Les refuges de pierre
inclina la tête comme s’il entendait ou sentait
quelque chose, se redressa et leva les yeux vers Ayla.
— Va, lui dit-elle en faisant le signe qui le libérait. Va,
si tu le veux.
Il partit en courant, se faufilant entre des Zelandonii éberlués.
La cérémonie suivante unissait non pas deux mais trois
personnes. Un homme prenait pour compagnes des jumelles. Elles refusaient de se
séparer, et il n’était pas rare que des jumelles, ou simplement des sœurs très
proches, deviennent co-compagnes, bien qu’un jeune homme pût avoir des
difficultés à nourrir deux femmes et leurs enfants. En l’occurrence, l’homme
était âgé, bien établi, jouissait d’une excellente réputation et d’un rang
élevé. Malgré tout, il y avait de fortes chances pour que le trio fût un jour
augmenté d’un deuxième homme.
Lorsque la fin approcha, les inévitables répétitions
commencèrent à ennuyer l’assistance, surtout quand la cérémonie concernait
quelqu’un que l’on ne connaissait pas. Le dernier couple fit cependant renaître
son intérêt. Lorsque Joplaya et Echozar s’avancèrent, les Zelandonii eurent un
hoquet de stupeur.
Ils découvraient une femme grande et mince au charme exotique,
avec une chevelure noire et une beauté éthérée, difficile à décrire. L’homme
qui l’accompagnait n’aurait pu être plus différent. Légèrement plus petit, il
avait des traits accusés et singuliers que la plupart des Zelandonii jugeaient
affreux. Ses arcades sourcilières épaisses, encore accentuées par des sourcils
broussailleux, saillaient comme une corniche au-dessus de ses yeux sombres, profondément
enfoncés. Il avait le nez proéminent, en partie parce que son visage long et
large se projetait en avant, en partie parce que ce nez lui-même, nettement
dessiné, en forme de bec d’aigle mais moins étroit, était énorme, proportionné
aux dimensions de la figure. Comme beaucoup d’hommes, il se laissait pousser la
barbe en hiver pour garder son visage au chaud et la rasait en été. Il venait
sans doute de le faire, révélant une mâchoire puissante et une absence presque
totale de menton.
Le visage d’Echozar était celui d’un homme du Clan, le front mis
à part. Il n’avait pas le front fuyant, il n’était pas un Tête Plate. Au-dessus
de ses arcades sourcilières protubérantes, son front s’élevait droit comme
celui de n’importe quel homme de l’assistance. Alors que les membres du Clan
étaient plutôt petits, il était aussi grand qu’un bon nombre d’hommes présents,
mais avec la charpente robuste, la poitrine taurine typiques du Clan. Comme les
leurs, ses jambes étaient courtes en proportion du torse, légèrement torses et
aussi musclées que ses bras. Sa puissance physique ne faisait aucun doute.
Il ne faisait aucun doute non plus qu’il était un esprit mêlé,
une abomination, mi-homme, mi-animal. Certains estimaient qu’on n’aurait pas dû
l’autoriser à s’unir à la femme qui se tenait près de lui. Si exotique qu’elle
parût, elle était indéniablement humaine, elle n’était pas de ces animaux à la
tête aplatie. Les Zelandonii ne devaient ni encourager ni reconnaître une telle
union.
Puisque les Lanzadonii n’avaient pas encore de doniate, Celle
Qui Était la Première s’avança de nouveau. Elle était non seulement la Première
mais Zelandoni de la Neuvième Caverne, celle à laquelle Dalanar avait appartenu
autrefois. Il avait gardé avec la Neuvième des liens plus forts qu’avec toute
autre Caverne, et Joplaya était la fille de son foyer.
En prenant place devant la foule, Zelandoni songea en se
souriant à elle-même qu’Echozar avait l’air si vigoureux que peu d’hommes se
risqueraient à l’affronter en combat singulier. Puisque c’était le dernier
couple à s’unir, elle pensait déjà aux concours. Elle se dit aussi que le
moment serait opportun, tout de suite après la dernière union, pour annoncer
que la Première Acolyte de la Deuxième Caverne des Zelandonii avait été appelée
et, après examen, jugée digne de devenir Zelandoni. Cette femme avait décidé de
rentrer avec Dalanar et sa Caverne pour être la Première Lanzadoni à Servir la
Grande Terre Mère, un bon choix, un bon point de départ pour elle.
La doniate regarda le groupe qui s’était formé derrière le
couple. Dalanar se tenait au premier rang, plein de fierté. C’était étonnant
comme Jondalar lui ressemblait, mais la Première notait
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