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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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j’ai ramé en esclave pendant deux ans ? (Il ne dit rien. Je
débouclai ma ceinture et ôtai ma cotte de mailles. Guthred resta perplexe en me
voyant écarter le col de ma tunique pour dévoiler l’épaule gauche portant la
marque d’esclavage gravée par Hakka.) Tu sais ce que c’est ? Non ? C’est
la marque de l’esclave, seigneur roi. En portes-tu une ?
    — Non.
    — Je la porte pour toi. Je l’ai prise
afin que tu puisses être roi ici, mais tu n’es qu’un fugitif encombré de
prêtres. Je t’avais conseillé de tuer Ivarr il y a longtemps.
    — J’aurais dû, admit-il.
    — Et tu as laissé ce misérable déchet de
Hrothweard imposer une dîme aux Danes ?
    — C’était pour la chapelle. Hrothweard
avait fait un rêve où saint Cuthbert lui avait parlé.
    — Il est bien bavard pour un mort, ce
Cuthbert, hein ? Pourquoi ne te rappelles-tu pas que c’est toi qui règnes
sur cette terre et non saint Cuthbert ?
    — La magie chrétienne m’a toujours
favorisé, dit-il, accablé.
    — Pas du tout, répondis-je, méprisant. Kjartan
est encore en vie, Ivarr aussi, et les Danes se sont révoltés. Oublie la magie
chrétienne. Tu m’as moi, désormais, ainsi que le comte Ragnar. C’est le
meilleur homme de ton royaume. Prends soin de lui.
    — Je prendrai soin de toi, je le promets,
dit-il.
    — Oui, car je vais épouser ta sœur.
    — Elle a toujours dit que tu reviendrais,
acquiesça-t-il avec un faible sourire.
    — Et tu me croyais mort ?
    — J’espérais que non. (Il se redressa en
souriant.) Me croiras-tu si je te dis que tu m’as manqué ?
    — Oui, seigneur, car à moi aussi tu as
manqué.
    — Vraiment ? demanda-t-il, plein d’espoir.
    — Oui, seigneur.
    Assez étrangement, c’était vrai. Je pensais
que je le haïrais lorsque je le reverrais, mais j’avais oublié combien il était
charmeur. Je l’aimais bien encore. Nous nous étreignîmes. Il prit son casque et
se dirigea vers la tenture qui tenait lieu de porte.
    — Je vous laisse à tous deux ma maison
pour la nuit.
    Et il sortit.
    Gisela. Aujourd’hui,
dans ma vieillesse, il m’arrive de voir une fille qui me rappelle Gisela et j’en
ai la gorge nouée. Que je voie une fille aux cheveux noirs, à la taille bien
prise, au pas vif et gracieux et à l’allure volontaire, et je crois revoir
Gisela. Et souvent, car je suis devenu un vieil imbécile gâteux et sentimental,
les larmes me viennent aux yeux.
    — J’ai déjà une épouse, lui dis-je cette
nuit-là.
    — Tu es marié ?
    — Elle se nomme Mildrith et je l’ai
épousée il y a longtemps sur l’ordre d’Alfred. Elle me hait et elle est entrée
au couvent.
    — Toutes tes femmes font ainsi. Mildrith,
Hild, moi.
    — C’est vrai, m’amusai-je en m’en rendant
compte pour la première fois.
    — C’est Hild qui m’a dit d’aller au
couvent si j’étais menacée, expliqua Gisela. Car j’y serais à l’abri. Aussi, quand
Kjartan a voulu que j’épouse son fils, j’y suis allée.
    — Guthred n’aurait jamais donné ta main à
Sven.
    — Il y a pensé. Il avait besoin d’argent
et de soutien, et j’étais tout ce qu’il possédait.
    — La génisse de paix.
    — C’est ce que j’étais.
    — Tu as aimé être au couvent ?
    — J’ai détesté toutes ces années de ton
absence. Vas-tu tuer Kjartan ?
    — Oui.
    — Comment ?
    — Je ne sais. Peut-être est-ce Ragnar qui
le tuera. Il a plus de raisons que moi.
    — Quand j’ai refusé la main de Sven, Kjartan
a dit qu’il me capturerait et me laisserait violer par ses hommes. Qu’il me
clouerait au sol et me livrerait à eux, et ensuite à ses chiens. Mildrith et
toi avez des enfants ?
    — Oui. Un fils. Il est mort.
    — Le mien ne mourra point. Mes fils
seront des guerriers et ma fille enfantera des guerriers.
    Je souris et lui caressai l’échine. Elle
frémit. Nous étions recouverts de trois capes et ses cheveux étaient trempés
car le toit fuyait. Les roseaux qui couvraient le sol étaient pourris et
humides sous moi, mais nous étions heureux.
    — Es-tu devenue chrétienne au couvent ?
    — Bien sûr que non, s’offusqua-t-elle.
    — Elles n’ont pas protesté ?
    — Je leur ai donné de l’argent. Je ne
crois pas qu’aucun Dane soit vraiment chrétien.
    — Pas même ton frère ?
    — Nous avons bien des dieux et le dieu
des chrétiens n’est qu’un parmi d’autres. Je suis sûre que c’est ainsi que
pense Guthred. Comment se

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