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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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ce
soir-là réduite à Luynes, le comte de La Rochefoucauld, Héroard, et à moi-même.
Et nul de nous qui n’entendît que Louis courait cueillir d’autres lauriers et
chercher auprès de la reine le repos du soldat.
     
    *
    * *
     
    Voyant que les affaires du roi s’arrangeaient si bien, je ne
faillis pas à quérir de lui de me bailler un congé de quelques jours pour
visiter ma seigneurie d’Orbieu. Mon dernier séjour, et il fut bref, remontait à
janvier 1620 et, l’on s’en ramentoit peut-être, le curé Séraphin m’avait, à cette
occasion, instamment prié de porter à la messe ma croix de Chevalier du
Saint-Esprit. Et encore que Monsieur de Saint-Clair, dans ses longues lettres
missives, m’instruisît quasiment chaque semaine, et par le menu, de ce qui se
passait dans mon domaine et des bons résultats que nous avions obtenus cette
année encore, en nos moissons, récoltes, cueillettes, vendanges et boisillage,
j’aspirais fort à aller jeter l’œil du maître sur mon bien, curieux que j’étais
aussi de connaître cette Laurena de Peyrolles dont mon Saint-Clair s’était
coiffé.
    Son père, que j’avais encontré deux ou trois fois, avait
exercé la charge de maître des requêtes, grâce à laquelle il avait accédé à la
noblesse de robe. Devenu barbon, il avait vendu sa charge et de ces pécunes il
avait fait deux parts. La première, la plus importante, il l’avait placée à bon
compte en toute sûreté. Avec la seconde, il avait acheté la seigneurie de
Peyrolles qui jouxtait mes terres. Elle comportait un manoir fort joli et des
terres non petites qu’il exploitait avec beaucoup de ménage, de peine et de
prudence. La vieille marquise de Peyrolles qui lui avait vendu ce bien étant
morte sans descendance, notre homme qui s’appelait Lautrin se fit appeler dans
un premier temps Monsieur Lautrin de Peyrolles. Et quand l’habitude en fut
prise, laissant tomber le Lautrin roturier, il devint Monsieur de Peyrolles. Il
y avait belle heurette que cela se faisait en ce royaume et bien que d’aucuns
s’en gaussassent, personne n’y trouvait vraiment à redire, à telle enseigne que
les nobles d’épée, quand les nouveaux seigneurs étaient bien garnis, ne
dédaignaient pas d’épouser leurs filles.
    Ma Louison, que je trouvais fort embellie, me fit de prime
d’aigres plaintes de ce j’étais tant de mois demeuré sans la venir visiter, se
déclara peu satisfaite de mes réponses, le service du roi n’expliquant pas
tout, soupçonna ouvertement ma fidélité et alla jusqu’à me dire que si cela
devait durer, elle préférerait retourner à l’hôtel du Champ Fleuri à Paris
plutôt que de s’étioler dans ce désert où elle ne trouvait à parler à personne,
sinon à Monsieur de Saint-Clair qui la tympanisait à longueur de journée avec
ses absurdes louanges sur Laurena de Peyrolles.
    Je tâchai de l’apazimer comme je pus, de prime par des
paroles qui demeurèrent sans effet, puis par des caresses qu’elle repoussa, à
la parfin par un cadeau : un collier à grains d’or que j’avais acheté pour
elle à Poitiers. Elle l’accueillit d’abord avec une froidure extrême, me
demandant si je croyais l’adoucir par un colifichet, le passa néanmoins à son
cou et s’approchant d’un grand miroir, se regarda de face, de profil et aussi
de dos, grâce à un petit miroir à main qu’elle tira de la poche de son
vertugadin. Après quoi, caressant les grains d’or du bout de ses doigts, elle
me dit qu’on pourrait me reprocher bien des choses, mais non certes que je
fusse chiche-face : ce collier, à son sentiment, était tout à plein digne
d’une personne de qualité. Je lui demandai alors moitié-figue, moitié-raisin
quelles étaient ces choses qu’elle avait à me reprocher.
    — Vos infidélités, dit-elle, l’œil noir derechef
flambant.
    — Nenni, dis-je avec gravité, il ne faut là ni le
singulier, ni le pluriel ! Je te fus fidèle, Louison.
    — Vramy ! Me le jurez-vous sur la tête de votre
aimable père ?
    — Assurément.
    Elle me considéra œil à œil pendant un moment, puis
changeant du tout au tout en un battement de cil, de glaçon devenue braise,
elle se jeta à mon cou.
    La fougue de nos tumultes, lesquels consumèrent la plus
grande partie de la nuit, acheva de la persuader que je n’avais pas hasardé à
la légère la tête du marquis de Siorac. Et lorsque fut épuisée la ferveur de
nos embrassements, elle posa sa tête charmante

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