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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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aux endroits stratégiques.
Quelques personnes possédaient des épées, mais il n’était pas souhaitable de
devoir s’en servir. Un corps à corps signifierait que l’ennemi aurait envahi la
ville en dépit de la construction du mur.
    Depuis
quarante-huit heures, Jack n’avait pas dormi. Il avait la migraine et les yeux
brûlants. Assis sur le toit de chaume d’une maison, près de la rivière, il
contemplait la palissade que les charpentiers se hâtaient de terminer. Tout à
coup l’idée lui vint que les hommes de William pourraient jeter des flèches
enflammées par-dessus le mur pour tenter de mettre le feu à la ville
sans avoir à y pénétrer eux-mêmes. Il sauta de son toit et remonta d’un pas
lent la colline jusqu’à l’enclos du prieuré. Richard avait eu la même idée car
il avait déjà posté quelques moines, munis de tonneaux d’eau et de seaux, aux
emplacements stratégiques.
    Au moment
où il quittait le prieuré, il entendit ce qui semblait être des cris d’alarme.
    Le cœur
battant, il grimpa sur le toit de l’écurie pour inspecter les champs vers
l’ouest. Sur la route qui amenait au pont, à environ une demi-lieue, un nuage
de poussière trahissait l’approche d’un groupe important de cavaliers.
    Jusqu’alors,
tout avait gardé un caractère irréel ; mais maintenant les destructeurs de
Kingsbridge étaient là, sur la route, et l’horrible menace prenait toute sa
réalité !
    Jack
éprouva la brusque envie de retrouver Aliena, mais il n’en avait plus le temps.
Il sauta à terre et dévala la pente jusqu’au bord de la rivière. Une poignée
d’hommes était rassemblée autour de la dernière brèche, en train d’enfoncer des
pieux dans le sol et de clouer hâtivement les deux dernières traverses pour
terminer le travail, sous le regard des habitants qui ne s’étaient pas réfugiés
au réfectoire. Sur les pas de Jack, Richard déboucha à son tour. « Il n’y
a personne de l’autre côté de la ville ! cria-t-il. Si on nous prend à
revers, on est fichus ! Retournez à vos postes, vite ! » Comme
les habitants s’ébranlaient, il marmonna en direction de Jack : « Il
n’y a pas de discipline… absolument pas de discipline ! »
    Jack
observa de nouveau la route : le nuage de poussière approchait et on commençait
à distinguer les silhouettes des cavaliers – des démons jaillis de l’enfer,
pensa-t-il, n’ayant en tête que mort et destruction. Ils existaient parce que
des comtes et des rois trouvaient bon de les employer. Philip était peut-être
stupide en matière d’amour et de mariage, mais au moins il avait trouvé comment
diriger une communauté sans l’aide de sauvages pareils.
    Le nombre
de cavaliers dépassait la cinquantaine prévue par Richard : ils étaient
près de cent, fonçant vers l’emplacement du pont. Puis ils ralentirent et Jack
retrouva quelque courage en les voyant arrêter leurs chevaux dans la prairie,
de l’autre côté de la rivière et contempler par-dessus l’eau l’enceinte toute
neuve de la ville. Quelqu’un près de Jack se mit à rire. Un autre lui fit écho,
puis les rires se répandirent comme un feu de broussaille, et il y eut bientôt
cinquante, cent, deux cents hommes et femmes riant à gorge déployée à la vue
des hommes d’armes coincés sur la mauvaise rive du fleuve, sans personne à
combattre.
    Quelques
cavaliers mirent pied à terre pour se concerter. Dans la légère brume matinale,
Jack crut apercevoir au centre du groupe les cheveux jaunes et le visage
rougeaud de William Hamleigh.
    Au bout
d’un long moment, les hommes remontèrent en selle, se regroupèrent et
repartirent. Les gens de Kingsbridge éclatèrent en folles acclamations, mais
Jack savait que William n’avait pas renoncé si facilement. Les hommes d’armes,
d’ailleurs, ne reprenaient pas le chemin par où ils étaient venus. Ils
remontaient la rivière en la longeant. Richard s’approcha de Jack. « Ils
cherchent un gué. Ils vont traverser la rivière pour passer par les bois et
nous attaquer de l’autre côté. Faites circuler la nouvelle. » Jack
s’empressa de faire le tour de l’enceinte pour transmettre le message de
Richard. Au nord et à l’est, la muraille était en terre ou en pierre. Elle
englobait le mur est de l’enclos du prieuré, à quelques pas seulement du
réfectoire où s’étaient réfugiés Aliena et Tommy. Richard avait posté Oswald,
le maquignon, et Dick Richards, le fils du tanneur,

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