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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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incapable de faire deux pas, répondit le
garçon en chassant cette pensée. Par ailleurs, il y a des milliers de soldats
maures cantonnés ici, où irais-tu ? Garde le silence pendant que je
t’examine.
    La blessure semblait assez profonde. Avait-elle atteint les
poumons ? Que connaissait-il ? Il l’examina à nouveau ; il
procéda de même ensuite avec le visage du cavalier. Il n’avait pas craché de
sang. Et après ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Sa seule certitude,
c’était que si l’homme mourait, Hernando mourrait après lui. Il l’avait senti à
l’attitude de Barrax, très différente de celle qu’il avait lorsqu’il lui tournait
autour, et semblable désormais à celle qu’il adoptait quand il s’adressait à
Ubaid ou à n’importe lequel de ses hommes. Le corsaire, comme la plupart des
Arabes et des janissaires, était préoccupé par la marche de la guerre. Et s’il
ne mourait pas… il serait galérien à vie sur Le Cheval Rapide. Qui
paierait un seul maravédis de rançon pour un chrétien qui était en réalité
musulman ? Il toucha le front du noble : il était brûlant ; la
blessure s’était infectée. C’était pareil avec les mules. Il devait stopper
l’infection et l’hémorragie. Les probables blessures internes du corps…
    Il lui fallait des cornes. Il appela Yusuf.
    — Dis au corsaire que j’ai besoin de cornes, de
préférence de cerf, d’un maillet, d’une casserole et de tout ce qu’il faut pour
faire du feu…
    — Où trouver des cornes ? l’interrompit le
garçonnet.
    — Auprès des arquebusiers. Beaucoup d’entre eux gardent
la poudre fine de leur bassinet dans des cornes. Il me faudra aussi une plaque
de cuivre, des bandages, de l’eau fraîche et des chiffons. Vite !
    Hernando se mit à triturer à coups de maillet le bout d’une
des trois cornes que lui rapporta Yusuf.
    — Barrax m’a demandé de rester près de toi et de
t’aider, lui dit le jeune garçon lorsque Hernando se tourna vers lui.
    — Alors, continue avec les cornes. Tu dois pulvériser
leurs pointes.
    Yusuf se mit à donner des coups de maillet pendant
qu’Hernando déshabillait le cavalier, à demi conscient. Il lava sa blessure à
l’eau fraîche avant d’étendre sur son front des chiffons mouillés. Puis, une
fois que Yusuf eut terminé de broyer les pointes des cornes, il fit cuire la
poudre dans la casserole et en appliqua les cendres sur la blessure. Le
cavalier gémit. Hernando couvrit la plaie de cendres au moyen de la plaque de
cuivre et appliqua un bandage.
    À quel Dieu devait-il se recommander à partir de
maintenant ?
     
    Brahim était fou de Fatima. Il ne lui permettait pas de
quitter la hutte qu’il avait donné l’ordre d’élever pour eux deux dans le camp,
et il manquait même à ses obligations envers le roi afin de rester auprès
d’elle ; Aisha, ses fils et Humam trouvaient refuge sous des branchages à
côté de la cabane. Lorsque Brahim se présentait devant elle, Fatima se montrait
indifférente. Le muletier la frappait, furieux face à son mépris, et elle se soumettait.
Il l’obligeait à le caresser jusqu’à ce qu’il atteigne l’orgasme mais, dans ses
grands yeux noirs fendus, il ne voyait que du dédain. Elle obéissait. Elle se
donnait à lui et, chaque fois que le muletier n’obtenait rien de plus que la
passivité de son corps, la jeune fille satisfaisait une petite vengeance,
compensation qui cependant s’évanouissait lentement à mesure que passaient les
jours sans fin où elle était recluse dans la hutte.
    Un soir, Brahim se présenta avec Humam en larmes. Il tenait
le petit de la main droite, comme s’il s’agissait d’un paquet.
    — Si tu ne changes pas d’attitude, je le tuerai, la
menaça-t-il.
    À partir de cette nuit, Humam toujours à ses côtés pour
qu’elle n’oublie pas ce qui arriverait à son bébé si elle ne contentait pas son
époux, Fatima sortit tout ce qu’elle avait appris de sa mère et des autres
Mauresques sur l’art de l’amour, tâchant de se souvenir de ce qui plaisait à
Brahim et des commentaires qu’échangeaient les femmes sur les moyens de
conduire leurs hommes à l’extase. À plusieurs reprises elle simula le plaisir
qu’elle lui avait refusé jusqu’alors. Puis Brahim la laissait, emportant Humam
avec lui. La plupart du temps qu’elle passait dans la cabane, seule, elle
l’employait à observer Aisha et son fils à travers les fentes de la hutte,
pleurant et

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