Les refuges de pierre
elle me permettait de rester quelque temps parmi eux. Elle
était toujours gentille. Jondalar aussi, mais uniquement parce qu’il avait
pitié de moi, parce que je n’avais pas une mère comme la sienne. Maintenant, il
est uni à une mère, une femme dorée comme Bali, le fils de Doni, une femme aux
seins magnifiques qui sera bientôt mère.
Ayla avait été heureuse de le voir s’approcher d’elle avec sa
torche pour la conduire hors de la grotte ; elle avait déclaré que s’il n’y
avait pas eu Jondalar, elle l’aurait envisagé, lui, comme compagnon, mais ce n’était
pas sincère. Quand Jondalar était arrivé, elle avait montré qu’elle le
considérait, lui, Brukeval, comme tout aussi Tête Plate que celui qui venait de
chez les Lanzadonii. Je ne comprends pas que Dalanar ait pu laisser cette
créature ne serait-ce que poser les yeux sur la fille de sa compagne, encore
moins s’unir à elle, pensait-il. C’est une abomination, moitié animal, moitié
homme. Cela ne devrait pas être permis. Quelqu’un devrait l’empêcher.
Moi, peut-être. Ayla réfléchirait, elle comprendrait que j’ai
raison d’intervenir. Elle m’en apprécierait peut-être davantage. Je me demande
si elle m’envisagerait vraiment comme compagnon s’il arrivait quelque chose,
si, un jour, Jondalar n’était plus là...
32
Levela et Jondecam agitèrent leurs mains liées en signe de
bienvenue quand Ayla et Jondalar rejoignirent les autres couples déjà unis.
— Elle a bien annoncé que tu avais déjà été honorée,
Ayla ? s’écria Levela en s’avançant à sa rencontre. Trop émue pour parler,
Ayla acquiesça d’un hochement de tête.
— Oh, Ayla ! C’est merveilleux ! Pourquoi est-ce
que tu ne me l’avais pas dit ? Jondalar le savait ? Quelle chance tu
as ! débita précipitamment Levela sans laisser à Ayla le temps de
répondre.
Oubliant la main à laquelle elle était attachée, elle voulut
prendre Ayla dans ses bras et son geste fut arrêté par la lanière passée au
poignet de Jondecam. Tous les quatre éclatèrent de rire et Levela finit par
enlacer les épaules d’Ayla d’un seul bras.
— Ta tunique est superbe, poursuivit-elle. Je n’ai jamais
rien vu d’aussi beau. Elle a tellement de perles que, par endroits, on dirait
qu’elle est faite uniquement d’ivoire et d’ambre. En plus, le cuir est d’un
jaune parfaitement assorti. J’aime la façon dont tu la portes, ouverte comme
ça, surtout que tu vas bientôt être mère. Elle doit être lourde, quand même. Où
l’as-tu trouvée ?
L’enthousiasme de Levela fit sourire Ayla.
— Elle vient de loin. Nezzie me l’a offerte quand elle
pensait que j’allais m’unir à un Mamutoï. Elle m’a expliqué comment la porter.
Elle était la compagne du chef du Camp du Lion. Quand j’ai décidé de partir
avec Jondalar, elle m’a dit de prendre quand même la tunique et de la porter
quand je m’unirais à lui. Elle l’aimait bien, tous l’aimaient bien. Ils
voulaient qu’il reste et devienne mamutoï, mais il a répondu qu’il devait
retourner chez lui. Je comprends pourquoi.
Quelques Zelandonii s’étaient approchés pour écouter et pouvoir
rapporter aux autres ce que l’étrangère disait de ses vêtements richement
ornés.
— Jondalar est magnifique, lui aussi, reprit Levela. Ta
tenue est en raison des perles, des décorations. Celle de Jondalar est
époustouflante uniquement grâce à se couleur. Contraste parfait.
— C’est vrai, dit Jondecam. Nous portons tous nos plus
beaux vêtements, en général très décorés, précisa-t-il en montrant sa tenue.
Rien de comparable aux tiens, cependant, Ayla. Mais quand Jondalar est apparu
avec sa tunique, tout le monde l’a remarqué. L’élégance pure et simple. Je sais
comment ça se passe : toutes les femmes voudront une tenue comme la
tienne, tous les hommes voudront quelque chose de blanc comme sa tunique.
Quelqu’un te l’a donnée, Jondalar ?
— Ayla.
— Ayla ! C’est toi qui l’as faite ? s’étonna
Levela.
— Une femme mamutoï m’a montré comment obtenir un cuir
blanc.
Le petit groupe qui les entourait se tourna vers le doniate qui
avait succédé à Zelandoni.
— Nous ferions mieux d’arrêter de parler, ils se préparent,
murmura Levela.
Quand ils eurent fait silence pour que la cérémonie du couple
suivant puisse commencer, Ayla se demanda pourquoi le rituel de l’union
exigeait que l’on noue autour des poignets cette
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