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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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gagné
leur liberté. On lui fit faire le tour de la ville en procession triomphale et
lui saluait de la main, souriait et attendait avec impatience le moment où il
pourrait poser sa tête sur un oreiller et sombrer dans un sommeil réparateur.

VII
    La foire
aux toisons de Shiring était plus florissante que jamais. La place de l’église
paroissiale, où avaient lieu les marchés et les exécutions aussi bien que la
foire annuelle, était envahie d’éventaires et de chalands. On vendait surtout
de la laine, mais il y avait aussi des étalages de tout ce qui s’achetait et se
vendait en Angleterre : des épées neuves étincelantes, des selles
artistement décorées, des cochons de lait bien gras, des bottes rouges, des
gâteaux au gingembre et des chapeaux de paille. Arpentant la place avec
l’évêque Waleran, William calculait que le marché allait lui rapporter plus
d’argent que jamais. Il n’en éprouvait pourtant aucun plaisir.
    Il
souffrait encore de l’humiliation de sa défaite à Kingsbridge. Il avait cru
attaquer sans rencontrer la moindre résistance et incendier facilement la
ville. Or il avait perdu dans cette affaire des hommes et des chevaux, il avait
été repoussé, il avait échoué. Surtout, il avait deviné que ce mur maudit était
dû à Jack Jackson, l’amant d’Aliena, celui-là même qu’il voulait tuer.
    Il n’avait
pas réussi à se débarrasser de Jack cette fois-ci, mais il était décidé à
prendre sa revanche.
    Waleran
aussi pensait à Kingsbridge. « Je ne sais toujours pas comment ils ont
réussi à bâtir si vite ces remparts, dit-il.
    — Des
remparts de pacotille, marmonna William.
    — Mais
que vous n’avez pas su franchir, rétorqua Waleran. D’ailleurs, je suis sûr que
le prieur Philip s’occupe déjà à les renforcer. Si j’étais lui, je
consoliderais la muraille et je la surélèverais, je construirais une barbacane
et je désignerais un guetteur pour la nuit. Vos raids sur Kingsbridge sont
terminés. »
    William,
au fond, était d’accord, mais il refusait de céder. « Je peux toujours
assiéger la ville.
    — C’est
une autre affaire. Le roi tolérera une attaque rapide, mais un siège prolongé,
au cours duquel les habitants ont le temps d’envoyer au roi une demande de
protection… C’est beaucoup plus gênant.
    — Stephen
ne fera pas un geste contre moi, affirma William. Il a besoin de mes
services. » Toutefois il n’était pas si convaincu. Mais il faisait traîner
la discussion pour choisir le moment où il présenterait la requête qui occupait
toutes ses pensées.
    Une femme
laide et maigre s’avança, poussant devant elle une jolie fillette d’environ
treize ans. La mère écarta le léger corsage de son enfant pour révéler ses
petits seins à peine éclos. « Soixante pence », souffla la mère.
William sentit un frémissement dans ses reins, mais il fit non de la tête et
l’écarta.
    La petite
prostituée avait brusquement fait surgir l’image d’Aliena. Elle n’était guère
qu’une enfant quand il l’avait prise de force, presque dix ans plus tôt. Un
jour qu’il ne parvenait pas à oublier. Il ne l’aurait sans doute plus jamais
maintenant, mais il pouvait encore empêcher un autre de la posséder.
    Waleran,
songeur, marchait sans regarder devant lui. Les gens s’écartaient sur son
chemin, comme s’ils craignaient d’être même effleurés par les plis de sa robe
noire. Il reprit la parole : « Vous savez que le roi s’est emparé de
Faringdon ?
    — J’y
étais. » Au cours de la victoire la plus décisive de toute cette longue
guerre civile, Stephen avait fait prisonniers des centaines de chevaliers,
recueilli un important équipement et repoussé Robert de Gloucester jusqu’à
l’ouest du pays. La victoire avait été telle que Ranulf de Chester, le vieil
ennemi de Stephen dans le Nord, avait déposé les armes et juré allégeance au
roi.
    « Maintenant
que Stephen est plus sûr de lui, reprit Waleran, il sera moins tolérant envers
ceux de ses barons qui mènent leur propre guerre.
    — Peut-être »,
répondit William. Puisqu’il avait l’occasion d’approuver Waleran, c’était
peut-être le moment d’en profiter pour glisser sa requête. Il hésitait,
embarrassé. Il lui faudrait se découvrir. L’idée de révéler un peu de son âme à
un homme aussi impitoyable que l’évêque Waleran lui faisait horreur.
    « Vous
devriez laisser Kingsbridge en paix, du moins pour quelque

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