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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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main d’Alfred. « Laisse-moi
faire », dit-elle. Sous la camisole, elle trouva un sexe mou et sans vie.
Elle le pressa doucement puis le caressa du bout des doigts, guettant une
réaction sur le visage d’Alfred, mais il avait l’air en colère.
    « Plus
fort », réclama-t-il.
    Elle
continua avec plus de vigueur, mais sans résultat apparent. Soudain Alfred
poussa un cri de douleur et s’écarta. Elle avait eu un geste trop brusque.
« Stupide vache ! » s’écria-t-il en lui assenant une gifle qui
la Fit basculer sur le côté.
    Recroquevillée
sur le lit, elle gémissait de peur et de douleur. « Tu n’es bonne à rien,
maudite ! cria-t-il furieux.
    — J’ai
fait de mon mieux !
    — Imbécile ! »
    Il la
poussa brutalement hors du lit. Elle tomba sur la paille étalée par terre.
« C’est la faute de cette sorcière d’Ellen, marmonna-t-il. Elle m’a
toujours détesté. »
    Aliena
s’agenouilla sur le sol. Alfred ne semblait plus disposé à la frapper encore.
Sa colère avait fait place à l’amertume. « Reste là, dit-il. Tu n’es bonne
à rien comme épouse, alors évite mon lit. Couche-toi par terre, comme une
chienne. » Il marqua un temps. « Je ne peux pas supporter que tu me
regardes », dit-il avec nervosité. Il chercha des yeux la chandelle et
l’éteignit d’un coup en la faisant tomber.
    Aliena
demeura immobile dans l’obscurité. Elle entendit Alfred s’agiter sur le matelas
de plumes, tirer la couverture, taper les oreillers. Elle osait à peine
respirer. Il s’agita longtemps dans tous les sens mais il ne se releva pas, et
ne lui adressa plus la parole. Il finit par se calmer et son souffle devint
régulier. Lorsqu’elle fut sûre qu’il était endormi, elle traversa la pièce en
rampant, attentive aux craquements de la paille, et alla se réfugier dans un
coin où elle se blottit parfaitement éveillée. De crainte de réveiller Alfred,
elle retenait ses larmes, mais le chagrin était plus fort. Elle se mit à
sangloter doucement. Elle pleura jusqu’au moment où elle finit par s’endormir.
     

III
    Tout
l’hiver Aliena fut malade.
    Elle
dormait mal, enveloppée dans son manteau, par terre au pied du lit d’Alfred, et
dans la journée elle était accablée par une désespérante lassitude. Souvent
elle avait des nausées, et elle mangeait donc très peu mais, malgré cela, elle
prenait du poids. Elle était certaine que sa poitrine et ses hanches avaient
grossi, de même que sa taille.
    Comme elle
en était incapable, c’était Martha qui se chargeait de diriger la maison
d’Alfred. A eux trois, ils formaient une bien triste famille. Martha n’avait
jamais aimé son frère, Aliena méprisait passionnément son mari, aussi
n’était-ce pas étonnant qu’Alfred passât le plus de temps possible loin de la
maison, au travail durant la journée et à la taverne chaque soir. Martha et
Aliena s’occupaient des provisions, de la cuisine et le soir, sans
enthousiasme, faisaient de la couture. Aliena attendait le printemps, quand le
temps serait assez doux pour qu’elle aille retrouver, les dimanches après-midi,
sa clairière secrète. Là, seule, elle rêverait en paix de Jack.
    En
attendant, Richard lui servait de consolation. Il avait un destrier noir plein
de feu, une épée neuve, un écuyer équipé d’un poney. Une fois de plus, il se
battait pour le roi Stephen, car la guerre se poursuivait avec la nouvelle
année. Maud s’était échappée du château d’Oxford, glissant entre les mains de
Stephen, et son frère, Robert de Gloucester, avait repris Wareham. Le vieux jeu
de balançoire se renouvelait interminablement, chaque camp tour à tour gagnant
et perdant. Aliena, elle, respectait son serment et du moins pouvait-elle
trouver là une certaine satisfaction.
    Au début
de l’année, Martha eut ses premières règles. Aliena lui prépara une tisane
d’herbe et de miel pour calmer les crampes, répondit à ses questions sur la
condition féminine ; puis elle alla quérir la boîte de linges qu’elle
gardait à cet effet pour son propre usage. La boîte n’était pas dans la maison
et, après réflexion, elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas apportée avec
ses affaires de jeune mariée.
    Mais le
mariage remontait à trois mois !
    Ce qui
voulait dire que depuis trois mois elle n’avait pas eu besoin de linges. Pas
depuis le jour de son mariage. Pas depuis qu’elle avait fait l’amour avec Jack.
    Elle
laissa Martha assise

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