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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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et Andrew se voyaient déjà à la tête de la délégation.
    « Quand
le roi apprendra ce qui s’est passé, reprit Remigius, je ne pense pas que Percy
Hamleigh reste encore bien longtemps comte de Shiring. »
    Philip
n’en était pas si sûr.
    « Où
est le roi ? demanda Andrew. Quelqu’un le sait-il ? »
    Philip,
qui s’était récemment rendu à Winchester, avait appris là-bas les déplacements
du souverain. « Il est parti pour la Normandie, dit-il.
    — Il
faudra longtemps, remarqua Milius, pour le rattraper.
    — La
poursuite de la justice exige la patience, déclara pompeusement Remigius.
    — Mais
chaque jour que nous passons à poursuivre la justice, nous ne bâtissons pas
notre nouvelle cathédrale », répliqua Milius. Son intonation montrait
qu’il désapprouvait la facilité avec laquelle Remigius acceptait un retard dans
le programme de construction. Philip était du même avis. Milius
poursuivit : « Et ce n’est pas notre seul problème. Une fois que nous
aurons trouvé le roi, il faudra obtenir une audience. Cela peut prendre des
semaines. Après, il donnera peut-être à Percy l’occasion de se défendre…
Nouveau délai…
    — Comment
Percy pourrait-il se défendre ? protesta Remigius.
    — Je
ne sais pas encore, répondit Milius, mais je m’attends qu’il trouve quelque
chose.
    — Mais,
au bout du compte, le roi devra tout de même s’en tenir à sa
parole ! »
    Une voix
nouvelle s’éleva : « N’en soyez pas si sûr. » Tout le monde se
tourna vers frère Timothy, le plus vieux moine du prieuré. Petit homme modeste,
il parlait rarement, mais toujours à bon escient. Philip pensait parfois que
c’était Timothy qui aurait dû être prieur. Lui, qui paraissait d’ordinaire
plutôt somnolent, cette fois promenait sur les membres du chapitre un regard
brillant de conviction. « Un roi est une créature de l’instant, dit-il. Il
vit constamment sous la menace, menace des rebelles au sein de son propre
royaume, menace des monarques voisins. Il lui faut des alliés. Le comte Percy
est un homme puissant qui commande de nombreux chevaliers. Si le roi a besoin
de Percy au moment où nous présenterons notre pétition, on nous éconduira, sans
tenir aucun compte de la justice de notre cause. Le roi n’est pas parfait. Le
seul vrai juge, c’est Dieu. » Il se renversa en arrière, s’adossa au mur
et ferma les yeux comme s’il ne s’intéressait plus le moins du monde à
l’accueil que recevrait son discours. Philip dissimula un sourire :
Timothy avait exactement formulé ses propres craintes.
    Remigius
rageait de renoncer à un long et passionnant voyage en France, agrémenté d’un
séjour à la Cour ; d’un autre côté, il ne pouvait pas contredire la
logique de Timothy. « Eh bien, dit-il platement, quelle solution
avons-nous ? »
    Philip
réfléchissait en silence : Le prévôt du comté ne pourrait pas intervenir
dans cette affaire : Percy était trop puissant pour dépendre de son
autorité. On ne pouvait pas davantage compter sur l’évêque. Quoiqu’embarrassé,
Philip n’était pas disposé à s’avouer vaincu. Il reprendrait cette carrière,
quitte à le faire lui-même…
    Tiens,
c’était une idée.
    « Une
minute », dit-il tout haut.
    Cela
impliquerait l’assistance de tous les frères valides du monastère… Il faudrait
organiser l’affaire avec soin, comme une opération militaire sans armes… On
prendrait des vivres pour deux jours…
    « Je
ne garantis pas le résultat, continua-t-il, mais ça vaut la peine d’essayer.
Ecoutez. »
    Il leur
exposa son plan.
    Ils
partirent presque aussitôt : trente moines, dix novices, Otto le Noir et
son équipe de carriers, Tom le bâtisseur et Alfred, deux chevaux, une
charrette. Quand la nuit tomba, ils allumèrent des lanternes pour éclairer la
route. A minuit, ils s’arrêtèrent pour se reposer et pour dévorer le
pique-nique préparé en hâte aux cuisines : poulet, pain blanc et vin
rouge. Philip avait toujours estime qu’une bonne nourriture devait récompenser
le dur travail. Tout en marchant, ils chantaient l’office qu’ils auraient dû
célébrer au prieuré.
    Au plus
fort de la nuit, Tom le bâtisseur, qui menait le cortège, leva une main pour
l’arrêter et annonça à Philip : « Moins d’une demi-lieue jusqu’à la
carrière.
    — Bon. »
Le prieur se tourna vers les moines. « Otez vos sabots et vos sandales,
passez les bottes de feutre. »

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