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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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doigts. D’où
venaient-elles ? Il se souvint tout à coup qu’Ayla était revenue avec des
hermines le jour où elle avait ramené le louveteau à la hutte de terre.
Jondalar sourit en se rappelant l’émotion qu’elle avait causée. Mais ils avaient
discuté, s’étaient querellés – enfin, il avait discuté, c’était sa
faute –, et il était déjà installé à ce moment-là près du foyer à cuire.
Le soir, Ayla couchait au foyer de Ranec. Ils étaient presque promis, Ranec et
elle. Pourtant, elle avait consacré des heures, probablement des jours, à cette
superbe tunique blanche pour lui. L’aimait-elle tellement, même alors ?
    Les yeux de Jondalar s’embuèrent, il était au bord des larmes. C’était
lui qui avait traité Ayla avec froideur, il le savait. Il était jaloux, et
surtout il avait peur de ce que diraient sa famille et son peuple en apprenant
par qui elle avait été élevée. Alors même qu’il l’avait poussée dans les bras d’un
autre homme, elle avait passé de longues journées à coudre cette tunique pour
lui, puis elle l’avait portée pendant tout le chemin pour la lui remettre le
jour de leurs Matrimoniales. Pas étonnant qu’elle fût bouleversée et prête à
braver l’interdiction de le voir...
    Il examina de nouveau le vêtement, qui n’était même pas froissé.
Elle avait dû trouver un endroit où l’accrocher, et l’exposer à la vapeur après
leur arrivée. Il approcha la tunique de son corps, en éprouva la douceur et eut
presque l’impression de tenir Ayla contre lui, tant elle y avait mis d’elle-même.
Il aurait été heureux de la porter même si elle avait été moins belle.
    Mais elle était magnifique. Malgré toutes leurs décorations, les
habits qu’il avait choisis pour la cérémonie lui semblaient ternes en
comparaison. Jondalar portait bien les vêtements et il le savait. C’était une
de ses fiertés secrètes, une petite vanité qu’il tenait de sa mère, que nul ne
surpassait en élégance. Il se demanda si elle avait vu la tunique. Il en
doutait. Elle en aurait apprécié la subtilité étonnante, la touche parfaite
apportée par les queues d’hermine, et quelque chose dans son regard lui aurait
donné un indice sur le contenu du paquet.
    Jondalar leva les yeux quand Joharran entra dans la hutte.
    — Te voilà, fit le chef de la Neuvième Caverne. On dirait
que je passe ma journée à te chercher. On a besoin de toi pour... Qu’est-ce que
c’est ?
    — Ayla m’a fabriqué une tunique matrimoniale. C’est pour
cela que mère voulait me voir, pour me la remettre, expliqua Jondalar en
plaçant le vêtement devant lui.
    — Elle est exceptionnelle ! s’exclama son frère. Je ne
crois pas avoir jamais vu un cuir blanc aussi réussi ! Tu as toujours été
porté sur les beaux vêtements, mais là, tu vas faire sensation. Plus d’une
femme souhaitera être à la place d’Ayla. Et plus d’un homme ne verrait pas d’inconvénient
à prendre la tienne, y compris ton grand frère... s’il n’y avait Proleva, bien
sûr.
    — J’ai de la chance, reconnut Jondalar. Tu ne soupçonnes
pas à quel point.
    — Je vous souhaite à tous deux beaucoup de bonheur. Je n’ai
pas eu l’occasion de te le dire avant, mais il m’arrivait quelquefois de m’inquiéter
pour toi. En particulier après ce... problème que tu as eu, quand tu as dû
quitter la Caverne. A ton retour, les femmes ne t’ont pas manqué, mais je me
demandais si tu en trouverais une avec qui tu serais heureux. Tu aurais fini
par t’unir, j’en suis sûr, mais j’ignorais si tu connaîtrais le genre de
bonheur qu’apporte une bonne compagne, comme Proleva. Je n’ai jamais cru que
Marona était le genre de femme qui te convenait.
    Jondalar se sentit touché par les propos de son frère, qui
poursuivit :
    — Je sais qu’en principe je devrais plaisanter sur l’erreur
que tu commets en t’encombrant des responsabilités d’un foyer, mais en toute
sincérité je dois te dire que Proleva rend ma vie très heureuse, et que son
fils nous apporte une chaleur qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Sais-tu qu’elle
attend un autre enfant ?
    — Je l’ignorais. Ayla en attend un, elle aussi. Nos
compagnes auront des enfants du même âge, ils seront comme des cousins de
foyer, dit Jondalar avec un grand sourire.
    — Je suis certain que le fils de Proleva est le fruit de
mon esprit, et j’espère que celui qu’elle porte le sera aussi. Mais,

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