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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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qu’elle maintenait à moitié fermé.
    Les hommes du marquis préparaient les chevaux et l’activité
dans le patio était considérable.
    — Tu es Shamir, n’est-ce pas ? avait demandé
Brahim en s’approchant de son fils.
    Aisha avait perçu chez son époux un soupçon de tendresse.
L’enfant, le regard perdu, avait laissé le corsaire lui toucher la tête. Il
ignorait qui était Brahim. Pour lui, comme le lui avaient toujours affirmé
Aisha et Fatima, son père était mort dans les Alpujarras.
    — Tu sais qui je suis ?
    Shamir avait hoché négativement la tête et Brahim avait
transpercé Aisha du regard.
    — Femme, lui avait-il dit, tu as de la chance que j’aie
besoin de toi pour le message dont je t’ai chargée hier ; sinon je te
tuerais à l’instant même.
    Puis il avait relevé le visage de Shamir en le tenant par le
menton, jusqu’à ce que les yeux de l’enfant se posent sur lui.
    — Écoute-moi bien, mon garçon : je suis ton père
et tu es mon seul fils.
    À ces mots, Francisco, piqué par la curiosité, s’était
avancé vers Shamir.
    — Va-t’en ! avait craché Brahim, repoussant de son
moignon l’enfant qui tomba par terre.
    — Ne le touche pas ! avait bondi Shamir.
    Et, se libérant de la main de Brahim, il s’était élancé sur
ce dernier.
    Brahim avait éclaté de rire devant les coups que l’enfant
lui donnait dans le ventre. Il l’avait laissé faire un moment avant d’en finir
par une gifle. Shamir avait atterri à côté de Francisco.
    — J’aime ton caractère, avait dit Brahim amusé. Mais
tant que tu t’emploieras à défendre le fils du nazaréen, avait-il ajouté comme
s’il allait cracher sur Francisco, tu encourras le même sort que lui. Quant à
elle, avait-il ajouté en direction d’Inès, elle servira d’esclave à mes deux
filles. Et le jour où le nazaréen se présentera à Tétouan…
    Seule sur le chemin de Cordoue, traînant les pieds, Aisha
éprouva de nouveau dans tout son corps le même frisson que dans le patio au
souvenir de cette phrase que Brahim avait laissée en suspens : le jour où
le nazaréen se présenterait à Tétouan… Fatima aussi avait frémi sous sa
couverture. Les deux femmes avaient échangé ce qui allait être,
pressentaient-elles, leur dernier regard, et Aisha avait perçu la même
supplique que la veille : « Ne lui dis rien ! Il le
tuera ! »
    Il le tuera ! C’est pleine de cette certitude qu’Aisha
arriva à Cordoue, par la porte du Colodro. Mais cette fois, à la différence de
ce qui s’était passé des années plus tôt, quand elle avait effectué le même
trajet avec Shamir dans les bras, après que Brahim l’eut obligée à le suivre
dans la montagne, elle réussit à tromper la vigilance des alguazils. Elle
franchit la porte en cachette, comme une âme en peine, les pieds ensanglantés,
vêtue de sa seule chemise de nuit. Elle se rendit calle de los Barberos, où
elle trembla à la vue de la porte du vestibule et de la grille en fer forgé qui
donnait sur le patio, toutes deux grandes ouvertes. Le volet de la fenêtre d’un
balcon se referma soudain, alors qu’il faisait jour, et l’une de ses voisines,
deux maisons plus loin, qui à ce moment-là s’apprêtait à sortir, se jeta en
arrière et rentra chez elle. Quand Aisha pénétra dans sa maison, elle comprit
pourquoi : ses voisins chrétiens l’avaient pillée pendant la nuit. Il ne
restait rien à l’intérieur, pas même les pots de fleurs ! Aisha regarda la
fontaine : ils ne pouvaient pas avoir volé l’eau quand même ! Puis
elle tourna les yeux vers l’endroit où, sous une dalle, ils cachaient leurs
économies. La petite dalle avait été soulevée. Elle examina la suivante :
elle était à sa place. Hernando avait eu raison. Un sourire mélancolique
apparut sur ses lèvres au souvenir des paroles de son fils.
    — Sous celle-ci nous dissimulerons notre argent.
    Il avait alors disposé la petite dalle de façon à ce que
n’importe quel observateur un peu attentif remarque qu’elle avait été déplacée.
Sous la dalle voisine, bien fixée, il avait caché le Coran et la main de
Fatima.
    — Si un voleur entre ici, avait-il affirmé, il trouvera
l’argent, mais il aura du mal à imaginer que sous cette dalle-là, si près, se
cache un autre trésor, notre véritable trésor.
    Hernando pensait alors à l’Inquisition ou à la justice
cordouane. Il n’avait jamais songé à ses voisins.
     
    — Que

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