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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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son oreille… Elle
repoussa l’horrible souvenir.
    Richard
s’échauffait. « Je pourrais monter un raid contre les troupeaux de
William, voler ses moutons, braconner son gibier, forcer ses entrepôts, rafler
la farine de ses moulins ! Mon Dieu, si j’avais une armée, je pourrais lui
en faire voir à cette vermine ! » Richard était un soldat dans l’âme,
se dit Aliena, c’était son destin. Elle avait beau craindre pour sa sécurité,
elle ne pouvait s’empêcher de rêver à ses succès.
    Richard
devint grave. « Mais comment entrer en contact avec les hors-la-loi ?
demanda-t-il. Ils sont introuvables.
    — Je
peux répondre, proposa Ellen. De la route de Winchester part un sentier envahi
par les herbes qui mène à une carrière abandonnée. C’est leur cachette. On
l’appelait la carrière de Sally.
    — Mais
je n’ai pas de carrière ! » protesta Sally du haut de ses sept ans.
    Tout le
monde se mit à rire.
    Richard,
déterminé et plein d’entrain, conclut la réunion : « Très bien, dit-il,
la gorge un peu serrée. La carrière de Sally. »
     
    « Nous
avions travaillé dur toute la matinée pour déraciner une grosse souche au flanc
de la colline, dit Philip. A notre retour, mon frère Francis était là, dans
l’enclos des chèvres, et il te tenait dans les bras. Tu étais né la
veille. »
    Jonathan
écoutait, l’air grave. C’était pour lui un instant solennel.
    Philip
inspectait la communauté de Saint-John-de-la Forêt. On ne voyait plus beaucoup
de bois aujourd’hui : au long des années, les moines avaient défriché bien
des arpents et le monastère était entouré de champs. Il y avait de nouveaux
bâtiments de pierre, une salle capitulaire, un réfectoire et un dortoir –
auxquels s’ajoutait une foule de granges et d’étables en bois plus petites.
Cela ne ressemblait guère à l’endroit qu’il avait quitté dix-sept ans avant.
Les gens aussi avaient changé. Certains des jeunes moines d’autrefois
occupaient maintenant à Kingsbridge des postes de responsabilité. William
Beauvis, qui dissipait ses frères voilà si longtemps en bombardant de cire
chaude le crâne chauve du maître des novices, était aujourd’hui le prieur de
Saint-John. Certains étaient partis : Peter de Wareham le faiseur
d’histoires se trouvait à Canterbury, où il travaillait pour un jeune et
ambitieux archidiacre du nom de Thomas Becket.
    « Je
me demande à quoi ils ressemblaient, murmura Jonathan. Je veux dire, mes
parents. »
    Philip
sentit son cœur se serrer. Lui-même avait perdu ses parents, mais à six ans
seulement, et il se souvenait fort bien d’eux : sa mère calme et tendre,
son père grand, barbu, brave et fort. Tandis que tout ce que Jonathan savait de
ses parents, c’était qu’ils n’avaient pas voulu de lui.
    « On
peut deviner pas mal de choses à leur propos, reprit Philip.
    — Vraiment ?
interrogea Jonathan avec ardeur. Quoi donc ?
    — Ils
étaient pauvres, expliqua Philip. Les gens riches n’ont nulle raison
d’abandonner leurs enfants. Et sans amis, les amis posent des questions si un
bébé attendu disparaît. Et sans espoir, seuls les gens désespérés peuvent
supporter de perdre un enfant. » Le visage de Jonathan se crispait de
larmes retenues. Philip avait envie de pleurer, pour ce garçon qui – tout le
monde le disait – lui ressemblait tant. Il aurait voulu pouvoir le consoler,
lui parler avec chaleur de ses parents ; mais comment prétendre qu’ils
avaient aimé un enfant qu’ils avaient délibérément abandonné à la mort ?
    « Mais,
insista Jonathan, pourquoi Dieu permet-il des choses pareilles ? »
    Philip
saisit l’occasion. « Dès l’instant où tu commences à poser cette question,
tu risques d’aboutir à la confusion totale. Mais, en l’occurrence, je crois que
la réponse est claire. Dieu te voulait pour lui-même.
    — Vous
croyez vraiment ?
    — Ne
te l’ai-je pas déjà dit ? Je l’ai toujours cru. Je l’ai dit aux moines le
jour où on t’a trouvé. Je leur ai affirmé que Dieu t’avait envoyé ici avec des
intentions précises et que c’était notre devoir de t’élever à son service pour
te rendre capable d’accomplir la tâche qu’il t’avait assignée.
    — Je
me demande si ma mère le sait.
    — Si
elle est avec les anges, oui.
    — A
votre avis, quelle peut être ma tâche ?
    — Dieu
a besoin de moines écrivains, enlumineurs, musiciens et fermiers. Il a

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