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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aux éperons de fer. Si le premier avait une épée
à la garde en arceaux, le second portait une brette de côté, en acier à poignée
de bronze. Le troisième était un géant blond avec une épaisse barbe et des
cheveux tressés dégageant une nuque rasée. Il tenait un immense sabre. Salvancy
n’avait jamais vu un pareil individu, sauf peut-être lors de la venue de l’ambassade
de Pologne en 73. Enfin suivait un jeune homme à la fine barbe en collier et, derrière
lui, un homme plus discret, d’une trentaine d’années à l’allure de domestique. Les
deux derniers aussi portaient épée.
    — Monsieur de Cubsac, monsieur Kornowski,
et vous Charles, laissez-nous, et occupez-vous du valet de chambre, ordonna
celui qui était entré le premier et qui apparemment commandait la troupe.
    Aussitôt, trois des hommes ressortirent en bousculant
le domestique. Salvancy resta un instant confondu. Puis il se dit que le chef
ne voulait pas que ses serviteurs assistent à leur entretien, forcément
confidentiel.
    — Vous avez bien fait d’être venus à cinq,
fit-il. Mes gardes du corps ont été arrêtés et je crains à tout moment l’arrivée
du lieutenant civil. Ai-je le temps de finir de brûler ces papiers avant de
partir ?
    Il montra la cheminée où le gros registre
grésillait faiblement. Le second était à côté, intact.
    À peine avait-il dit ces mots que le jeune
homme se jeta sur les registres pour les pousser hors du feu. Cette fois, Salvancy
resta interloqué, puis comprenant que quelque chose n’allait pas, son estomac
se serra, la peur l’envahit, et il fit deux pas vers ses deux sacoches posées
sur le lit pour tenter de se les approprier.
    — Nous allons nous occuper de tout, l’arrêta
le chef de la bande avec un geste de la main. Allez donc vous asseoir sur votre
lit, monsieur Salvancy, et attendez que je vous interroge.
    Comme le contrôleur restait figé, celui qui
venait de parler fit un pas vers lui et le souffleta trois fois avec une
violence telle que le receveur tomba au sol et que sa tête heurta le pied de
son lit, provoquant une profonde entaille.
    — Obéissez !
    Salvancy se releva, les yeux pleins de larmes
et le crâne ensanglanté, pour s’asseoir sur le bord du lit. Qui étaient ces
brutes ? Des gens du roi ? Des hommes de Mayenne ? Il savait que
le duc était réputé pour sa brutalité.
    On l’aura deviné sans peine, l’homme au
pourpoint de soie noire était le marquis d’O et le jeune homme était Olivier. Celui-ci
s’approcha du lit et prit les deux gibecières qu’il porta sur la grande table. Il
les vida sur le tapis qui la couvrait, puis se rendit à la fenêtre qui donnait
sur la rue, l’ouvrit, et fit un signe convenu à Nicolas Poulain qui attendait
en bas.
    — Qui… qui êtes-vous ? bredouilla le
contrôleur des tailles en le regardant faire sans comprendre.
    — La justice, monsieur Salvancy ! répondit
O tranquillement. Maintenant, taisez-vous. Vous parlerez si je vous le demande.
    — Il y a des gens dans ma maison, des
gardes, ils vont donner l’alerte ! glapit Salvancy qui crut pouvoir lui
faire peur.
    — Ne vous inquiétez pas. Mes gens ont
pour ordre de leur couper la gorge… Comme vous avez agi avec M. Hauteville,
ajouta-t-il d’un ton sinistre en dégainant sa main gauche.
    — C’est faux ! hurla Salvancy, terrorisé
à l’idée qu’on l’accuse de ce crime.
    Le marquis d’O lui attrapa les cheveux et tira
sa tête en arrière, puis passa le fil de la lame sur son cou, faisant couler quelques
gouttes de sang sur son col blanc, déjà taché par celui qui coulait de sa
blessure à la tête.
    Salvancy ouvrit la bouche pour hurler mais n’y
parvint pas tant l’émotion le submergeait.
    — Criez, et je vous coupe la langue avant
de vous égorger comme un cochon ! gronda O.
    Comme un écho, on entendit un hurlement dans
la pièce d’à côté.
    — Ma femme ! bredouilla le receveur.
    — Pour l’instant, il n’arrivera rien à
vos gens, fit O. Mais tentez de vous rebeller ou de nous tromper et nous ne
laisserons personne de vivant ici. Est-ce clair ?
    Salvancy déglutit en hochant de la tête.
    — Monsieur Hauteville, pouvez-vous
examiner le contenu de ces sacoches ? demanda encore O en rengainant la
lame.
    À ce nom, Salvancy comprit tout et se sut
perdu.
    Olivier était revenu à la table et avait
commencé à regrouper les documents par piles. Une des gibecières contenait les
fameuses quittances,

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