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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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rumeur qui ne ressemblait à rien de ce qu’Ayla
connaissait, les voix mêlées de tout un camp noir de monde, fondues en un seul grondement,
ponctué parfois d’un cri, d’un appel, d’une exclamation. Cela lui rappelait une
ruche, ou un troupeau d’aurochs meuglant au loin, et elle était soulagée de se
retrouver seule un moment.
    Enfin, pas tout à fait seule. Elle regarda Loup fourrer son
museau dans les moindres recoins et sourit. Ayla aimait l’avoir auprès d’elle.
Bien qu’elle ne fût pas habituée à voir tant de gens, surtout en si peu de
temps et en un seul endroit, elle n’avait pas trop envie d’être seule. Elle
avait eu son content de solitude dans la vallée qu’elle avait découverte après
avoir quitté le Clan, et elle n’aurait sans doute pas supporté cette situation
sans Whinney, et plus tard Bébé. Même avec ses animaux, la solitude lui avait
pesé, mais elle avait su se procurer à manger et fabriquer les objets dont elle
avait besoin ; elle avait appris la joie d’une liberté totale. Pour la
première fois, elle pouvait faire ce qu’elle voulait, même adopter une pouliche
ou un lionceau. Ne dépendre que d’elle-même lui avait révélé qu’un être humain
livré à la solitude pouvait vivre un temps dans un bien-être relatif tant qu’il
restait jeune, fort et en bonne santé. Ce n’est qu’en tombant gravement malade
qu’elle avait pris conscience de sa vulnérabilité.
    Ayla avait alors compris qu’elle n’aurait pas survécu si le Clan
n’avait permis à une petite fille faible et blessée, rendue orpheline par un
tremblement de terre, de vivre en son sein, alors qu’elle appartenait à ceux
que les membres du Clan appelaient les Autres. Plus tard, quand Jondalar et
elle avaient vécu chez les Mamutoï, elle s’était aperçue que la vie en groupe,
n’importe quel groupe, même si on y reconnaissait l’importance des souhaits et
des désirs individuels, limitait la liberté de chacun car les besoins de la
communauté étaient tout aussi importants. La survie reposait sur une volonté
commune de coopérer, Clan, Camp ou Caverne, hommes et femmes résolus à
travailler ensemble et à s’entraider. Il y avait toujours lutte entre l’individu
et le groupe. Trouver un équilibre acceptable était un défi constant, mais qui
n’allait pas sans avantages.
    La cohésion du groupe assurait plus que la satisfaction des
besoins essentiels de chacun. Elle offrait aussi du temps libre pour se
consacrer à des tâches plus agréables qui, chez les Autres, favorisaient l’éclosion
d’un sens esthétique. Leur art était moins un art en soi qu’une partie
inhérente de leur vie, de leur existence quotidienne. Presque tous les membres
d’une Caverne Zelandonii pouvaient s’enorgueillir d’une habileté particulière
et appréciaient à des degrés divers les résultats du talent des autres. Dès le
plus jeune âge, les enfants tentaient différentes expériences pour trouver le
domaine dans lequel ils excelleraient, et les activités pratiques n’étaient pas
jugées plus importantes que l’art.
    Ayla se rappela que Shevonar, l’homme qui était mort pendant la
chasse aux bisons, avait fabriqué des lances. Il n’était pas le seul membre de
la Neuvième Caverne à savoir en faire, mais la spécialisation développait le
talent, talent qui conférait un statut particulier, souvent économique. Chez
les Zelandonii, comme chez la plupart des autres peuples qu’Ayla connaissait,
la nourriture était partagée, mais le chasseur ou le cueilleur qui la
fournissait acquérait un certain prestige. Un homme ou une femme pouvait vivre
sans jamais fournir d’efforts pour trouver à manger. Sans une activité
spécialisée ou un talent particulier, source de prestige, personne ne pouvait
vivre bien.
    Même si c’était pour elle une notion difficile à saisir, Ayla
avait appris comment les Zelandoni échangeaient biens et services. Presque tout
ce qui était fait ou fabriqué avait de la valeur, même si son intérêt pratique
n’était pas toujours évident. Cette valeur était généralement définie par le
consensus, ou par le marchandage individuel. En conséquence, un talent
exceptionnel était mieux récompensé qu’une habileté commune, en partie parce
que, plus apprécié, l’objet était plus demandé, en partie parce qu’il fallait
souvent plus de temps pour bien le fabriquer. Le talent et l’habileté étaient
hautement considérés, et la plupart

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