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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’il devrait
étudier davantage. »
    Jack
n’appréciait pas du tout ces compliments, lui qui partageait la méfiance de sa
mère envers les gens d’Église. Ces amabilités cachaient sûrement un piège
quelque part.
    « Davantage ?
fit Ellen avec mépris. Qu’est-ce que ce moine veut qu’il apprenne de
plus ? Je vais te le dire : la théologie. Le latin. La rhétorique. La
métaphysique. Et zut.
    — Ne
va pas si vite, fit Tom avec calme. Si Jack accepte l’offre de Philip, s’il va
à l’école et apprend à écrire comme un bon clerc, s’il étudie le latin, la
théologie et tous ces sujets que tu traites par le mépris, il pourra travailler
auprès d’un comte ou d’un évêque, il pourra même finir en homme riche et
puissant. Tous les barons ne sont pas fils de barons, comme on dit. »
    Le regard
d’Ellen se durcit. « S’il accepte l’offre de Philip, as-tu dit. Qu’est-ce
que Philip propose exactement ?
    — Que
Jack entre comme novice…
    — Plutôt
mourir ! » cria Ellen en bondissant sur ses pieds. « Cette
maudite Eglise ne va pas me voler mon fils ! Ces traîtres de prêtres
menteurs m’ont pris son père, mais ils ne l’auront pas, lui ! Je
planterais plutôt un poignard dans le ventre de Philip, ma parole, je le jure
par tous les dieux. »
    Tom
connaissait les colères d’Ellen, qui ne l’impressionnaient plus autant qu’au
début. Il reprit tranquillement : « Pourquoi réagis-tu si mal ?
On propose à ce garçon une magnifique occasion. »
    Jack était
intrigué. Ces traîtres de prêtres menteurs ont pris son père. A quoi sa
mère faisait-elle allusion ?
    Il
s’apprêta à le lui demander, mais elle lui coupa la parole.
    « Il
ne sera pas moine ! hurla-t-elle.
    — S’il
ne veut pas être moine, il n’y est pas forcé. »
    Ellen
bougonna : « Ce satané prieur s’arrange toujours pour parvenir à ses
fins… »
    Tom se
tourna vers Jack. « Il est temps que tu dises quelque chose, mon garçon.
Sais-tu ce que tu veux faire de ta vie ? »
    Jack avait
déjà pensé à ce problème, et la réponse vint sans hésitation, comme s’il avait
pris sa décision depuis longtemps. « Je veux être un maître bâtisseur
comme toi, dit-il. Je bâtirai la plus belle cathédrale que le monde ait jamais
vue. »
    Le cercle
rouge du soleil plongea derrière l’horizon et la nuit tomba. C’était le moment
du dernier rituel du soir de la Saint-Jean : les vœux flottants. Jack
avait un bout de chandelle et un morceau de bois tout prêts. Il regarda Ellen
et Tom. Tous deux le dévisageaient, songeurs : l’assurance avec laquelle
il avait parlé de son avenir les avait surpris. Ce qu’ils ignoraient, c’est que
Jack s’était surpris lui-même.
    Le garçon
sauta sur ses pieds et traversa la prairie jusqu’au feu de joie. Il alluma une
brindille sèche aux flammes, fit fondre la base de sa chandelle et la colla au
morceau de bois ; puis il alluma la mèche. Les autres participants en
faisaient autant. Ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer une chandelle
fabriquaient une sorte de bateau avec de l’herbe sèche et des roseaux, et
tressaient les herbes ensemble au milieu pour faire une mèche.
    Jack vit
Aliena près de lui : la lueur rouge du feu animait son visage ; elle
semblait plongée dans ses pensées. Pris d’une brusque impulsion, il dit :
« Quel est votre vœu, Aliena ? »
    Elle lui
répondit aussitôt : « La paix. » Et, sans attendre de
commentaires, elle s’éloigna.
    Jack se
demanda s’il avait raison de l’aimer. Elle éprouvait de la sympathie pour lui –
ils étaient devenus amis –, mais l’idée d’échanger ne serait-ce qu’un baiser
était aussi loin des pensées d’Aliena qu’elle obsédait l’esprit de Jack.
    Quand tout
le monde fut prêt, on s’agenouilla au bord de la rivière. Brandissant leurs
lumières vacillantes, les assistants formulèrent intérieurement leur vœu. Jack
ferma les yeux et se représenta Aliena, nue sur un lit, qui lui tendait les
bras et l’attirait à elle. Puis tous déposèrent avec soin leurs lumières sur
l’eau. Si le radeau improvisé coulait ou si la flamme s’éteignait, cela
signifiait qu’on ne verrait jamais son vœu exaucé. Dès que Jack eut lâché le
sien, la petite embarcation s’éloigna, la base en bois devint vite invisible et
l’on ne distingua plus que la flamme. Il la suivit intensément quelque temps,
puis il en perdit la trace parmi les

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