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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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le garçon et le gifle cinq fois.
    — Vous faites du mal à un pauvre animal, c’est donc « l’élevage » que vous recevez dans ce collège   !
    Dans l’après-midi le collège est évacué, les scellés plaqués sur les portes.
    Après quarante jours d’emprisonnement à Fontainebleau, le père Jacques est dirigé sur Compiègne   :
    — À (46) l’arrivée au camp, des S.S. se moquent grossièrement du Père quand ils l’aperçoivent en robe de bure. Lui me demande ce qu’ils disent   : je ne veux pas traduire et un S.S. me donne un magistral coup de pied quelque part, ce qui, par la suite, a toujours été pour le Père une occasion de rire en me taquinant. Nous nous sommes donnés la main pour ne pas nous égarer et nous avons échoué dans une petite chambrée où nous étions sept dont Paul Mathéry. Les lits étaient superposés, je couchais au-dessus du Père et nous pouvions nous serrer la main avant de nous endormir. À la petite table, il n’y avait pas assez de place pour sept   ; comme toujours, le Père s’effaçait, et nous mangions tous les deux assis sur son lit. Il y avait dans le camp une aumônerie où tous les prêtres se rassemblaient, couchaient et faisaient leur popote. On voulait l’y faire coucher également. « Comment, faire bande à part   ? Ah   ! non. Ma place est parmi mes camarades. » Ce qui froissait d’ailleurs quelques-uns de ses confrères et on le critiquait pour son indépendance, me disait-il.
    — Tous les matins, il pouvait célébrer la messe et j’avais l’honneur de lui servir d’enfant de chœur. Je vois encore le père Jacques agenouillé sur le plancher de cette pauvre baraque, sans aucun prie-Dieu, sans aucun appui, toute son âme concentrée et unie à Dieu. Rien que cette vision du Père en réconfortait beaucoup. Je vois encore ses yeux fixés sur l’autel, ses yeux où brillait une flamme douce comme la lampe des sanctuaires.
    — L’abbé Poutrain, qui faisait fonction d’aumônier, prie le père Jacques d’assurer la réunion du soir pour la récitation du chapelet. Les sermons doivent être soumis à la censure et les cahiers porter le cachet allemand. La Vérité qu’il veut clamer à chacun de nous ne s’accommode pas de cette censure. La difficulté est tournée   : le matin, à onze heures, tous les jours, il y aura leçon de catéchisme… Avant lui, la vie religieuse du camp était léthargique. Son arrivée transforma tout. Le premier jour, il y eut cinq ou six auditeurs, le second jour deux fois plus. Le troisième jour le baraquement chapelle était plein. Alors le Père qui, faute de chaire parlait debout sur un tabouret, aborda les grands sujets capables de frapper les cœurs et les esprits   : l’amour de Dieu, l’amour du prochain, la chasteté, l’éducation des enfants. Bientôt l’assistance déborda hors de la chapelle.
    — Le succès des conférences du père Jacques était tel que tout le camp en parlait et venait écouter le Père, même ceux qui ne croyaient pas, même ceux qui, pour toutes sortes de raisons, étaient contre la doctrine exposée. La chapelle se remplissait quelquefois à 9 h 30, bien que la conférence fût fixée pour 10 heures. Chacun savait qu’en arrivant à l’heure il ne pourrait plus pénétrer dans ce local très réduit qui était toujours plein à craquer. Un jour, il aborda le problème de la pureté chez les jeunes, vous devinez jusqu’où nous fûmes entraînés. Le problème de l’amour, le respect du corps, le sens de la famille et de l’enfance, le rôle de l’État, le problème de l’enseignement, tout y a passé.
    — Les communistes sont les plus ardents propagandistes de ces réunions. Ses rapports avec eux étaient très compréhensifs. Comparant la générosité et l’ardeur des communistes, à la tiédeur d’un trop grand nombre de chrétiens, il nous disait son espoir de voir un jour prochain, touchés par la grâce, ces éléments populaires, profondément sains et généreux.
    — Le père fut particulièrement attiré à Compiègne par un groupe de quatre cents communistes, venus de la Maison Centrale de Blois et qui, au cours de plusieurs années de détention (deux ans pour la plupart) avaient pris l’habitude d’une vie quasi monastique   : partage de toutes les ressources, éducation de la volonté, du sentiment de la fraternité (si rarement mis à l’épreuve dans un régime de cohabitation), éducation de l’esprit. Parmi ces

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