Les reliques sacrées d'Hitler
dâart pillées.
« Pensez-vous que nos propres hommes sont impliqués dans la disparition des trésors ? » demanda Horn.
Hammond reconnut que ce nâétait pas impossible. Si les rapports de Tucker et de Standen étaient exacts, des millions de dollars en tableaux, bijoux, tapis et Åuvres dâart avaient disparu pendant lâinvasion et lâoccupation alliée pour réapparaître sur le marché noir. Les joyaux de la Couronne impériale valaient une fortune.
Horn frémit à lâidée que ces trésors inestimables puissent être dépouillés de leurs pierres précieuses ou, pire encore, quâun sceptre de cinq cents ans soit fondu pour le métal. Hélas, de tels crimes sâétaient déjà produits. Le marché noir prospérait à travers toute lâAllemagne occupée. Les gens faisaient ce quâils pouvaient pour survivre et les officiers des troupes dâoccupation comme les GI ne se faisaient pas prier pour regarder ailleurs en échange dâune part des bénéfices. Dans un rapport des renseignements du G-2, Horn avait lu quâune collection inestimable dâart médiéval et de manuscrits avait disparu dâun monastère autrichien et se trouvait aux mains dâun officier supérieur dâoccupation de lâarmée américaine. Un autre fonctionnaire américain avait été appréhendé en train dâenvoyer lâargenterie dâHitler ainsi quâun pistolet plaqué or à ses parents à Brooklyn.
« Des indices ? » demanda Horn.
Le commandant déclara quâil ne sâagissait pour lâinstant que de rumeurs. Le docteur Troche et le capitaine Thompson aussi étaient persuadés que les nazis avaient eux-mêmes retiré ou volé les cinq objets avant que lâarmée américaine ne prenne possession de lâendroit. Ils avaient des pistes, mais nâavaient pas beaucoup progressé pour lâinstant.
Hammond se dirigea vers la fenêtre de son bureau et invita le lieutenant à le rejoindre. De lâendroit où ils se tenaient, on surplombait la cour devant le bureau du général Eisenhower. Là , au milieu dâun bassin, se trouvait la fameuse nymphe du sculpteur Fritz Klimsch. Dans un tout autre cadre, ce chef-dâÅuvre Art déco aurait constitué une délicieuse scène pastorale, mais lâarchitecture nazie, le nuage de poussière beige montant partout des ruines et les rangées de cheminées sur les immeubles sans toits visibles au loin gâchaient lâensemble.
Hammond rappela à Horn ce quâil avait écrit dans son rapport : les joyaux de la Couronne étaient le trésor le plus précieux de toute lâEurope. Patton voulait donc que les objets manquants, où quâils soient, et quels que soient ceux qui les auraient pris, reviennent dans la collection. Eisenhower voulait aussi que lâaffaire soit résolue le plus vite possible. Câest pourquoi il avait chargé Hammond de confier à Horn une unité dâenquête spéciale de la MFAA, qui, pour lâinstant, serait composée uniquement de Horn.
Le commandant donna à Horn des ordres de mission qui incluaient des bons de voyage, des coupons de nourriture, des accréditations MFAA et lâautorisation de disposer dâune jeep et dâun chauffeur détaché du pool automobile de lâUSFET. Comme les ordres précédents quâavait reçus Horn, ceux-ci provenaient du bureau du commandant suprême des forces alliées, mais, cette fois, ils nâavaient pas été tamponnés. Ils portaient la signature dâEisenhower avec son écriture caractéristique à la fois énergique et fluide.
Horn était flatté tout autant quâenchanté. Il tenait enfin sa chance dâallier ses compétences dâenquêteur avec ses connaissances en histoire de lâart. Et, en tant que nouveau membre de lâéquipe de la MFAA, il se retrouverait aussi en très bonne compagnie. James Rorimer, lâadjoint principal de Hammond en Bavière, venait du Metropolitan Museum de New York. Charles Parkhurst, un adjoint de la MFAA, était détaché par la National Gallery de Washington, et Harry Grier, un autre membre de lâéquipe de Hammond,
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