Les refuges de pierre
répartissaient dans plusieurs petites
constructions alors que les femmes, leurs amies et leurs parentes partageaient
une même hutte. Les exclamations et les rires qui s’en échappaient suscitaient
toujours la curiosité des hommes.
— Jondalar ! appela Joharran en s’approchant. Marthona
te demande. A la hutte de la Zelandonia, où sont les femmes.
Surpris, Jondalar se hâta d’aller voir ce que voulait sa mère.
Il frappa au poteau de l’entrée et, lorsque le rideau s’écarta, il ne put s’empêcher
de tordre le cou pour essayer de jeter un coup d’œil à l’intérieur, dans l’espoir
d’apercevoir Ayla, mais Marthona prit soin de refermer le rideau derrière elle.
Elle tenait dans les mains un paquet familier : celui qu’Ayla s’était
obstinée à porter pendant leur long Voyage. Il reconnut l’emballage de peaux
minces retenues par des cordes. Il avait souvent interrogé Ayla à ce sujet mais
elle s’était toujours dérobée à ses questions.
— Ayla insiste pour que je te donne ceci, dit Marthona en
lui mettant le paquet dans les mains. Tu sais que vous n’êtes pas censés avoir
de contacts l’un avec l’autre avant la cérémonie, même de manière indirecte,
mais Ayla dit qu’elle te l’aurait remis plus tôt si elle l’avait su. Elle était
bouleversée, quasiment en larmes, et prête à briser elle-même l’interdit si je
refusais de l’aider. Elle m’a chargée de te dire que c’est pour les
Matrimoniales.
— Merci, mère. Je...
Marthona referma le rideau avant que son fils pût ajouter un
mot. Il s’éloigna en examinant le paquet, le soupesa pour tenter de deviner ce
qu’il contenait. Il était mou et assez volumineux. Il ne comprenait pas
pourquoi elle avait tenu à l’emporter à tout prix alors qu’ils s’efforçaient de
limiter le nombre des sacs encombrants. Ayla l’avait-elle porté pendant tout le
Voyage pour le lui offrir le jour des Matrimoniales ? En ce cas, le paquet
était trop important pour être ouvert n’importe où, il fallait un endroit plus
intime.
Jondalar constata avec plaisir que la hutte était déserte quand
il y pénétra avec le mystérieux paquet. Il essaya maladroitement de dénouer la
corde, puis, les nœuds résistant à ses efforts, il finit par la couper avec son
couteau. Il défit plusieurs couches protectrices, regarda le contenu. C’était
blanc. Il le souleva, le tint en hauteur. C’était une splendide tunique de cuir
blanc, décorée uniquement de queues d’hermine au bout noir. Pour les
Matrimoniales, avait précisé Ayla. Elle lui avait cousu une tunique
matrimoniale ?
On lui avait proposé plusieurs tenues et il en avait choisi une
aux décorations complexes, dans le style zelandonii. Ce vêtement était
différent. La tunique blanche avait une coupe mamutoï, mais chez les Mamutoï
les habits étaient en général lourdement ornés de perles d’ivoire, de
coquillages et autres décorations. Celui-là n’avait que ces quelques queues d’hermine ;
il était remarquable par sa couleur, un blanc éclatant, et par sa simplicité,
puisque rien ne détournait l’attention de sa pureté.
Quand Ayla l’avait-elle fabriqué ? Ce ne pouvait être
pendant le Voyage. Elle n’aurait pas eu le temps, et d’ailleurs elle portait le
paquet depuis leur départ. Elle avait dû le faire en hiver, quand ils vivaient
chez les Mamutoï, avec le Camp du Lion. Mais c’était l’hiver où elle avait
promis de s’unir à Ranec... Jondalar tint la tunique devant lui : elle
était à sa taille, elle aurait été beaucoup trop grande pour Ranec, plus petit
et plus trapu.
Pourquoi lui avait-elle cousu une tunique, et une tunique aussi
belle, si elle avait l’intention de rester chez les Mamutoï et de vivre avec
Ranec ? Tout en réfléchissant, Jondalar pressa la tunique contre lui. Elle
était douce et souple. Le cuir d’Ayla avait toujours cette qualité, mais
combien de temps l’avait-elle travaillé pour lui donner cette douceur ? Et
la couleur ? Où avait-elle appris à faire du cuir blanc ? Avec
Nezzie, peut-être ? Il se souvint alors d’avoir vu Crozie, la vieille
femme du Foyer de la Grue, vêtue d’une tunique blanche lors d’une cérémonie où
tous les Mamutoï portaient leurs plus beaux habits. Ayla avait-elle appris avec
Crozie ? Il ne se rappelait pas l’avoir vue travailler du cuir blanc, mais
il n’avait peut-être pas été très attentif.
Il fit glisser les queues d’hermine entre ses
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