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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’un
pouvoir : celui de définir le bien et le mal. S’il perdait cette autorité-là,
il se retrouverait vraiment sans défense. Il avait donc ordonné la fermeture du
marché.
    La
situation était vraiment désespérée.
    Les
finances du prieuré s’étaient améliorées de façon spectaculaire grâce, d’une
part, à un contrôle plus strict, et d’autre part aux gains sans cesse
croissants provenant du marché et de l’élevage des moutons ; chaque penny,
Philip le consacrait sans exception à la construction. Il avait même lourdement
emprunté aux Juifs de Winchester, un emprunt qu’il avait encore à rembourser.
Voilà maintenant que d’un seul coup il perdait son libre approvisionnement en
pierres, ses revenus du marché, et le nombre de ses travailleurs volontaires –
dont beaucoup venaient principalement pour le marché – n’allait pas tarder à
diminuer. Il allait devoir congédier la moitié des bâtisseurs et abandonner
ainsi l’espoir de terminer la cathédrale de son vivant. Il n’était pas du tout
préparé à un tel échec.
    Était-il
responsable de cette crise ? S’était-il montré trop confiant, trop
ambitieux ? Le shérif Eustache le lui avait fait comprendre. « Vous
êtes trop grand pour vos bottes, Philip, lui avait-il dit avec colère. Vous
dirigez un petit monastère, vous êtes un petit prieur, mais vous voulez
gouverner l’évêque, le comte et le shérif. Eh bien, ce n’est pas possible. Nous
sommes trop puissants pour vous. Tout ce que vous obtenez, c’est ennui sur
ennui. »
    Eustache
était un homme laid aux dents inégales, légèrement louchon, et vêtu d’une robe
jaune sale ; il n’empêche, ses mots avaient frappé Philip au cœur. Il en
venait à penser avec consternation que les carriers ne seraient pas morts si
lui-même ne s’était pas fait un ennemi de William Hamleigh. Mais comment ne
serait-il pas l’ennemi de William ? S’il renonçait, davantage de gens
souffriraient, des gens comme le meunier que William avait tué, ou la fille du
serf que lui et ses chevaliers avaient violée. Philip n’avait pas d’autre choix
que poursuivre la lutte. Donc aller voir le roi.
    Il
détestait cette idée. Il n’avait approché le souverain qu’une fois auparavant,
quatre ans plus tôt à Winchester, et, bien qu’il eût obtenu ce qu’il voulait,
il se trouvait très mal à l’aise à la cour royale. Tous ces gens rusés, sans
scrupules, qui entouraient le roi et se disputaient son attention et ses
faveurs, Philip les trouvait méprisables. Ils manigançaient pour acquérir une
fortune et une position qu’ils ne méritaient pas. Quel jeu jouaient-ils ?
Lui, en tout cas, n’en connaissait pas les règles. Dans son monde, la meilleure
façon d’obtenir quelque chose, c’était de la mériter, pas de courtiser le
donateur.
    Aujourd’hui,
hélas, il n’avait d’autre solution que d’accepter leur code et de tenter la
partie. Seul le roi pouvait lui accorder l’autorisation de tenir un marché.
Seul le roi pouvait sauver la cathédrale.
    Il termina
ses prières et quitta la crypte. Le soleil se levait dans une lueur rosée qui
baignait les pierres grises de l’église naissante. Les bâtisseurs se
réveillaient avec les premiers rayons et, déjà, ils ouvraient leurs ateliers,
affûtant leurs outils et préparant la première cuve de mortier. Pour l’instant,
la perte de la carrière n’avait pas encore retardé la construction : ils
avaient pris de l’avance et ils disposaient maintenant d’un stock de plusieurs
mois.
    Le moment
du départ était venu. Toutes les dispositions étaient prises. Philip aurait un
compagnon de voyage : Richard, le frère d’Aliena. Après s’être battu un an
comme écuyer, Richard venait d’être fait chevalier par le roi. Il était rentré
chez lui pour se rééquiper et il partait maintenant rejoindre l’armée royale.
    Aliena
avait étonnamment réussi comme marchande de laine. Elle ne vendait plus à
Philip, mais traitait directement avec les acheteurs flamands. Cette année,
elle avait même proposé d’acheter toute la production du prieuré. Elle aurait
payé moins que les Flamands, mais Philip aurait eu l’argent plus tôt. Philip
avait refusé mais rien que la possibilité de faire cette offre prouvait la
réussite de la jeune fille.
    Une petite
foule s’était rassemblée pour dire adieu aux voyageurs. Richard montait un
destrier bai qui avait bien dû coûter vingt livres à Aliena. Il

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