Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
l’avait
conservé pour le donner à Hernando. Puis elle y avait renoncé, afin de ne pas
l’attrister davantage. Elle s’agenouilla près des restes d’Ubaid et attacha le
voile autour de son cou. Elle se leva et examina de nouveau les environs :
seul le bourdonnement des insectes qui s’élançaient à présent sur le corps du
monfí troublait le silence. Le plus important restait encore à faire. Le chemin
de las Ventas était proche. Elle saisit le cadavre sous les aisselles et se mit
à le tirer derrière elle. Elle décida de passer par le canal qui menait au chemin.
Le cœur du bandit tomba par terre. Aisha mit un bon moment à accomplir sa
tâche : à chaque pas, elle devait marquer une pause et vérifier que
personne ne maraudait dans le coin. Mais elle finit par réussir. Dans un
dernier effort elle le traîna jusqu’au bord du chemin. Quand elle le lâcha,
elle sentit de terribles élancements de douleur dans tous ses muscles. Elle
laissa échapper une larme devant le voile noué au cou du monfí et se cacha à
une certaine distance, derrière des arbres, attendant que quelqu’un découvre le
cadavre. Lorsque la chaleur commença à faiblir, Aisha vit un groupe de
marchands s’arrêter a côté d’Ubaid. Alors elle sortit d’entre les arbres et
rentra à Cordoue.
    — Il paraît qu’on a trouvé le cadavre du Manchot de la
Sierra Morena, Ubaid, sur le chemin de las Ventas, près de l’auberge du Montón
de la Tierra, dit-elle à l’un des gardes de la porte du Colodro. Vous êtes au
courant ?
    L’homme ne s’abaissa pas à répondre à une Mauresque, mais
Aisha esquissa une triste moue en le voyant courir à la recherche de son
sergent. Quelques instants plus tard, plusieurs soldats partaient au galop en
direction de l’auberge.
     
    Hernando fut étonné par la foule qui s’entassait autour de
la porte du Colodro. Il hésita même à emprunter cet accès : que lui
importait ce qui se passait ? Il venait de vivre une nouvelle journée
infructueuse de cris, de menaces et d’insultes au néant entre les sommets de la
montagne. Il avait même dû fuir lorsqu’il avait croisé les dogues d’un groupe
de chasseurs qui poursuivaient un ours. Il éperonna Azirat vers les gens et,
tandis qu’il approchait, il distingua parmi eux un grand nombre de gardes et de
soldats, ainsi que des nobles richement vêtus ; il lui sembla même
reconnaître le corregidor.
    Il s’apprêtait à laisser le gros de la foule et à se frayer
un passage entre les curieux qui se tenaient le plus à l’écart afin de franchir
la porte quand, de son cheval, par-dessus la tête des autres, il entrevit le
cadavre d’un homme attaché à un bâton planté dans le sol, à la façon dont la
sainte Confrérie exécutait les bandits qu’elle capturait hors de la ville. Un
frisson parcourut sa colonne vertébrale. Ce cadavre… était manchot. Il n’eut
pas besoin de s’approcher davantage, juste de plisser les yeux et de respirer
fortement. Ubaid !
    Il tira sur les rênes d’Azirat et, sans prêter attention aux
gens qui se demandaient s’il s’agissait bien du terrible monfí de la Sierra
Morena, le regard cloué sur le muletier de Narila, il se dirigea vers le poste.
    — Et où crois-tu aller à cheval ? l’arrêta un
soldat, alors qu’hommes et femmes étaient forcés de s’écarter de sa route
aveugle.
    Hernando mit pied à terre et confia les rênes au soldat, qui
les prit avec perplexité. Il avança, à présent parmi les nobles et les
marchands, jusqu’au cadavre d’Ubaid. La Confrérie, encore dans le doute quant à
son identité, l’avait criblé de flèches, bien que déjà mort.
    Soudain, les gens le laissèrent passer. Don Diego López de
Haro, présent, leur avait demandé, d’un geste de la main, de s’écarter.
    — C’est le monfí ? demanda-t-il au jeune homme en
s’approchant de lui. Tu le connaissais. C’est bien l’assassin de ta femme et de
tes enfants ?
    Hernando acquiesça en silence.
    Un murmure courut dans la foule.
    — Il ne pourra plus commettre de crime maintenant,
affirma le chef de la Confrérie.
    Hernando demeurait silencieux, le regard rivé sur le voile
de Fatima qui entourait le cou du bandit.
    — Rentre chez toi, mon garçon, lui conseilla l’écuyer
royal. Repose-toi.
    — Ce voile, parvint à articuler Hernando. C’était…
celui de mon épouse.
    Le chef de la Confrérie en personne détacha avec précaution
le fin tissu et le remit à

Weitere Kostenlose Bücher