester assise contre le mur en se laissant mourir de froid ou de faim, car elle
se sentait attirée par une longue dérive paisible vers une inconscience qui
serait permanente. Puis il ouvrit la porte et la faible lueur de l’aube
illumina son visage.
    Aliena fut
tirée de sa torpeur. Richard était méconnaissable. Il avait le visage gonflé,
meurtri, couvert de sang séché. Aliena en aurait pleuré. Richard avait toujours
été enclin aux bravades inutiles. Petit garçon, il caracolait dans le château
sur un cheval imaginaire, faisant mine d’embrocher des gens sur une lance
imaginaire. Les chevaliers de son père l’encourageaient toujours en feignant la
peur face à son épée de bois. En réalité, un chat pouvait effrayer Richard.
Mais hier soir, il avait fait de son mieux, ce qui lui avait valu une méchante
correction. Elle allait maintenant devoir le soigner.
    Elle se
mit lentement debout. Elle était moulue, mais la douleur était moins forte.
Elle songea à ce qui se passait dans le donjon. William et son valet avaient dû
finir la cruche de vin au cours de la nuit et s’endormir. Sans doute se
réveilleraient-ils au lever du soleil.
    Alors,
Richard et elle devraient être loin.
    Elle se
rendit à l’autre bout de la chapelle, vers l’autel. C’était un simple coffre de
bois, peint en blanc, dépouillé de tout ornement. Elle s’y appuya et, d’une
brusque poussée, le renversa.
    « Qu’est-ce
que tu fais ? » dit Richard d’une voix blanche.
    — C’était
la cachette secrète de notre père », dit-elle. Il me l’a dit avant de
partir. » A l’emplacement de l’autel se trouvait un ballot de tissu.
Aliena l’ouvrit pour y trouver une épée avec son fourreau et sa ceinture, et un
poignard redoutable d’un pied de long.
    Richard
s’approcha. Il ne savait guère manier l’épée. Il avait pris des leçons pendant
un an, mais il était encore très gauche.
    Aliena
toutefois ne pouvait assurément pas s’en servir, aussi la lui tendit-elle. Il
boucla la ceinture à sa taille.
    Aliena
examina la dague. Elle n’avait jamais porté d’arme. Elle avait toujours eu
jusqu’ici quelqu’un pour la protéger. Comprenant qu’elle aurait désormais
besoin de ce redoutable poignard, elle se sentit impuissante. Elle n’était pas
sûre de pouvoir jamais s’en servir. J’ai bien planté une lance en bois dans un
cochon sauvage, songea-t-elle ; pourquoi ne pourrais-je pas planter cette
dague dans un homme – quelqu’un comme William Hamleigh ? Elle frissonna à
cette pensée.
    Le
fourreau de cuir qui servait d’étui à la dague s’attachait à la ceinture par
une boucle, assez grande pour qu’Aliena y passe son mince poignet, comme un
bracelet. Elle y glissa sa main gauche et cala le couteau sous sa manche. Il
était si long qu’il dépassait son coude.
    « Allons-nous-en,
vite ! » dit Richard.
    Aliena
commença à marcher vers la porte, puis soudain s’arrêta. Au jour qui
s’éclaircissait peu à peu, elle remarqua sur le sol de la chapelle de deux
objets donc elle reconnut la forme : des selles, l’une de taille moyenne
et l’autre énorme. Elle pensa à William et à son valet arrivant la veille au
soir,

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