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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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« réception mondaine » .
    L’agape se prolongea par des discours. Une heure plus tard, les bras chargés de cadeaux alimentaires, l’abbé Leisner quittait le block des prêtres pour le Revier. Dans la rue centrale du camp, un S.S. l’arrêta   :
    — Où vas-tu   ?
    Leisner songea   : « Il sait, on lui a raconté… »
    — Allons où vas-tu   ?
    — À l’infirmerie.
    — Et cette boîte   ?
    — Ce sont des vivres pour les camarades.
    — Ce n’est pas vrai   !
    — Vous pouvez voir, mon lieutenant.
    Le S.S. plongea dans le carton.
    — C’est bon   !
    Karl Leisner n’eut jamais plus la force de quitter sa paillasse. Quelques jours après la libération de Dachau, il mourait dans un sanatorium de Munich (228) .

CHAPITRE XXII

LE PÈRE OUVRIER
    Le 22 décembre 1944, Edmond Michelet se précipite chez le docteur Pierre Suire   :
    — Le père Dillard est au block 9, il y est entré ce matin très gravement malade   ; tâchez de le prendre avec vous. C’est une grande personnalité française.
    Suire entreprend les démarches nécessaires auprès du chef infirmier du block 1.
    — Accordé   !
    Le médecin français demande au secrétaire du block 9 où se trouve le père Dillard   :
    — Au milieu de la salle. Au deuxième étage.
    Et Suire cherche   :
    — Dillard   ?
    — C’est moi Dillard. Je n’en puis plus. Je suis à bout. J’ai 40°. Je n’ai qu’une couverture. Personne ne me soigne… Prenez-moi. Ici je vais mourir.
    Démarches nouvelles pour Suire. Le lendemain, le malade est autorisé à rejoindre le block « 1 ». Suire a gagné. Le médecin yougoslave du « 9 », en voyant partir son « client » lui lance   :
    — Tu t’en vas   ; tu ne pourras être opéré que mardi puisque ce sont les fêtes. Il y a longtemps que tu seras crevé.
    *
    Le père Victor Dillard, considéré dès 1939 comme l’un des grands spécialistes français des problèmes monétaires (il a rencontré plusieurs ministres européens des Finances et le président Roosevelt) s’était installé à Vichy au mois de novembre 1940.
    « — Il me paraissait (229) que le Bon Dieu avait merveilleusement conduit mon existence pour m’amener en ce point unique, crucial, où j’étais fin prêt pour ramener en bloc ces richesses du passé et me lancer, sûr d’elles, dans l’immense bataille de la reconstruction française. »
    Au tout début, il croit en la possibilité d’une « Révolution nationale », mais il est très vite déçu par le Maréchal et la « collaboration ». Il ne s’en cache pas… et la B.B.C. le présentera souvent comme « le seul homme courageux de Vichy ».
    Alfred de Soras, l’un de ses amis, écrit (230)   :
    — Durant ces trois années, par des conférences multiples, par ses prédications à Saint-Louis de Vichy, par ses contacts personnels avec des gens de tout bord, par les groupes d’action catholique qu’il anime, dans ce milieu difficile, le sens spirituel des valeurs chrétiennes mises en cause par les événements et les hommes, son influence spirituelle fut considérable. Quand il parlait à Saint-Louis de Vichy, ou quand il faisait dans la salle de Notre-Dame de Lourdes, pleine à craquer, son cours d’économie politique ou son cours de religion, des agents de la Gestapo étaient dans son auditoire. Le Père le savait, mais il bravait parfois le danger avec une telle franchise sacerdotale que bien des fois ses amis ont pu craindre son arrestation immédiate… Bien des jeunes venaient se faire « diriger » par lui.
    Au mois de février 1943, au plus fort des « réquisitions » du S.T.O. il confie à Alfred de Soras   :
    — Si nous prêtres, nous ne prenons pas part à cette épreuve de la classe ouvrière, les ouvriers nous reprocheront plus tard de les avoir laissés tomber et nous ne comprendrons plus ces jeunes travailleurs qui auront souffert sans nous, dans des conditions exceptionnelles. J’ai bien envie de demander au père Provincial la permission de partir comme travailleur.
    Au mois d’octobre 1943, l’électricien Victor Dillard, volontaire pour l’Allemagne, prenait le train gare de l’Est.
    — Le camp (231) où se trouvait le Père, le plus grand de Wuppertal (bassin de la Ruhr), ne contenait qu’une cinquantaine de Français   ; les autres ouvriers étaient étrangers. Ses premières impressions furent une déception   ; il avait espéré trouver beaucoup de catholiques, de

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