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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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moulin du prieuré. D’ailleurs, le blé
est cher aussi.
    — Bien
sûr. » Jack se rendit compte qu’il avait parlé sans réfléchir. Le pain
était cher parce que la farine était chère, et la farine était chère parce que
le blé était cher, et le blé était cher parce que la tempête avait saccagé la
récolte – et on n’y pouvait rien. Il vit que Martha était bouleversée comme
chaque fois qu’elle croyait l’avoir contrarié. Il sourit pour lui montrer que
tout allait bien et lui tapota l’épaule. « Ce n’est pas ta faute, dit-il.
    — Tu
as l’air de si mauvaise humeur.
    — Pas
contre toi. » Il s’en voulait. Martha aurait préféré se couper une main
plutôt que de le voler, il le savait. Il ne comprenait toujours pas pourquoi
elle lui était si dévouée. Si c’était de l’amour, se dit-il, ça aurait dû lui
passer maintenant, car tout le monde savait qu’Aliena était la femme qu’il
aimait. Il avait envisagé un jour de renvoyer Martha pour l’obliger à sortir de
sa routine : peut-être ainsi tomberait-elle amoureuse d’un bon parti. Mais
il savait au fond de son cœur que cette solution lui briserait le cœur et
ferait son malheur.
    Il chercha
sa bourse dans la poche de sa tunique et en sortit trois pennies d’argent.
« Voyons si tu peux te débrouiller avec ça », dit-il. Le cadeau était
de taille : la paye de Jack n’était que de vingt-quatre pence par semaine,
même s’il avait en prime des chandelles, des robes et des bottes.
    Il avala
le fond de sa chope de bière et sortit. Il faisait étonnamment froid pour un
début d’automne. Marchant d’un pas vif, il pénétra dans l’enclos du prieuré. Le
soleil n’était pas encore levé et quelques artisans seulement étaient déjà là.
Il remonta la nef, inspectant les fondations. Elles étaient presque terminées,
et tant mieux car il faudrait sans doute arrêter tôt cette année le travail du
mortier en raison du temps froid.
    Il examina
les nouveaux transepts. Le plaisir qu’il éprouvait à les regarder était gâché
par l’existence des fissures, qui avaient réapparu le lendemain de la grande
tempête. La déception de Jack était profonde. L’ouragan avait été terrible,
oui, mais son église était conçue pour survivre à cent orages de cette force.
Il secoua la tête d’un air perplexe et s’engagea dans l’escalier en colimaçon
qui menait à la tribune. Il aurait voulu pouvoir parler à quelqu’un qui avait
bâti une église du même genre, mais il n’existait personne en Angleterre et,
même en France, aucune cathédrale n’atteignait cette hauteur.
    Il
continua jusqu’au toit. On avait posé toutes les feuilles de plomb et il
constata que le clocheton qui bloquait l’écoulement de l’eau de pluie
comportait maintenant une large gouttière à sa base. Il y avait du vent là-haut
et il devait se cramponner quand il s’approchait du bord : il ne serait
pas le premier bâtisseur à tomber d’un toit sous l’effet d’une rafale de vent,
bien plus fort en haut qu’au niveau du sol. La force du vent paraissait
augmenter de façon disproportionnée à mesure qu’on montait…
    Il
s’arrêta, le regard perdu dans le vide. La force du vent augmentait de façon
disproportionnée à mesure qu’on montait. C’était là la réponse à la
question qui le harcelait. Ce n’était pas le poids de sa voûte qui
provoquait les fissures : c’était la hauteur. Il avait bâti
l’église assez solidement pour soutenir la masse, il en était sûr ; mais
il n’avait pas pensé au vent. Les murs très hauts étaient constamment soumis à
ses assauts qui finissaient par provoquer des fissures. Debout sur le toit,
fouetté par les bourrasques, Jack s’imaginait sans mal l’effet que produisaient
les mêmes attaques sur la structure de pierre. Il connaissait le bâtiment si
bien qu’il éprouvait la même tension que si les murs faisaient partie de son
corps. Le vent poussait de côté contre l’église, de la même manière qu’il le
poussait lui-même. Et, comme l’église ne pouvait pas se pencher, elle se
fissurait.
    Il était
absolument sûr d’avoir trouvé l’explication ; mais comment remédier au
problème ? Il fallait de toute façon renforcer le triforium pour qu’il
supporte les rafales. Malheureusement des arcs-boutants supplémentaires
détruiraient, à cause de leur aspect massif, l’extraordinaire effet de légèreté
et de grâce qu’il avait obtenu avec

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