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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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seul. Steven se dressa, rouge de colère, et rompant avec la règle de
modération que Philip imposait au chapitre, cria à pleine voix :
« C’est inacceptable ! »
    Les moines
l’acclamèrent vigoureusement. Jonathan d’un geste réclama le calme et, faisant
preuve de sagesse, ramena le problème à la base. « Que pouvons-nous
faire ? demanda-t-il à l’assemblée des moines.
    — Repoussons
la requête du roi ! » proposa Bernard, le gros cuisinier.
    Les moines
exprimèrent leur approbation.
    « Écrivons
au roi, reprit Steven, pour lui dire que nous élirons celui qui nous paraîtra
le meilleur ! » Après une pause, il ajouta humblement :
« Avec l’inspiration de Dieu, bien sûr.
    — Je
ne pense pas que nous devions opposer un refus brutal, objecta Jonathan. Si le
roi se sent attaqué, sa colère s’abattra sur nos têtes.
    — Jonathan
a raison, approuva Philip. On peut pardonner à un homme qui perd une bataille
contre son roi, mais celui qui ose le défier publiquement est condamné.
    — Mais
alors, éclata Steven, vous cédez ! »
    Philip,
malgré l’inquiétude et la crainte qui le tenaillaient, devait maîtriser la
situation. « Steven, je vous en prie, calmez-vous, dit-il. Certes, nous
devons lutter contre cette abominable nomination, mais avec prudence et
habileté, en évitant toujours la confrontation ouverte.
    — Qu’allez-vous
faire ? demanda Steven.
    — Je
ne sais pas encore », répondit Philip. Après le premier choc, il
commençait à sentir renaître sa combativité. Toute sa vie, il avait lutté.
Contre Remigius, ici au prieuré, pour le titre de prieur. Contre William
Hamleigh et Waleran Bigod, dans tout le comté. Et maintenant contre le roi.
    « Je
crois que je vais me rendre en France, annonça-t-il. Pour rencontrer
l’archevêque Thomas Becket. »
     
    Dans les
autres crises qu’il avait connues au long de sa vie, Philip avait toujours
réussi à concevoir un plan. Chaque fois que lui-même, son prieuré ou sa ville
s’étaient trouvés menacés par des forces brutales et sans loi, il avait imaginé
une forme de défense ou de contre-attaque. Sans être constamment certain du
succès, il n’avait jamais manqué de trouver une parade… jusqu’à maintenant.
    Il
méditait encore sa stratégie lorsqu’il arriva dans la ville de Sens, dans le
royaume de France.
    La
cathédrale était la plus grande construction qu’il eût jamais vue. La nef
devait avoir cinquante pieds de large. Auprès de la cathédrale de Kingsbridge,
Sens donnait une impression d’espace, plus que de lumière.
    En
traversant une partie de la France pour la première fois de sa vie, Philip
s’était rendu compte qu’il existait dans le monde plus de variétés d’églises
qu’il ne l’avait imaginé, et il comprit l’effet créatif que les voyages avaient
eu sur les réflexions de Jack Jackson. Philip n’avait pas manqué de visiter sur
son chemin l’église abbatiale de Saint-Denis et il avait vu où Jack avait puisé
certaines de ses idées. Il avait découvert aussi deux églises avec des
arcs-boutants comme ceux de Kingsbridge : de toute évidence, d’autres
maîtres maçons s’étaient heurtés aux problèmes qui se posaient à Jack et ils étaient
arrivés à la même solution.
    Philip
alla présenter ses respects à l’archevêque de Sens, William les mains blanches,
un jeune et brillant homme d’Eglise, neveu du défunt roi Stephen. Le prélat
invita Philip à souper. Quoique flatté, celui-ci déclina l’invitation : il
avait fait un long chemin pour voir Thomas Becket et, maintenant si proche du
but, l’impatience le gagnait. Après avoir assisté à la messe à la cathédrale,
il suivit le cours de l’Yonne en direction du nord, à la sortie de la ville.
    Pour le
prieur d’un des plus riches monastères d’Angleterre, il voyageait en modeste
équipage : il n’emmenait que deux hommes d’armes pour assurer sa
protection, un jeune moine du nom de Michaël de Bristol comme assistant et un
cheval de bât chargé de livres saints, copiés et somptueusement enluminés au
scriptorium de Kingsbridge, pour servir de cadeaux aux abbés et aux évêques
qu’il visitait durant son voyage – cadeaux impressionnants qui contrastaient
fort avec la modestie de l’entourage du prieur. Ainsi le voulait Philip :
on devait respecter le prieuré et non le prieur.
    Juste
après avoir franchi la porte nord de Sens, il découvrit, au milieu d’une
prairie

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