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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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louât, si peu que ce fût,
la beauté de Margot, pour qu’elle entrât dans ses fureurs.
    — Qui pis est, ajouta-t-elle, la garcelette a son petit
caractère. Vous pouvez être bien assuré, Monsieur, que si Monsieur de
Saint-Clair l’épouse, cordonnier ne sera pas maître chez lui.
    « Ni toi non plus maîtresse en ce logis, pensai-je en
mon for. Et voilà bien où le bât te blesse, M’amie. »
    — Mais, dis-moi, ma Louison, repris-je, qu’augures-tu
de ce mariage ? Se fera-t-il ?
    — Que si j’avais un mot à dire, il ne se ferait
jamais ! Que diantre Monsieur de Saint-Clair a-t-il affaire à se marier si
vite ? N’a-t-il pas sa Jeannette, bonne fille, celle-là, s’il en est, et
avec laquelle je m’entends si bien.
    — M’amie, c’est peut-être trop demander à Monsieur de
Saint-Clair que de ne se marier pas pour ne point te désobliger…
    Là-dessus elle rit, ayant de l’esprit assez pour se gausser
elle-même de ses petites absurdités.
    — Pour vous répondre, reprit-elle, j’opine que ce
mariage se fera. Parce que la garcelette le veut. Vu qu’elle est fille unique,
elle a et aura par son père tant de pécunes qu’elle préférera Saint-Clair, même
s’il n’est pas trop riche, à quelque gros bourgeois ventru vautré sur ses écus.
Le hic, c’est que paonnante comme elle est, elle voudrait un titre, et que
Monsieur de Saint-Clair n’en a pas.
    — Il est pourtant de bonne et ancienne noblesse.
    — Oui, mais sans titre. Monsieur, voulez-vous aider à
cette union ?
    — Assurément.
    — Alors, baillez à Monsieur de Saint-Clair pour son
mariage la maison que vous avez achetée à ce méchant Rapinaud. Vous n’en faites
rien, toute grande et belle qu’elle soit, et elle ne manque pas d’allure avec
sa tour, ce qui flattera l’orgueil de la fillette.
    « Laquelle, m’apensai-je, tu voudrais mieux. M’amie,
voir là-bas plutôt qu’ici, te disputant ton empire. »
    — Il y aurait à cet arrangement un autre avantage,
reprit Louison, c’est que la pauvre Jeannette, après ce mariage, pourra non
point retourner à sa triste masure, mais demeurer céans, ce qui sera justice,
ayant donné à Monsieur de Saint-Clair tant de sa jeunesse.
    Cela me toucha, comme montrant chez ma Louison quelque
tendreté de cœur envers une chambrière, alors même qu’elle se sentait meshui si
fort au-dessus d’elle. Il est vrai que Jeannette n’aurait pu en aucune façon
devenir sa rivale, ni par ses fonctions, ni par les agréments de sa personne.
    Je vis Monsieur de Saint-Clair après le déjeuner, dans mon
cabinet, et il me fit les comptes du domaine au sol près, ce qui consuma une
bonne heure, tant il était méticuleux.
    Il y avait déjà trois ans que le domaine était par nous
exploité, et on pouvait dire que c’était merveille comme nous l’avions fait
renaître de ses cendres. Les débours que j’avais encourus pour l’achat de la
maison de Rapinaud, l’aménagement des voies et la toiture de l’église, avaient
été couverts dès la première année. Tant est que la deuxième et la troisième
année laissaient un revenu qui s’élevait au double de ma pension de premier
gentilhomme de la Chambre. Je ne compte pas, céans, les cent livres qui me
restaient de la dotation de deux cent mille livres que le roi m’avait données
pour acheter Orbieu. Cette somme avait été placée, sur le conseil de mon père
et de La Surie, et rapportait de beaux intérêts.
    Il est vrai que l’entretien de ma maison d’Orbieu, de son
domestique, de ma meute, de mes chevaux, me coûtait quelques pécunes et, plus
encore, le recrutement de mes Suisses pour mes voyages de Paris à Orbieu, les
chemins étant redevenus périlleux, non point du tout du fait des brigands que
des mercenaires que la guerre entre la mère et le fils avait de part et d’autre
recrutés et qui, licenciés, s’en retournaient chez eux en pillant les villages
qui avaient le malheur de s’encontrer sur leur chemin. Ces gens-là étaient bien
plus à craindre que les brigands, car ils étaient mieux armés, ne faillaient
pas en fruste vaillance et savaient la guerre.
    Pour revenir à Orbieu, je n’ignore pas ce que doit le ménage
que j’en fais à mon père, à La Surie, au curé Séraphin qui m’avait fort aidé
auprès de mes manants, à Figulus qui m’avait appris leur parladure, et
par-dessus tout à Monsieur de Saint-Clair qui avait dirigé ce domaine avec
autant de soin, de zèle, de souci

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