Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
l’envie l’en démangeait fort, étant Habsbourg, catholique à gros grain
et ultramontaine en diable. Vous vous ramentevez, sans doute, Madame, qu’elle
avait eu l’idée malheureuse de demander au pape de choisir pour elle le premier
président du Parlement français ! Ce qui avait hérissé le poil de plus
d’un gallican en ce royaume.
    — Et Louis ?
    — Louis, après la drôlerie des Ponts de Cé, décida de
n’en rester pas là, et de réduire ses protestants rebelles du Béarn et de
Navarre. On négocia. Mais ces farouches huguenots des Pyrénées se trouvaient si
loin de Paris qu’ils se croyaient à l’abri de tout ! Ils ne voulurent ni
rétablir le culte catholique ni rendre au clergé les biens qu’il lui avait
pris, prétendant que Navarre et Béarn étant « terres souveraines »,
ils n’avaient pas à observer ledit de Nantes ! Lassé de ces refus et passant
outre aux avis de son Conseil, de ses ministres et bien sûr de Luynes, toujours
aussi timoré, Louis trancha : « Il faut aller à eux », dit-il
sobrement en enfonçant son chapeau sur la tête. Il se trouvait alors en ce
plaisant petit château de Plessis-lès-Tours qui lui était cher à plus d’un
titre. Louis XI y avait vécu de nombreuses années. Son père y avait fait
alliance avec Henri III contre la Ligue, et en ses enfances, il avait
lui-même construit un fort en terre auquel il avait travaillé par brise et pluie
pendant des jours.
    — Ah Monsieur ! Je me ramentois ce passage de vos
Mémoires où il est dit qu’Héroard ayant mis à Louis, pendant qu’il travaillait,
un manteau sur le dos pour le protéger de l’orage, Louis le rejeta incontinent
de ses épaules.
    — Madame, c’est un plaisir de vous instruire :
vous retenez tout. Savez-vous, Madame, que Louis eut une fort bonne surprise en
franchissant le seuil de Plessis-lès-Tours ? Devinez, de grâce,
devinez !
    — Nenni, je ne saurais !
    — Il y trouva sa petite reine arrivée la veille de Paris.
Il en bondit de joie et, lui baillant une forte brassée, il baisa deux ou trois
fois sa jolie face et, incontinent, il lui conta, cartes en main, la drôlerie
des Ponts de Cé et les logements de ses armées.
    — La pauvrette dut en périr d’ennui.
    — Pas du tout. Elle ne périt pas d’ennui pour la raison
qu’elle n’ouït rien de ses discours. Elle ne l’écoutait pas. Elle le regardait,
étant tout attendrézie par la tendresse de son accueil.
    — Monsieur, sans vouloir tirer notre grave entretien
politique du côté de l’anecdote, peux-je vous demander…
    — Oui, belle lectrice, vous le pouvez. Le soir même,
Louis partagea la couche de la reine.
    — Et Héroard, le lendemain ?
    — Oui, Madame, il fit le geste que vous attendez. Mais
ce n’est pas là anecdote, comme vous pensez. C’est politique encore. Si nous
n’avons pas assez vite un dauphin, Monsieur, personnage sans consistance, mais
héritier présomptif, va devenir le centre et le pivot d’intrigues à l’infini,
où la reine-mère ne laissera pas de tremper la main. Mais, n’anticipons pas,
nos pointillés présentes nous suffisent.
    — Quelles sont-elles ?
    — Cette expédition que je vous ai dite en Navarre et
Béarn pour mettre à raison les huguenots rebelles. Mais Madame, souffrez qu’ici
je reprenne mon conte là où je l’avais laissé.
     
    *
    * *
     
    Louis entra à Pau le quinze octobre. C’était la première
fois qu’il voyait cette ville émerveillable, tiède balcon sur les neiges
éternelles. Et que de souvenirs se pressèrent en sa remembrance ! Son père
y était né. Charles IX, le massacreur de la Saint-Barthélemy, avait pris
la ville en 1568 et dès l’année suivante, la grand-mère de Louis, Jeanne
d’Albret, l’avait reprise grâce à la victoire, à Orthez, de Montgoméry. Notre
Henri, qui avait seize ans, n’était pas présent alors et cela valut mieux pour
sa tendreté de cœur, car sa mère fit à son tour impiteusement massacrer les
chefs catholiques que Montgoméry avait capturés et ramenés au château.
    La résistance de Béarn et Navarre, qui avait été si résolue
de loin, s’effondra dès que le roi et son armée apparurent. Les magistrats
réunis dans la cour du château de Pau, s’excusant de leur désobéissance,
déclarèrent accepter l’édit qu’ils avaient tant de fois rejeté par écrit. Ils
promirent de rétablir le culte catholique et de rendre au clergé ses biens, et
acceptèrent le

Weitere Kostenlose Bücher