Les révoltés de Cordoue
bien… et elle sera une bonne mère.
Mais le garçon fut incapable de franchir le seuil ; il
s’arrêta là, fasciné. Fatima l’attendait debout, près des coussins disposés par
Aisha autour de la nourriture.
— Entre ! chuchota sa mère en le poussant afin de
pouvoir refermer la porte.
À l’intérieur de la chambre, Hernando se figea de nouveau.
Les lueurs des bougies jouaient avec les formes voluptueuses qu’il percevait à
travers la tunique de la jeune fille ; les perles qui ornaient les vêtements
de Fatima brillaient, comme ses cheveux, et l’or, et les tatouages à ses pieds
et à ses mains, et ses yeux, le tout enrobé dans ce parfum si pur d’eau de
fleur d’oranger…
Fatima s’avança vers lui, souriante, et lui tendit la
cuvette d’eau. Après avoir réussi à balbutier un remerciement, Hernando se lava
nerveusement. Puis, avec douceur, la jeune fille l’invita à s’asseoir. Effrayé,
Hernando détourna le regard de ses seins, qui pointaient librement sous la
soie, mais il ne fut pas davantage capable de le poser sur ses immenses yeux
noirs. Alors il s’assit. Et se laissa servir. Il mangea et but, sans pouvoir
dissimuler le tremblement de ses mains ou sa respiration agitée.
Ils terminèrent les raisins. Ainsi que les fruits secs et la
citronnade. Par les côtés ouverts de sa tunique, Fatima ne cessait de lui
montrer son corps mais Hernando, troublé, baissait les yeux comme s’il voulait
fuir. Il n’avait plus le moindre souvenir de son unique expérience avec les
femmes ! Il tendait la main pour prendre un autre petit gâteau au miel
lorsqu’elle susurra son nom :
— Ibn Hamid.
Elle se tenait debout devant lui, dressée. Fatima ôta sa
tunique. Hernando retint son souffle face à la beauté du corps brillant qu’elle
lui montrait ; ses seins, ronds et fermes, bougeaient au rythme d’un désir
que la jeune femme ne pouvait réprimer.
« Tu t’en rendras compte toi-même », lui avait dit
Aisha.
— Viens, murmura-t-elle au bout de quelques instants où
seule la respiration hachée de l’un et l’autre filtrait dans la pièce.
Hernando s’approcha. Fatima prit une de ses mains et la
porta à sa poitrine. Hernando la caressa et pinça doucement l’un des tétons
dressés. Du lait jaillit et Fatima haleta. Hernando insista. Un jet de lait
surgit et mouilla son visage. Tous deux se mirent à rire. Fatima fit un signe
et Hernando pencha la tête pour téter pendant qu’il faisait glisser ses mains
dans le creux de son dos, jusqu’à ses fesses musclées. Alors la jeune fille le
déshabilla, ses lèvres parcourant son corps, l’embrassant doucement et tendrement.
Hernando frissonna au contact de la bouche de Fatima sur son membre tendu. Elle
le mena jusqu’au lit. Ils s’allongèrent tous deux et la jeune fille tenta
d’atteindre ce plaisir qu’elle n’avait jamais rencontré avec son mari auprès
d’un Hernando novice qui ne savait comment s’y prendre. Elle se souvint des
conseils du cheik Nefzawi de Tunis, transmis de femme en femme et les lui
chuchota à l’oreille, alors qu’Hernando, sur elle, s’efforçait d’introduire son
pénis :
— Je ne t’aimerai pas si les bracelets de mes chevilles
ne touchent pas mes boucles d’oreilles.
Hernando stoppa ses tentatives. Il se redressa et s’écarta
du corps de la jeune fille. Que disait-elle ? Ses chevilles près de ses
oreilles ? Il interrogea Fatima du regard et elle lui sourit de manière
coquine tout en levant les jambes. Attentif à ses murmures, il la pénétra avec
douceur : doucement, je t’aime, doucement, aime-moi… Mais lorsque leurs
corps finirent par se fondre l’un dans l’autre, Fatima poussa un cri qui rompit
l’enchantement et donna à Hernando la chair de poule. Alors ses requêtes se
muèrent en un mélange de soupirs et de halètements, et Hernando s’abandonna au
rythme des gémissements de plaisir de la jeune fille. Ils atteignirent
l’orgasme en même temps et, après s’être ainsi livrés à l’extase, ils restèrent
silencieux. Au bout d’un moment, Hernando ouvrit les yeux et observa le visage
de Fatima : ses lèvres étaient serrées et ses yeux complètement clos,
comme si elle faisait tout pour retenir ce moment.
— Je t’aime, dit Hernando.
Elle garda fermés ses beaux yeux noirs, mais ses lèvres
esquissèrent un large sourire.
— Dis-le-moi encore, susurra-t-elle.
— Je t’aime.
La nuit s’écoula en baisers, rires, caresses,
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