Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
besoin
d’hommes pour assumer les tâches difficiles : cellérier, prieur, évêque.
Il lui faut des hommes pour faire le négoce de la laine, soigner les malades,
instruire les écoliers et bâtir des églises.
    — J’imagine
mal qu’il ait prévu un rôle exprès pour moi.
    — Je
ne crois pas qu’il se serait donné autant de mal pour toi si ce n’était pas le
cas, répliqua Philip avec un sourire. Mais ce pourrait ne pas être un grand
rôle aux yeux du monde. Il souhaite peut-être simplement que tu deviennes un de
ces moines silencieux, qui consacrent leur vie à la prière et à la
contemplation.
    — Peut-être,
oui, fit Jonathan, sans enthousiasme.
    — Mais
je ne le crois pas, continua Philip en riant. Dieu ne ferait pas un couteau
avec du papier, ni une camisole de dame avec du cuir à chaussures. Tu n’as pas
ce qu’il faut pour une vie de quiétude, et Dieu le sait. Selon moi, Il veut que
tu combattes pour Lui, pas que tu chantes pour Lui.
    — Je
l’espère bien.
    — En
tout cas, pour l’instant, je crois qu’il veut que tu ailles trouver frère Léo
pour savoir combien de fromages il a pour la cave de Kingsbridge.
    — Très
bien.
    — Je
vais aller m’entretenir avec mon frère dans la salle capitulaire. Et n’oublie
pas… si un des moines te parle de Francis, sois le plus discret possible.
    — Je
ne dirai rien.
    — Va
maintenant. »
    Jonathan
traversa la cour d’un pas vif. Déjà son humeur grave avait cédé à son exubérance
naturelle avant même qu’il n’arrive à la laiterie. Philip le regarda
disparaître dans le bâtiment. J’étais tout à fait comme lui, se dit-il, mais
peut-être pas aussi malin.
    Il partit
dans la direction opposée, vers la salle capitulaire. Francis avait fait
parvenir un message à Philip lui demandant de le retrouver là discrètement.
Pour les moines de Kingsbridge, Philip rendait à la communauté une visite de
routine. On ne pouvait pas, naturellement, cacher cette rencontre aux religieux
de Saint-John-de-la-Forêt, mais leur isolement les condamnait à n’en parler à
quiconque. Seul le prieur venait de temps à autre à Kingsbridge et Philip lui
avait fait jurer le secret.
    Arrivés le
matin, Francis et lui, dans l’impossibilité de prétendre que leur rencontre était
accidentelle, faisaient tout au moins semblant de ne l’avoir organisée que pour
le plaisir de se voir. Après avoir assisté à la grand-messe, ils avaient dîné
avec les moines et tenaient enfin maintenant la première occasion de bavarder
en tête à tête.
    Assis sur
un banc de pierre contre le mur, Francis attendait dans la salle capitulaire.
Philip ne se voyait presque jamais dans un miroir – il n’en existait pas au
monastère –, aussi ne mesurait-il son vieillissement qu’aux changements qu’il
observait chez son frère, de deux ans son cadet. A quarante-deux ans, Francis
montrait quelques fils d’argent dans ses cheveux noirs et un réseau de rides
autour de ses yeux bleu clair. Il avait le cou plus fort et la taille plus
épaisse que la dernière fois où Philip l’avait vu. J’ai sans doute davantage de
cheveux gris et un peu moins de graisse, songea Philip, mais je me demande
lequel de nous deux a le plus de rides ?
    « Comment
vont les choses ? lui demanda Francis, alors qu’il s’asseyait près de lui.
    — Les
barbares sont de nouveau au pouvoir, répondit Philip. Le prieuré est à court
d’argent, nous avons pratiquement interrompu la construction de la
cathédrale ; Kingsbridge est sur son déclin, la moitié du comté meurt de
faim et les routes ne sont pas sûres.
    — C’est
la même histoire dans toute l’Angleterre, acquiesça Francis.
    — Peut-être
les barbares demeureront-ils toujours au pouvoir, reprit Philip d’un ton
lugubre. Et la cupidité continuera peut-être de l’emporter sur la sagesse dans
les conseils des puissants, et la peur d’effacer toute compassion chez un homme
armé d’une épée.
    — Tu
n’es pas si pessimiste d’ordinaire.
    — Des
hors-la-loi nous ont attaqués il y a quelques semaines. Pitoyable
spectacle : à peine les habitants en avaient-ils tué quelques-uns que les
assaillants se sont mis à se bagarrer entre eux. Mais quand ils ont décidé de
battre en retraite, les jeunes hommes de notre ville ont poursuivi les pauvres
diables et massacré tous ceux qu’ils ont pu attraper. Ecœurant !
    — C’est
difficile à comprendre, observa Francis en secouant la

Weitere Kostenlose Bücher