Les refuges de pierre
même
lorsqu’ils ne le sont pas, les enfants du foyer d’un homme lui donnent un
bonheur difficile à décrire. Regarder Jaradal m’emplit de fierté et de joie.
Les deux hommes se pressèrent mutuellement les épaules.
— Toutes ces déclarations de mon grand frère ! s’écria
Jondalar en souriant. (Son expression devint plus sérieuse.) Je dois t’avouer
que j’ai souvent envié ton bonheur, Joharran, avant même mon départ, avant qu’il
n’y ait d’enfant dans ton foyer. Je savais déjà que Proleva serait une bonne
compagne pour toi. Elle a fait de ton foyer un lieu chaleureux, accueillant.
Et, depuis mon retour, j’ai appris à aimer son fils. Jaradal te ressemble.
— Tu ferais bien de partir, Jondalar. On m’a demandé de te
dire de te dépêcher.
Jondalar replia la tunique blanche, l’enveloppa dans son
emballage de peaux, la posa avec soin sur ses fourrures de couchage puis sortit
avec son frère. Par-dessus son épaule, il jeta un dernier coup d’œil au paquet,
impatient qu’il était d’essayer la tunique blanche, la tunique qu’il porterait
pour s’unir à Ayla.
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— J’ignorais que je ne pourrais pas sortir de cette hutte,
sinon j’aurais pris des dispositions, dit Ayla. Il faut que je voie les
chevaux, et Loup doit pouvoir aller et venir à sa guise. Il devient nerveux
quand il ne peut pas s’assurer que je vais bien.
— Cette question ne s’est jamais posée, répondit Zelandoni
de la Quatorzième Caverne. Tu es censée rester enfermée toute la journée avant
la cérémonie d’union. Les Histoires parlent d’une époque où les femmes devaient
rester enfermées toute une lune !
— C’était il y a fort longtemps, quand les unions se
déroulaient souvent en hiver, avant qu’elles ne soient célébrées toutes
ensemble aux Matrimoniales, argua la Première. Il y avait moins de Zelandonii,
à cette époque, et ils ne se rassemblaient pas comme nous aujourd’hui. Qu’une
seule Caverne interdise à une ou deux femmes de sortir pendant une lune en
plein hiver, c’est une chose, mais qu’un grand nombre d’entre elles ne puissent
prendre part aux chasses et aux cueillettes durant une période aussi longue
pendant une Réunion d’Été, c’est différent. Nous n’aurions pas encore fini de
dépecer les aurochs si les femmes sur le point de s’unir ne nous avaient pas
aidés.
— Peut-être, convint la doniate plus âgée. Mais une
journée, ce ne devrait pas être trop.
— En principe, non, admit la Première. Toutefois, les
animaux donnent lieu à une situation exceptionnelle. Je suis sûre que nous
trouverons une solution.
— Voyez-vous un inconvénient à ce que le loup puisse entrer
et sortir quand il veut ? s’enquit Marthona. Apparemment, cela ne dérange
pas les femmes. Il suffirait de laisser la partie inférieure du rideau non
attachée.
— Cela ne devrait gêner personne, répondit Zelandoni de la
Quatorzième Caverne.
La Quatorzième avait été agréablement surprise lors de sa
première rencontre avec le chasseur quadrupède. Il lui avait léché la main,
avait semblé se prendre d’amitié pour elle, et elle aimait caresser la fourrure
de cet animal vivant. Interrogée, Ayla avait raconté comment elle avait
recueilli le bébé loup et sauvé la petite pouliche des hyènes. Elle avait
souligné que, s’ils étaient assez jeunes lorsqu’on les trouvait, beaucoup d’animaux
pouvaient sans doute devenir amis avec les êtres humains. La Quatorzième avait
remarqué l’attention et le prestige que Loup valait à l’étrangère et se
demandait s’il lui serait difficile de se lier d’amitié avec un animal, un plus
petit, peut-être. Peu importait la taille, tout animal demeurant volontairement
auprès d’une personne retiendrait l’attention.
— Alors, il ne reste que la question des chevaux, conclut
Marthona. Jondalar ne pourrait-il s’en occuper ?
— Bien sûr que si, répondit Ayla, mais il faut que je le
lui demande. Depuis notre arrivée, c’est moi qui me charge d’eux, parce qu’il
est pris par ailleurs.
— Elle n’a pas le droit de lui parler, rappela la
Quatorzième. Elle ne peut rien lui dire !
— Quelqu’un d’autre peut s’en charger pour elle, suggéra
Marthona.
— Ni un parent ni quiconque ayant un rapport avec la
cérémonie, rappela la Zelandoni de la Dix-Neuvième Caverne. La Quatorzième a
raison et, du fait même que les femmes ne restent plus confinées aussi
longtemps, il
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