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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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cadavres dans la
crypte, installer les blessés dans le dortoir des moines et organisa des
cantines d’urgence, pour les rescapés, dans la prairie de l’autre côté de la
rivière. Par chance, le temps doux permettait de dormir en plein air.
    Le
lendemain du massacre, Jack réunit les habitants encore hébétés et les répartit
en équipes de travail chargées de déblayer les cendres et les débris accumulés
dans l’enceinte du prieuré, tandis que Cuthbert le Chenu et Milius l’économe se
procuraient du ravitaillement dans les fermes environnantes. Le deuxième jour,
on enterra les morts : cent quatre-vingt-treize nouvelles tombes prirent
place dans le cimetière, à l’intérieur du prieuré.
    Philip se
contentait de transmettre les ordres que Jack lui suggérait. Ensemble, ils
firent le compte des dégâts : la plupart des citoyens survivants avaient
perdu tout ce qu’ils possédaient, généralement un simple taudis et quelques
meubles. Les récoltes étaient encore sur pied, le bétail au pâturage et les
économies des gens là où elles avaient été enterrées – le plus souvent sous
l’âtre, à l’abri du feu qui avait ravagé la ville. Les marchands dont les
stocks avaient brûlé étaient les plus touchés. Certains étaient ruinés, comme
Aliena ; ceux qui possédaient une partie de leur fortune en pièces
d’argent prendraient un nouveau départ.
    Jack
proposa de reconstruire la ville sans tarder.
    Sur le
conseil du jeune homme, Philip donna la permission extraordinaire de couper
librement du bois dans les forêts du prieuré pour rebâtir les maisons, droit
accordé pour une semaine. Pendant ce temps-là, Jack incita Philip à tracer le
plan de la nouvelle ville : ce travail ranima l’imagination de Philip et
le tira de sa dépression.
    Quatre
jours, sans interruption, il travailla sur son plan. Il prévoyait de grandes
maisons, autour des murs du prieuré, pour les riches artisans et les
boutiquiers. Se rappelant le quadrillage des rues de Winchester, il dessina le
nouveau Kingsbridge sur le même principe. Des artères droites, assez larges
pour que deux chariots puissent se croiser, descendraient jusqu’à la rivière,
coupées par des rues transversales plus étroites. Chaque parcelle constructible
aurait vingt-quatre pieds de large, dimension suffisante pour la façade d’une
maison de ville. La profondeur de cent vingt pieds laisserait l’espace d’une
cour avec lieux d’aisance, potager, écurie, étable ou porcherie. Puisque le
pont avait brûlé, on en construirait un autre à un endroit mieux situé, tout au
bout de la nouvelle grand-rue. La route qui traverserait la ville relierait
donc le pont au sommet de la colline, en passant devant la cathédrale, comme à
Lincoln. Il y aurait tout un nouveau quartier de petites maisons groupées
autour du nouveau quai. Le quartier le plus pauvre occupait un espace en aval
du prieuré, de façon que le manque d’hygiène auquel les malheureux étaient
contraints ne risque pas de souiller l’approvisionnement en eau du monastère.
    Malgré
l’effet bénéfique de ce travail sur son état moral, Philip n’était pas guéri de
sa colère et de son chagrin. Ce William Hamleigh ne pouvait être que le diable
incarné : qui d’autre aurait pu faire tant de mal ? Ses crimes
dépassaient ce qu’il était humainement possible d’imaginer. Le prieur
retrouvait la même alternance d’espoir et de consternation sur les visages de
ses paroissiens. Tandis qu’ils choisissaient leur parcelle sur le tracé que
Jack et les moines avaient délimité par des piquets et des cordes, on entendait
de temps en temps quelqu’un dire avec accablement : « A quoi bon tous
ces efforts si tout cela doit encore brûler l’année prochaine ? »
S’il y avait eu quelque espoir de justice, si l’on avait pu espérer voir les
coupables punis, peut-être les victimes n’auraient-elles pas souffert de ce
désespoir inconsolable ; mais, bien que Philip eût écrit à Stephen, à
Maud, à l’évêque Henry, à l’archevêque de Canterbury et au pape, il savait
qu’en temps de guerre il n’y avait guère de chances de réussir à traîner en
justice un homme aussi puissant que William.
    Les
parcelles les plus importantes étant les plus demandées, en dépit des loyers
élevés, Philip modifia son plan pour en augmenter le grand nombre. Dix jours
après l’incendie, de nouvelles maisons de bois se dressaient déjà sur tous les
terrains.

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