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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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les
femmes, s’arrachant les cheveux, criaient, se lacéraient la poitrine et les
joues jusqu’au sang. Ces rites funéraires s’étaient poursuivis pendant sept
jours.
     
    Le vieux juif leva le regard et croisa celui de Fatima. Tous
deux savaient que la confession qu’elle venait de prononcer ne serait jamais
répétée, nulle part. Il avait appris depuis longtemps à voir, à écouter et à se
taire. Son peuple avait survécu et s’était enrichi grâce à la vertu de la
discrétion. Surtout quand cette discrétion était très bien récompensée.
    — Madame…, murmura-t-il en lui montrant la feuille
encore blanche.
    Fatima soupira. Oui… L’heure était venue. D’une voix ferme,
elle recommença à dicter :
    — Époux aimé. Que la paix et la bénédiction de
l’Indulgent et de Celui qui juge avec vérité soient avec toi.

 
54.
    « Dieu souffla et ils furent dispersés. »
     
    Insigne royale d’Isabelle I re d’Angleterre
     
    Après deux mois passés dans le port de La Coruña, et en
dépit de plusieurs négociations de paix et de réunions au cours desquelles
l’entreprise avait été déconseillée, la Grande Armada leva définitivement
l’ancre à la conquête de l’Angleterre sous le commandement du duc de Medina
Sidonia, qui avait repris le poste du marquis de Santa Cruz après le décès
brutal de ce dernier.
    Don Alfonso de Córdoba et son fils aîné, flanqués de vingt
serviteurs parmi lesquels se trouvait le valet de chambre José Caro, et de
dizaines de malles contenant leurs affaires, habits, livres ainsi que deux
services complets d’argenterie, partirent sur un des vaisseaux amiraux.
    Les nouvelles de la flotte qui parvinrent peu à peu en
Espagne ne furent pas celles que l’on espérait de la miséricorde de Dieu, pour
qui cette guerre contre l’Angleterre avait été déclenchée. L’objectif de
l’armada était de retrouver les régiments d’infanterie du duc de Parme à
Dunkerque, de les embarquer et d’envahir l’Angleterre. Cependant, après avoir
mouillé à Calais, à seulement vingt-cinq lieues de l’endroit où les attendaient
les troupes du duc de Parme, les Espagnols découvrirent que les Hollandais
avaient bloqué la baie de Dunkerque ; le duc n’avait plus les moyens
d’embarquer ses soldats, d’éviter le blocus hollandais et de rejoindre la
flotte. Lord Howard, l’amiral anglais, ne manqua pas de saisir cette occasion
que lui offrait la flotte ennemie regroupée et immobilisée à Calais, et il
l’attaqua aux brûlots.
    La nuit du 7 août, les Espagnols virent huit bateaux
d’approvisionnement sans équipage, en flammes, poussés par le vent et la marée,
arriver dans leur direction. C’étaient les redoutés « feux de
l’enfer » ! Deux d’entre eux purent être déviés de leur trajectoire
grâce à de longs bâtons manipulés depuis des chaloupes, mais les six autres
pénétrèrent entre les navires espagnols, tirant indistinctement de leurs
canons, et explosèrent en flammes au milieu. Aussitôt, les capitaines durent
larguer les amarres, lever l’ancre et fuir à vive allure, brisant la formation
en demi-lune qu’ils avaient adoptée pendant toute la traversée. En voyant que
l’armada ennemie perdait sa formation habituelle et sûre, les Anglais
attaquèrent et un affrontement sanglant se produisit, au terme duquel les
Espagnols furent poussés par le vent vers le nord du canal de la Manche. Le duc
de Medina Sidonia tenta vainement, en dépit des conditions atmosphériques, de
revenir et de se rapprocher des côtes flamandes. Pendant ce temps, les Anglais,
sans livrer bataille, se contentèrent de surveiller l’éventuel retour de leurs
ennemis.
    Quelques jours plus tard, l’amiral espagnol ordonna de jeter
par-dessus bord tous les animaux que transportait la flotte. Puis, dans des
conditions précaires, avec de l’eau contaminée et des vivres pourries à cause
de la mauvaise qualité des barils fabriqués au moyen de cercles métalliques et
de douves, en remplacement de ceux brûlés par Drake l’année précédente, alors
que ses embarcations étaient détruites et que ses membres d’équipage mouraient
les uns après les autres du typhus ou du scorbut, il prit la route de l’Espagne
par le nord, en contournant les côtes irlandaises inconnues.
    Le 21 septembre, le bateau du duc de Medina Sidonia,
entièrement maintenu par trois grands cordages qui l’empêchaient de tomber en
morceaux, amarrait comme un présent

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