Les refuges de pierre
intestins fournissaient des
enveloppes et des couvertures étanches, des sacs pour la chair cuite et la
graisse.
Les os avaient de multiples usages. On pouvait en faire des
ustensiles, des écuelles, des armes. On les cassait pour en manger la moelle,
on s’en servait comme combustible. Rien n’était gaspillé. Même les sabots et
les débris de peau étaient mis à bouillir pour devenir une colle qui, conjuguée
aux tendons, permettait par exemple de fixer les pointes des sagaies, les
manches des couteaux, les diverses parties d’une lance. On utilisait aussi
cette colle pour consolider des semelles résistantes sous des chausses souples.
Il fallait d’abord écorcher les bêtes puis les dépecer et mettre
la viande à l’abri le plus vite possible. On posta des gardes pour éloigner les
voleurs, ainsi que les autres carnivores, désireux de prélever leur part du
butin. Un grand nombre d’aurochs abattus attirait tous les prédateurs et
charognards alentour. Les hyènes furtives furent les premières qu’Ayla repéra.
Elle tenait sa fronde prête et, quasi instinctivement, elle lança Whinney en
direction de la meute.
Ayla dut sauter à terre pour ramasser d’autres pierres, et la
vitesse avec laquelle elle les lança justifiait pleinement qu’on l’eût choisie
comme garde, ainsi que Jondalar. Presque tout le monde savait dépecer, même les
jeunes apportaient leur aide, mais la lutte contre les voleurs de viande
exigeait de l’habileté à manier une arme. Une bande de loups attira l’attention
de Loup, qui n’hésita pas, avec le soutien d’Ayla, à chasser les intrus qui
convoitaient le gibier de sa meute. Les gloutons posaient un autre problème.
Deux d’entre eux, probablement un mâle et une femelle puisque c’était la saison
des amours, aspergèrent un aurochs de leurs glandes à musc. L’odeur était si
épouvantable que, après avoir récupéré la lance pour mettre la bête au crédit
de celui qui l’avait tuée, plusieurs chasseurs traînèrent le corps à l’écart
pour laisser les gloutons se le disputer entre eux.
Ayla aperçut des hermines dans leur pelage brun d’été, lequel
deviendrait blanc en hiver, sauf à l’extrémité de la queue. Elle repéra des
renards et des lynx, ainsi qu’un léopard des neiges tacheté, et, plus loin,
regardant la scène avec détachement, une troupe de lions des cavernes, la
première qu’elle voyait depuis son arrivée. Elle prit le temps de les observer.
Tous les lions des cavernes avaient un pelage clair, souvent ivoire, mais
ceux-là étaient presque blancs. Elle pensa d’abord qu’il n’y avait que des
femelles, mais le comportement de l’un des animaux l’incita à y regarder de
plus près. C’était un mâle sans crinière ! Quand elle posa la question à
Jondalar, il lui répondit que les lions des cavernes de cette région n’en
avaient pas. Lui-même avait été étonné par le lion des contrées de l’Est, qui
avait une crinière, tout en étant assez efflanqué.
Le ciel recelait aussi sa part de maraudeurs qui n’attendaient
que l’occasion de se poser. Vautours et aigles planaient au-dessus du carnage,
montant avec les courants chauds qui soutenaient leurs ailes déployées. Les
milans, les faucons, les gypaètes s’élevaient et piquaient, se battaient
parfois avec des corbeaux braillards. Il était plus facile aux rongeurs et aux
reptiles de s’approcher en se cachant des hommes, mais les prédateurs de
moindre taille devenaient souvent des proies. Finalement, tout serait nettoyé
par les plus petits d’entre eux : les insectes. Quelle que fût la
vigilance des gardes, chaque carnivore emporterait sa part avant que les Zelandonii
eussent fini de dépecer les aurochs ; bien que ce ne fût pas leur
principal objectif, ils parvinrent ainsi à se procurer quelques fourrures
particulièrement belles.
Une première chasse couronnée de succès était bon signe. Elle
annonçait une excellente année pour les Zelandonii et porterait chance aux
couples qui devaient s’unir. Les Matrimoniales seraient célébrées dès que la
viande aurait été apportée au camp et entreposée à l’abri.
Une fois l’excitation de la chasse retombée, les participants à
la Réunion d’Été reportèrent leur attention sur les cérémonies d’union. Ayla
contenait mal son impatience et se sentait nerveuse. Jondalar éprouvait la même
chose. Ils se surprirent à se regarder souvent, à échanger des regards presque
timides
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