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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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rattachement de Béarn et Navarre à la couronne.
    Deux jours plus tard, Louis prenait la petite place forte de
Navarrenx, qui défendait les abords de Pau, en fit sortir (mais sans la
molester) la petite garnison huguenote que sa grand-mère, Jeanne d’Albret, y
avait constituée et la remplaça par une poignée de ses soldats. L’affaire de
Béarn et Navarre fut réglée en un tournemain : il y fallut à peine cinq
jours et Louis départit de Pau au matin du vingt et un octobre.
    Le vingt-cinq, il était à Bordeaux. Le sept novembre, il se
présenta aux portes de Paris.
    Personne n’eût cru possible qu’on pût faire ce longuissime
voyage de Pau à Paris en moins de quinze jours. Il est vrai que Louis fut plus
souvent à cheval qu’en carrosse, laissant loin derrière lui ses bagues, ses
ministres, son Conseil et ses gardes. Pour ceux dont je fus, qui se firent un
point d’honneur de suivre cette folle chevauchée, pour le dire à la gasconne,
elle nous tanna la peau des fesses. Mais Louis, cavalier insigne et endurci, ne
paraissait rien ressentir de ces incommodités. De reste, vent, soleil, pluie ou
grêle, peu lui challait ! C’est à peine si, à l’étape, il consentait à
ôter sa vêture mouillée et ses bottes pleines d’eau. Et pourquoi il trottait si
vite, alors qu’il n’y avait nulle urgence à regagner Paris, je n’y vois qu’une
raison : c’est qu’étant si taciturne et refermé sur soi, il n’avait trouvé
que cette galopade effrénée pour exprimer sa joie d’avoir abaissé les Grands,
réduit une troisième fois sa mère à l’obéissance et rétabli la foi catholique
en Béarn et Navarre. Emporté par la vivacité de ma jument, j’arrivais parfois à
sa hauteur et je le voyais, penché en avant sur sa monture, son chapeau enfoncé
sur sa tête et l’ombre d’un sourire sur sa face imperscrutable. Il me semblait
alors sentir ce qu’il ressentait. Après avoir prouvé par la perfezione de son mariage que même d’une infante espagnole il pouvait devenir l’époux, il
venait d’affirmer à la face de l’Espagne, l’éternelle ennemie, qu’il serait,
comme son père, son règne durant, un roi-soldat.
    C’en était bien fini des écornes, des affronts et des
avanies de la régence. Ayant de prime secoué le joug de la reine-mère en la
serrant à Blois, il l’avait ensuite ramenée par deux fois à l’obéissance.
D’ores en avant, il était véritablement le maître en son royaume.
    Arrivé en son Louvre, et tout heureux d’en fouler les pavés
d’un pas raffermi, Louis, fidèle à son devoir protocolaire, alla saluer la reine-mère
et offrir sa joue à ces mêmes lèvres maternelles qui, en sept ans de régence,
ne lui avaient jamais baillé un baiser. Il alla ensuite présenter ses respects
à la petite reine et lui offrit une bague sertie de diamants, accompagnant ce
don de doux regards et d’une forte brassée. Il se permit ensuite quelque
exubérance avec Henriette, qu’il salua en troisième lieu. On l’appelait meshui
« Madame », ses sœurs aînées étant mariées. Elle avait alors onze ans
et était plus coquette que pas une fille de bonne mère en France, ayant, en
outre, en son visage quelque chose de si agréable qu’elle se faisait aimer de
tous. Louis lui offrit un miroir ovale en argent dont les trois Grâces,
enlacées, formaient le manche. Les trois Grâces étaient vêtues de longs voiles,
ce qui satisfaisait à la décence au détriment de la beauté. Mais tel qu’il
était, le miroir plut à Henriette qui se suspendit au cou de son aîné. Il la
serra alors contre lui et lui fit faire le tour de la pièce sans que ses petits
pieds touchassent le sol.
    Tout au long de ces quinze jours d’ardente chevauchée du sud
au nord de son royaume, j’observai que Louis, qui se paonnait d’être un des
goinfres de la Cour, mangea peu. Il mangea moins encore en arrivant au Louvre.
On eût dit qu’il se nourrissait de la gloire de ses armes et que cette chère-là
lui faisait oublier l’autre. Le soir, après avoir expédié son souper avec une
peu coutumière rapidité, ayant goûté de tout sans rien finir, il annonça en se
levant qu’il allait partager la couche de la reine. Il s’impatienta, parce que
Berlinghen mettait du temps à trouver l’épée, laquelle il devait porter nue en
suivant le roi à deux pas derrière lui, quand Sa Majesté se rendait chez son
épouse. La suite, qui marchait derrière Berlinghen à grands pas, était

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