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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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si je ne me trompe !
    — Madame,
reprit Francis, la règle est que les marchés doivent être distants d’au moins
six lieues. A cet égard, Kingsbridge et Shiring ne sont pas concurrents. »
    Elle hocha
la tête, disposée apparemment à accepter la version de Francis sur ce point de
droit. Pour l’instant, songea le prieur, l’affaire ne se présentait pas trop
mal.
    « Vous
demandez aussi, reprit Maud, le droit de prendre des pierres dans la carrière
du comte de Shiring.
    — Nous
avons ce droit depuis bien des années, mais récemment le comte William a chassé
nos carriers, tuant cinq…
    — Qui
vous a donné le droit de prendre de la pierre ? coupa-t-elle.
    — Le
roi Stephen…
    — L’usurpateur ! »
    Francis
s’empressa d’intervenir : « Madame, le prieur Philip considère
naturellement comme nuls tous les édits du prétendant Stephen tant qu’ils n’ont
pas été ratifiés par vous. » Philip s’empêcha de protester, comprenant
qu’il serait malavisé d’intervenir.
    « J’ai
fermé la carrière, balbutia William, en représailles pour la tenue de ce marché
illégal ! »
    C’était
stupéfiant, se dit Philip, comment un cas flagrant d’injustice pouvait prendre
l’apparence d’un débat équilibré entre les deux parties dès lors qu’on
l’exposait devant un tribunal.
    « Toute
cette querelle, reprit Maud, a surgi parce que la décision première de Stephen
était stupide. »
    Pour la
première fois l’évêque Waleran prit la parole. « Sur ce point, madame, je
suis entièrement d’accord avec vous, dit-il avec onctuosité.
    — C’était
chercher les ennuis que d’accorder la carrière à une personne et l’exploitation
à une autre, dit-elle. La carrière doit appartenir à l’un ou à l’autre. »
    C’était
vrai, reconnut Philip. Si elle respectait l’esprit de la décision première de
Stephen, la carrière reviendrait à Kingsbridge.
    Maud
reprit : « Ma décision est que cette carrière doit appartenir à mon
noble allié, le comte de Shiring. »
    Philip
crut défaillir. La construction de la cathédrale ne pourrait pas continuer sans
le libre accès à la carrière. Il faudrait suspendre les travaux le temps qu’il
trouve de l’argent pour acheter des matériaux. Tout cela pour le caprice d’une
écervelée ! Il bouillait de colère.
    William
salua : « Merci, madame.
    — Toutefois,
dit Maud, Kingsbridge aura droit de marché comme Shiring. »
    Philip
respira un peu mieux. Le marché ne paierait pas complètement la pierre, mais
c’était un gros appoint. Il allait devoir recommencer à courir après l’argent,
comme au début, mais au moins il pouvait continuer.
    Maud avait
donné demi-satisfaction à chacun. Peut-être après tout n’avait-elle pas la tête
si vide.
    « Droit
de marché comme à Shiring, madame ? répéta Francis.
    — C’est
ce que j’ai dit. »
    Philip ne
comprenait pas l’arrière-pensée de Francis. C’était couramment qu’on
établissait une licence sur le modèle d’une autre. C’était équitable et cela
évitait des écritures. Philip n’aurait qu’à s’appuyer exactement sur ce que
disait la charte de Shiring. Peut-être y découvrirait-il des restrictions ou
des privilèges inattendus.
    « Ainsi,
conclut Maud, vous avez tous les deux obtenu quelque chose. Le comte William a
la carrière et le prieur Philip le marché. En retour, chacun de vous me paiera
cent livres. » Elle se détourna.
    Philip
demeura abasourdi. Cent livres ! Le prieuré pour l’instant n’avait même
pas cent pennies. Où allait-il trouver l’argent ? Il faudrait des années
au marché pour rapporter cent livres. C’était un coup terrible qui remettait en
cause et repoussait indéfiniment le programme de construction. Le prieur
regardait Maud fixement mais elle s’était replongée dans sa conversation avec
sa dame d’honneur. Francis donna un coup de coude à son frère qui ouvrit la
bouche pour parler, mais Francis l’arrêta, un doigt sur les lèvres.
« Mais… », commença Philip. Francis secoua la tête avec insistance.
    Le prieur
savait que Francis avait raison. Il courba les épaules, vaincu, désemparé, se
retourna et s’éloigna de la présence royale.
     
    Francis ne
put cacher son étonnement quand Philip lui fit visiter le prieuré de
Kingsbridge. « Il y a dix ans, c’était un trou, dit-il cavalièrement. Tu
lui as vraiment donné vie. »
    Il aimait
tout spécialement la

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