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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ne rapporte le péage.
    — Combien
demandons-nous ?
    — Un
penny par cheval et un farthing par homme.
    — Beaucoup
de gens utilisent le pont ?
    — Oh
oui ! Des tas.
    — Alors
comment se fait-il que nous ne puissions pas nous permettre un feu ?
    — Eh
bien, les moines ne paient pas, bien sûr, ni les serviteurs du prieuré, ni les
villageois. Il n’y a donc qu’un chevalier de passage ou un chaudronnier
ambulant de temps à autre. Les jours fériés, quand les gens viennent de tout le
pays entendre le service à la cathédrale, nous récoltons des farthings à
foison.
    — Alors
faisons surveiller le pont les jours fériés seulement, et faisons un feu avec
l’argent gagné », dit Philip.
    Paul
s’inquiétait : « Ne dites rien à Remigius, surtout. S’il croit que je
me suis plaint, il sera fâché.
    — Ne
t’en soucie pas. » Philip poussa son cheval en avant, si bien que Paul ne
vit pas la colère qui crispait son visage. Tant de stupidité le mettait en
fureur. Paul avait donné sa vie au service de Dieu et du monastère et voilà que
ses dernières années on le laissait souffrir du froid pour un farthing ou deux
par jour. Ce n’était pas seulement cruel, c’était du gaspillage ; on
aurait pu confier à un vieil homme patient comme Paul une tâche productive –
élever des poulets, peut-être – et le prieuré en aurait tiré plus de profit que
quelques farthings. Mais le prieur de Kings-bridge était trop vieux et trop
apathique pour comprendre cela. De même Remigius, le sous-prieur. C’était un
grave péché, songea Philip amèrement, que de gâcher avec une telle insouciance
le capital humain et matériel offert à Dieu avec piété.
    Sa
mauvaise humeur augmenta lorsqu’il guida sa monture au milieu des taudis
jusqu’à la porte du prieuré, un enclos rectangulaire avec l’église en son
milieu. Les bâtiments étaient disposés de telle façon que tout le secteur nord
et ouest de l’église était public, séculier et pratique, alors que le secteur
sud et est était privé, spirituel et sacré.
    L’entrée
de l’enclos se trouvait donc au coin nord-ouest du rectangle. La porte était
ouverte et le jeune moine de garde salua Philip à son passage. Juste à
l’intérieur, contre le mur ouest de l’enclos, se trouvait l’écurie, une petite
construction de bois plutôt mieux bâtie que certaines des habitations de
l’autre côté du mur. Deux palefreniers étaient assis à l’intérieur sur des
bottes de paille. Ce n’étaient pas des moines, mais des employés du prieuré.
Ils se levèrent sans entrain, comme mécontents de voir un visiteur leur
apporter un surcroît de travail. L’air acre piqua les narines de Philip et il
constata que les stalles n’avaient pas été nettoyées depuis plusieurs semaines.
Or il n’était pas d’humeur à passer sur la négligence des garçons d’écurie. En
leur remettant les rênes, il ordonna : « Avant de panser mon cheval,
vous nettoierez une des stalles, vous y mettrez de la paille fraîche. Faites de
même pour les autres chevaux. Des litières constamment humides provoquent des
champignons aux sabots. Vous n’avez pas tant de travail que vous ne puissiez
garder cette écurie propre. » Comme ils prenaient tous deux un air
maussade, il ajouta : « Faites ce que je dis, ou je m’assurerai que
l’on vous retienne à chacun une journée de paye pour paresse. » Il allait
partir lorsqu’il se rappela quelque chose. « Il y a un fromage dans ma
sacoche de selle. Portez-le à la cuisine et donnez-le à frère Milius. »
    Il sortit
sans attendre de réponse. Le prieuré disposait de soixante employés pour
s’occuper de ses quarante-cinq moines, un excès honteux de l’avis de Philip.
Les gens insuffisamment occupés devenaient aisément si paresseux qu’ils
esquivaient le peu de travail qu’on leur demandait. Les deux garçons d’écurie
ne constituaient qu’un exemple de plus de la mollesse du prieur James.
    Philip
suivit le mur ouest et passa devant l’hôtellerie, curieux de voir si le prieuré
abritait des visiteurs. Mais le grand bâtiment avec son unique salle commune
était froid et désert. Les feuilles mortes de l’an passé poussées par le vent
en couvraient le seuil. Il tourna à gauche et traversa la large étendue d’herbe
rare séparant l’hôtellerie – qui abritait parfois des gens impies et même des
femmes – de l’église. Il approcha du côté ouest de l’édifice,

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