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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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cette
solution, Jack en était sûr. Ce serait pour le prieur un insupportable constat
d’échec.
    Sous la
porte la lumière déclinait. Une question saugrenue se formula dans l’esprit du
prisonnier. Comment se soulageait-on de ses besoins naturels dans ce
cachot ? Ce n’était pas le genre des moines de négliger ce genre de chose.
Il se remit à inspecter le sol, pouce par pouce, et repéra un petit trou dans
un coin. Le bruissement de l’eau plus fort à cet endroit indiquait la présence
au-dessous de la canalisation souterraine.
    En même
temps qu’il faisait cette découverte, un volet s’ouvrit dans la porte. Jack
bondit sur ses pieds. On déposa une écuelle et un croûton de pain sur le rebord
de la petite fenêtre. Jack ne pouvait pas distinguer le visage du visiteur.
« Qui est-ce ? dit-il.
    — Je
ne suis pas autorisé à vous parler », dit l’homme d’une voix neutre, mais
que Jack reconnut : c’était un vieux moine du nom de Luke.
    « Luke,
savez-vous combien de temps je dois rester ici ? » cria Jack.
    L’autre
répéta la formule : « Je ne suis pas autorisé à vous parler.
    — Je
vous en prie, Luke, dites-le-moi si vous le savez ! » supplia Jack,
d’un ton tellement angoissé que le vieux Luke répondit dans un souffle :
« Pierre a réclamé une semaine, mais Philip a ramené la peine à
deux » jours. » Le guichet se referma.
    « Deux
jours ! fit Jack, désespéré. Mais d’ici là elle sera mariée ! »
    Il n’y eut
pas de réponse.
    Jack restait
immobile, le regard perdu dans le vide. Ses yeux s’emplirent de larmes et il
s’allongea sur le sol. Il n’y avait rien d’autre à faire. Il était enfermé dans
ce trou jusqu’à lundi et, lundi. Aliena serait la femme d’Alfred, couchée dans
le lit d’Alfred, possédée par Alfred. Cette pensée lui donnait des
haut-le-cœur.
    Comme un
automate, Jack s’approcha en tâtonnant du guichet et trouva l’écuelle :
elle contenait de l’eau. Il mit un petit morceau de pain dans sa bouche, mais
il n’avait pas faim et il le mâchonna interminablement avant de l’avaler. Il
but le reste de l’eau et se recoucha.
    Il ne
dormit pas vraiment, mais sombra dans une sorte de torpeur. Dans un rêve
douloureux, il revivait les dimanches après-midi qu’il avait passés avec
Aliena, l’été d’avant, lorsqu’il lui racontait l’histoire de l’écuyer amoureux
de la princesse partant en quête de la vigne dont les fruits étaient des
joyaux.
    La cloche
de minuit le tira de son assoupissement. Il avait l’habitude maintenant des
horaires monastiques et à minuit il se sentait pleinement éveillé. Il se
représenta les moines sortant de leurs lits et formant les rangs pour la
procession qui les conduirait du dortoir à l’église. Ils étaient juste
au-dessus de Jack mais il n’entendait rien. Bientôt, ce fut la cloche des
laudes. Le temps passait vite, trop vite. Demain Aliena serait mariée.
    Au petit
matin, malgré son désespoir, il s’endormit pour de bon.
    Il
s’éveilla en sursaut. Il y avait quelqu’un dans la cellule. La panique le
paralysa.
    Le cachot
était plongé dans un noir absolu. Le bruit de l’eau semblait plus fort.
« Qui est là ? dit-il d’une voix tremblante.
    — C’est
moi… N’aie pas peur.
    — Mère ! »
murmura-t-il. Il ne se demandait pas comment elle était arrivée là, tellement
il se sentait soulagé. « Comment as-tu su que j’étais ici ?
    — Le
vieux Joseph est venu me raconter l’affaire, répondit-elle.
    — Doucement !
Les moines vont t’entendre.
    — Non,
sûrement pas. Ici tu peux chanter et crier de toutes tes forces sans qu’on
entende rien au-dessus. Je le sais, je l’ai fait… »
    Il avait
la tête si pleine de questions qu’il ne savait pas par où commencer.
« Comment es-tu entrée ici ? Est-ce que la porte est
ouverte ? » Il la chercha, les mains tendues devant lui. « Oh…
tu es trempée !
    — La
canalisation d’eau passe juste en dessous. Il y a une dalle mal assujettie dans
le sol.
    — Comment
le savais-tu ?
    — Ton
père a passé dix mois dans cette cellule, dit-elle d’une voix pleine
d’amertume.
    — Mon
père ? Dans cette cellule ? Dix mois ?
    — C’est
lui qui m’a renseignée.
    — Mais
pourquoi était-il ici ?
    — Nous
ne l’avons jamais su, répondit-elle durement. Il a été enlevé ou arrêté – il ne
l’a jamais compris exactement – en Normandie, et amené ici. Il ne parlait

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