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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Peut-être
as-tu raison. Mais de toute façon, je le crains, tu ne m’accompagneras pas.
    Au carillon de complies, Hernando sortit Volador des écuries
et prit la calle del Potro en direction de la mezquita. Le geôlier et lui
étaient convenus de se retrouver plaza del Campo Real, près de l’alcázar. Il ne
voulut pas monter son cheval. Il marchait sans se retourner, tirant sur la
bride. À l’écart, Miguel les suivait en bondissant. Hernando atteignit la place
et se dirigea vers un coin où, comme presque partout, s’entassaient des
ordures ; c’était là, sur ce dépotoir, dépourvu d’autel pour éclairer la
nuit, qu’ils procéderaient à l’échange. Miguel s’arrêta à quelques pas de
l’endroit où Hernando s’était mis à scruter l’obscurité, espérant distinguer la
silhouette du geôlier avec sa mère sur le dos. Le Maure n’accorda pas
d’importance à l’étrange position de l’enfant, dont les jambes s’appuyaient
bizarrement sur le sol et qui s’accrochait seulement à l’une de ses
béquilles ; il tenait l’autre dans sa main droite, levée au-dessus de sa
tête. Volador était nerveux : il grondait, piaffait et menaçait de ruer.
    — Du calme, essaya de le rassurer Hernando. Du calme.
    Le cheval devait sentir, pensa-t-il en lui tapotant le cou,
qu’il allait se séparer de lui. À ce moment-là un énorme rat courut entre les
jambes d’Hernando et les pattes de Volador en glapissant. D’autres, nombreux, le
suivirent. Hernando sauta en l’air. Volador se cabra, se dégagea de la bride et
partit au galop, épouvanté. Miguel, en équilibre précaire, chassait les rats à
coups de béquille.
    Les hennissements de Volador, effrayé, attirèrent
l’attention de tous les chevaux entablés dans les écuries royales, près de
l’alcázar, qui, à leur tour, se joignirent au tapage. Le vigile des écuries et
deux valets sortirent dans la rue qui donnait sur la plaza del Campo et
aperçurent alors dans l’obscurité un magnifique cheval pommelé qui galopait
librement, la bride lâchée.
    — Un cheval s’est échappé ! cria l’un des hommes.
    Le vigile allait contester, certain qu’aucun animal ne
s’était échappé des écuries, mais il se tut quand, à la lumière d’une torche de
l’Inquisition, il distingua sur la hanche de Volador le fer du roi ;
c’était sans aucun doute un cheval des écuries royales.
    — Courez ! cria-t-il alors.
    Hernando aussi courait après Volador. Comment allait-il
libérer sa mère dans tout ce capharnaüm ? Le geôlier n’apparaissait pas.
Miguel avait réussi à chasser les rats et demeurait immobile, extasié devant la
force et la beauté des mouvements du cheval, haïssant ses jambes inutiles.
« Il reviendra », murmura-t-il à l’attention d’Hernando. Des gens
continuaient de sortir des écuries, mais aussi de l’alcázar, par la porte où
les gardiens, le jour, vendaient du linge. Hernando s’arrêta, irrité de voir
qu’une demi-douzaine d’hommes avaient acculé Volador contre l’un des murs du
Saint-Office.
    Cerné, essoufflé, le cheval se laissa attraper par la bride.
    — Il est à moi !
    Hernando s’avança en marmonnant des grossièretés à
l’encontre des rats. Comment avait-il pu ne pas y penser quand le geôlier lui
avait proposé cet endroit ?
    Le personnel des écuries constata rapidement que l’animal
n’était pas un poulain de chez eux.
    — Tu devrais faire plus attention, lui reprocha un
valet. Il aurait pu se blesser dans la nuit.
    Hernando préféra se taire et tendit la main pour saisir la
bride. Comment ces malheureux auraient-ils pu savoir ?
    — Ce n’est pas toi qui viens tous les jours pour voir
la folle ? lui demanda alors l’un des gardiens de l’Inquisition.
    Hernando fronça les sourcils sans répondre. Combien de fois
avait-il imploré cet homme qu’il lui accorde l’autorisation de voir sa mère,
pendant que celui-ci, au lieu de se consacrer à son travail, s’employait à
vendre du linge sur la place et refusait de donner suite à sa requête qu’il
écoutait nonchalamment ?
    — Il était temps que tu viennes la chercher, commenta
alors un autre geôlier. Dans deux jours tu la trouvais morte.
    La bride de Volador s’échappa de la main d’Hernando, mais
avant qu’elle ne touche le sol, une grossière béquille s’interposa sur son
chemin. Hernando se tourna vers Miguel, qui lui sourit de ses dents cassées
tandis qu’il faisait glisser la corde

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