Les refuges de pierre
importe d’observer strictement cette journée d’isolement.
La doniate aux cheveux blancs était peut-être quasi paralysée
par l’arthrite mais cela n’affaiblissait en rien sa force de caractère, Ayla l’avait
déjà constaté.
Marthona se félicita d’avoir omis de révéler qu’elle avait remis
à Jondalar le paquet d’Ayla. La Zelandonia en aurait été contrariée. Les
doniates pouvaient se montrer intransigeants quant au respect des coutumes et à
la conduite à suivre pendant les cérémonies importantes, et si l’ancien chef de
la Neuvième Caverne les approuvait en général, elle estimait en privé qu’on
pouvait toujours faire une exception. Les chefs devaient apprendre à savoir
quand tenir bon et quand céder un peu.
— On ne pourrait pas en parler à quelqu’un qui n’a rien à
voir avec la cérémonie ? dit Ayla.
— Tu connais quelqu’un qui n’a aucun lien de parenté ni
avec toi ni avec ton promis ? demanda la Quatorzième.
La jeune femme réfléchit.
— Lanidar, peut-être ? Marthona, est-ce qu’il est
apparenté à Jondalar ?
— Non... Non, il ne l’est pas. Je sais que je ne le suis
pas, et Dalanar m’a confié ce matin, pendant que la famille de Lanidar nous
rendait visite, qu’il avait été choisi pour les Premiers Rites de la grand-mère
du garçon. Donc pas de lien de ce côté-là non plus.
— C’est vrai, confirma la Dix-Neuvième. Je me souviens que
Denoda avait été... subjuguée par Dalanar. Il lui a fallu du temps pour s’en
remettre. Il avait su régler le problème en faisant preuve de tact et de
considération, tout en gardant ses distances. J’ai été très impressionnée.
— Toujours, murmura Marthona.
Elle acheva la phrase pour elle en songeant que Dalanar
témoignait toujours la plus grande correction. La Dix-Neuvième releva :
— Toujours quoi ? Plein de tact et de
considération ? Impressionnant ?
— Les trois, répondit Marthona avec un sourire.
— Et Jondalar est l’enfant de son foyer, dit la Première.
— Oui, reconnut Marthona, encore qu’ils soient différents.
Le garçon n’a pas tout à fait le tact de l’homme, mais plus de cœur, peut-être.
— Quel que soit l’homme, l’enfant a toujours quelque chose
de la mère, fit observer Celle Qui Était la Première.
Ayla écoutait la conversation avec intérêt, surtout depuis que
le nom de Jondalar avait été mentionné, et décelait dans les voix et les
attitudes corporelles plus que les mots ne disaient. Elle comprit que les
commentaires de la Dix-Neuvième sur Denoda n’étaient guère élogieux et sentit
que la vieille Zelandoni avait été elle aussi très attirée par Dalanar. Il
était également sous-entendu que le fils de Marthona n’avait pas toujours
montré la même délicatesse que l’homme de son foyer : toutes étaient au
courant de ses erreurs de jeunesse, naturellement. Marthona percevait les
sentiments de la vieille doniate à l’égard des deux hommes ; elle lui
avait fait savoir qu’elle connaissait Dalanar mieux qu’elle et qu’il l’impressionnait
moins.
La Première avait signifié qu’elle aussi connaissait les deux
hommes et que Jondalar possédait les mêmes qualités que Dalanar. Elle avait en
outre rendu implicitement hommage à Marthona en rappelant que l’esprit de
Dalanar et la Mère l’avaient choisie pour donner vie à l’enfant du foyer de
Dalanar. Ayla commençait à se rendre compte qu’une femme choisie pour avoir des
enfants de l’esprit de l’homme dont elle était la compagne était tenue en haute
estime. Marthona avait fait comprendre aux Zelandonia, en particulier à celle
de la Dix-Neuvième Caverne, que, si son fils n’avait pas toutes les qualités de
Dalanar, il en possédait d’autres, peut-être meilleures. Non seulement la Première
l’avait approuvée mais elle avait déclaré que ces meilleures qualités lui
venaient de sa mère. A l’évidence, l’ancien chef et la Zelandoni de la Neuvième
Caverne étaient très proches et éprouvaient un grand respect mutuel.
— Quelqu’un pourrait-il aller chercher Lanidar pour que je
lui demande de parler à Jondalar ? s’enquit Ayla.
— Non, tu ne peux pas le lui demander, dit Marthona. Mais
je le ferai...
Elle regarda la Zelandonia assemblée dans la hutte qui était
devenue celle des femmes se préparant à leur union et ajouta :
— Si quelqu’un va le chercher.
— Bien sûr, acquiesça la Première.
Elle fit
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