Les refuges de pierre
joindre au groupe,
et, puisqu’on avait fait une exception pour Ayla, on l’avait acceptée elle
aussi. Quand elles étaient jeunes, la plupart des filles aimaient chasser comme
les garçons. A la puberté, beaucoup d’entre elles continuaient à aller à la
chasse, essentiellement pour y retrouver les garçons. Certaines aimaient la
chasse pour la chasse, mais une fois que les jeunes femmes prenaient un
compagnon et commençaient à avoir des enfants, elles étaient si occupées qu’elles
laissaient volontiers ce domaine aux hommes. Elles développaient alors d’autres
talents qui renforçaient leur position sociale ainsi que leur capacité à faire
du troc pour obtenir les choses qu’elles désiraient, sans trop les éloigner de
leurs enfants. Les hommes considéraient cependant que les femmes qui avaient
chassé dans leur jeunesse devenaient de bonnes compagnes. Elles comprenaient
les défis de la chasse, appréciaient les succès et compatissaient aux échecs de
leurs compagnons.
Ayla avait assisté à la cérémonie de la Traque, célébrée la
veille par la Zelandonia en présence de la plupart des chefs et de quelques
chasseurs, mais elle n’avait fait que l’observer sans y prendre part. La Traque
avait révélé qu’un grand troupeau d’aurochs s’était rassemblé dans une vallée
proche, qui convenait bien à la chasse. On avait donc décidé de commencer par
là, mais rien n’était garanti. Si les Zelandonia étaient capables de « voir »
les animaux pendant la Traque, le troupeau ne se trouvait pas forcément au même
endroit le lendemain. En tout état de cause, la vallée offrait une herbe
excellente et, si les aurochs étaient partis, il y aurait sans doute d’autres
bêtes. Les chasseurs espéraient que les aurochs s’y trouveraient toujours, car
ils formaient de vastes troupeaux à cette période de l’année et fournissaient
en grande quantité une viande savoureuse.
Quand la nourriture était abondante, un mâle adulte pouvait
mesurer jusqu’à six pieds six pouces au garrot et peser près de trois mille
livres, soit deux fois et demie la taille et plus de deux fois le poids de son
descendant domestiqué. Il avait l’aspect d’un taureau ordinaire, mais tellement
plus gros qu’il atteignait presque les dimensions d’un mammouth. Les aurochs se
nourrissaient d’herbe, de préférence l’herbe nouvelle bien verte, pas les
grandes tiges jaunies ni les feuilles des arbres. Aux steppes ils préféraient
les clairières, les lisières de forêt, les prairies et les marais. Ils
mangeaient toutefois des glands et des noix en automne, ainsi que des graines d’herbe
pour se constituer des réserves de graisse, et pendant la période maigre
hivernale ils ne dédaignaient pas de brouter feuilles et bourgeons.
Le pelage du mâle était noir et long, avec une bande claire le long
du dos. Il avait une touffe de poils frisés sur le front et deux longues cornes
assez fines, d’un gris blanchâtre qui virait au noir à leurs extrémités. Les
femelles étaient plus petites, avec un pelage plus clair, souvent roux.
Généralement, seuls les animaux âgés ou très jeunes tombaient sous la dent des
carnassiers. Un mâle en pleine force n’avait peur d’aucun chasseur, êtres
humains compris, et ne cherchait pas à fuir. En particulier pendant la période
de rut, en automne, il était prêt à se battre et chargeait avec une rage
incontrôlable, soulevant un homme ou un loup de ses cornes, le projetant en l’air,
blessant et éventrant jusqu’aux lions des cavernes. Les aurochs étaient
rapides, puissants, agiles et extrêmement dangereux.
La horde de chasseurs se mit en route dès qu’il fit assez clair.
Marchant d’un pas rapide, ils repérèrent le troupeau d’aurochs avant que le
soleil ne fût très haut. La vallée était proche. Une de ses extrémités
conduisait à une gorge assez large qui se rétrécissait en un défilé puis s’ouvrait
de nouveau en formant une sorte d’enclos naturel. Ce n’était pas tout à fait un
cul-de-sac puisqu’il y avait quelques voies de sortie exiguës, mais l’endroit
avait déjà été utilisé comme piège, pas plus d’une fois par saison, cependant.
L’odeur de sang dégagée par une grande chasse avait tendance à éloigner les
animaux jusqu’à ce que les neiges de l’hiver nettoient les lieux. En prévision
d’une utilisation future, on avait barré les issues par des clôtures ;
plusieurs chasseurs avaient fait le tour
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