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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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hommes, plusieurs dépassaient les autres par l’élévation de leur pensée   : Auguste Havez, secrétaire permanent du groupe communiste de la Chambre avant 1939 et Maurice Lampe. Le Père se lia aussi d’amitié avec un autre communiste, cheminot de la Somme, nommé André Debailly   ; ils devaient tous deux se retrouver à Gusen I. J’ai (47) la conviction que Debailly a été ramené par le père Jacques à la foi en Dieu, sans renoncer pour autant à ses convictions communistes.
    — Un jour, le Père était juste au milieu de sa conférence, il parlait devant l’autel, monté sur un petit escabeau, lorsqu’on entendit à la porte deux voix de S.S. allemands qui criaient et qui repoussaient les assistants. Ils sont entrés dans la chapelle, armés, casqués, et ils se frayèrent un chemin jusqu’à l’autel avec la brutalité qui leur était coutumière. Là, l’officier a tiré le Père par le scapulaire en disant   : « De quel droit parle-t-il   ? Pourquoi fait-il des conférences   ? » Le père Jacques a répondu avec calme qu’il avait la permission de faire du catéchisme. « Ça du catéchisme   ? » s’écria l’Allemand. Tout le monde pouvait témoigner que c’était du catéchisme, ce n’était que le commentaire d’un commandement de Dieu. Les Allemands ont emmené le père Jacques à la Kommandantur du camp et je vois encore la consternation générale lorsque tous ont vu sa haute silhouette partir en cette direction toujours si inquiétante, vers cette maison où se passaient beaucoup de choses graves. Toute la matinée, pendant plusieurs heures, nous étions aux écoutes   ; nous voulions savoir quelles décisions et quelles mesures prendrait le commandant allemand, mais heureusement, le Père rentra sain et sauf sans avoir été brutalisé. Les conférences étaient suspendues, le père Jacques n’avait plus le droit de prêcher, même le dimanche, mais il avait tout son temps du matin au soir, et il parlait continuellement avec ceux qui venaient le consulter, soit seul à seul, soit par petits groupes. Il continuait à rayonner.
    Le 27 mars   : départ pour Neue-Brem.
    *
    — Couchez-vous   !
    — Debout   !
    — À genoux   !
    — Maintenant tous courir   !
    — Crapaud   !
    Un à un, les cinquante et un déportés qui ont quitté Compiègne en compagnie du père Jacques s’effondrent.
    — À ce fameux régime (48) nous sommes restés sept hommes vivants sur cinquante-deux… Mauthausen quoique très dur, c’était des roses à côté de Sarrebruck.
    Hornetz, Hornetz la brute, Hornetz le tueur, admire le père Jacques… Plusieurs déportés le sentent   ; le Père le sait…
    — Je voudrais m’occuper des malades.
    Hornetz hausse les épaules.
    — Je voudrais m’occuper des malades.
    Nouveau refus.
    — Je voudrais…
    Trois jours plus tard, sur la place d’appel, Hornetz s’approche du Père   :
    — Vous êtes chargé de l’infirmerie.
    Le Revier, depuis un an, était à l’abandon   :
    — Il se dépensa sans compter. Il nettoya les malades un à un. Il fit un travail surhumain malgré les coups dont il était gratifié, journellement   ; plusieurs fois il fut schlagué pour ses réclamations de médicaments et de pansements. Jamais, malgré toutes ces embûches, il n’abandonna la ligne de conduite qu’il s’était tracée.
    — Exploitant l’ascendant qu’il avait pris sur Hornetz, il vient chaque jour à la cuisine réclamer, à titre de supplément pour les malades, les fonds de bouteillons qui revenaient du cantonnement des S.S.   : soupe meilleure, pommes de terre, etc… Il ne craignit pas d’essuyer les rebuffades, voire les brutalités   : j’en fus témoin (49) , travaillant comme je l’ai dit à la « plonge ». Mais, avec de l’obstination, il parvient à faire admettre comme un usage cette attribution de nourriture supplémentaire aux malades. La veille de Pâques, il s’enhardit jusqu’à demander à Hornetz l’autorisation de célébrer la messe, le lendemain, dans la chambre d’infirmerie. Hornetz ne pouvait pas prendre sur lui de donner cette permission. Il affirma qu’il allait en référer au commandant… L’a-t-il fait   ? Je l’ignore. Nous avons espéré un peu jusqu’au soir. La réponse est alors venue, négative.
    Partir   ! Ils vont partir   ! Certains pleurent de joie.
    — Ailleurs, qu’importe   ! Ailleurs c’est le paradis   ! Ailleurs c’est une chance de

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