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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Aliena décida de lui dire une partie de la
vérité. « Nous avons quitté le château en hâte et nous n’avons pas de vêtements.
    — Où
est Matthew ? Pourquoi n’est-il pas avec vous ? »
    Elle
redoutait tellement cette question ! Elle hésita. Ce ne fut qu’une seconde
de silence, mais il la remarqua. « Allons ! N’essaie pas de me cacher
la vérité ! dit-il en retrouvant un peu de son autorité d’autrefois. Où
est Matthew ?
    — Il
a été tué par les Hamleigh, dit-elle. Mais ils ne nous ont fait aucun
mal. » Elle retint son souffle. La croirait-il ?
    « Pauvre
Matthew, murmura le comte en secouant la tête. Il n’a jamais été un combattant.
J’espère qu’il est allé droit au ciel. »
    Vaguement
soulagée, Aliena détourna la conversation de ce terrain dangereux. « Nous
avons décidé de nous rendre à Winchester pour demander au roi de prendre des
mesures en notre faveur, mais il…
    — Inutile,
interrompit son père. Il ne ferait rien pour vous. » Aliena fut blessée du
ton sec de la réplique. Après tout ce qu’elle avait fait, elle aurait voulu
l’entendre dire Tu as bien agi. Il avait toujours été prompt à corriger et lent
à féliciter. Docilement, elle demanda : « Que devons-nous faire
maintenant, père ? » Il bougea un peu brusquement, ce qui provoqua un
bruit de ferraille. Aliena comprit avec horreur qu’il était enchaîné.
« J’ai caché un peu d’argent. Un heureux hasard. J’avais cinquante besants
dans une ceinture sous ma chemise. Je les ai confiés à un prêtre.
    — Cinquante ! »
s’exclama Aliena. Cette pièce d’or frappée à Byzance, d’où son nom, valait
vingt-quatre pennies d’argent. Cinquante valaient… Elle n’arrivait pas à le
calculer. D’ailleurs, elle n’en avait jamais vu plus d’une à la fois.
    « Quel
prêtre ? demanda Richard, plus pratique que rêveur.
    — Le
père Ralph, de l’église Saint-Michaël près de la porte nord.
    — On
peut compter sur lui ? interrogea Aliena.
    — Je
l’espère. Je ne sais pas. Le jour où les Hamleigh m’ont emmené à Winchester,
avant qu’on ne m’enferme ici, je me suis trouvé seul avec lui à peine quelques
instants. C’était ma seule chance. Je lui ai remis la ceinture en le suppliant
de la garder pour vous. Cinquante besants valent cinq livres d’argent. »
    Cinq
livres ! Cet argent transformerait leur existence. Ils ne seraient plus
sans ressources ; ils pourraient acheter du pain et une paire de bottes
pour remplacer ces pénibles sabots, et même un couple de poneys s’ils avaient
besoin de voyager. Cela ne résolvait pas tous leurs problèmes, mais au moins
éloignait ce sentiment effrayant de frôler constamment le gouffre. Libérée de
l’obsession du lendemain, Aliena pourrait se consacrer à quelque chose de
constructif, par exemple trouver le moyen de faire sortir leur père de son
horrible prison. « Quand nous aurons l’argent, dit-elle, à qui faudra-t-il
s’adresser pour obtenir votre libération ?
    — Je
ne sortirai pas d’ici, répondit-il brutalement. N’y pense pas. Si je n’étais
pas déjà mourant, on m’aurait pendu. »
    Aliena
resta pétrifiée. Comment pouvait-il parler ainsi ?
    « Tu
es choquée ? reprit-il. Le roi veut se débarrasser de moi, mais en
laissant agir la maladie, il n’aura pas ma mort sur la conscience.
    — Père,
intervint Richard, cet endroit n’est pas bien gardé pendant l’absence du roi.
Je suis persuadé qu’avec l’aide de quelques hommes je pourrais vous faire
sortir. »
    Aliena n’y
croyait pas. Richard n’avait ni les moyens ni l’expérience d’organiser une
évasion. Il était trop jeune pour se trouver des complices efficaces. Cependant
le comte n’exprima pas, comme Aliena le craignait, le moindre dédain pour une
proposition si naïve. Il dit simplement : « Oublie ce projet. Si tu
entres ici de force, je refuserai de partir avec toi. »
    Aliena
savait qu’il était inutile de discuter avec son père une fois sa décision
prise. Pourtant, comment accepter qu’il finisse ses jours dans cette geôle
puante ? Ne pourrait-elle trouver une façon d’améliorer sa lamentable
situation ? « Eh bien, dit-elle tout haut, si vous êtes condamné à
rester ici, nous allons nettoyer et apporter de la paille fraîche. Chaque jour
nous vous apporterons une nourriture chaude. Nous nous procurerons des
chandelles et, pourquoi pas, une bible. Vous aurez un

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