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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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Noël   ! Mais   : «  Que ta volonté soit faite   !  »
     
    Le curé de Stechovice, pour la première fois de sa vie de prêtre se révolte   :
    — Ne devais-je pas exaucer la prière fervente d’un confrère, qui s’était adressé à moi avec une telle confiance   ? Devais-je empêcher le Christ de descendre dans les cœurs de ceux qui, dans leur misère physique et spirituelle aspiraient tant vers Lui, bien qu’ils fussent habillés d’une défroque rayée de forçats   ? Lui, le Bon Dieu, n’a en aversion aucune classe humaine et se penche justement avec plus de sollicitude vers les plus malheureux.
    S’il le faut, il se portera volontaire pour travailler dans la zone interdite   ! À moins… Comment ne pas  y avoir pensé plus tôt   ! Le jeune curé de Pikovice a été requis pour le chantier du tunnel de Dauel et les gens du tunnel ont tous reçu une carte pour pénétrer dans la zone interdite. Le soir même, l’abbé Betik se rend à Pikovice et remet quinze hosties consacrées à son confrère. Le lendemain, il fait prévenir par le « messager » l’abbé Gay.
    — L’abbé (82) tout heureux m’avertit qu’il profiterait de ce passage d’un prêtre pour se confesser. Il souffrait tellement de n’avoir pu s’approcher, depuis son arrivée ici, du tribunal de la Pénitence. Le prêtre tchèque devait venir entre 8 et 9 heures du matin. Chaque jour, nous nous mîmes à épier les civils qui passaient près de nous à ces heures. À leur passage, l’abbé et moi, nous chantions à mi-voix l’« Adoro te », pour nous faire connaître.
    — Pendant huit jours, ce fut en vain. Le neuvième, entre 8 et 9 heures, arriva un civil habillé comme un « ingénieur ». Nous eûmes l’intuition que c’était lui. Il lui fallait du courage pour se hasarder ainsi sur notre chantier, à la barbe de nos gardiens. Quand il passa devant nous, nous chantâmes l’Adoro te, mais il hâta sa marche, probablement pour ne pas se laisser émouvoir à notre vue, et, par là, se dévoiler aux S.S. Il fit mine de ne pas nous entendre.
    — Nous commencions à douter que ce fût lui, lorsque nous le vîmes se réfugier dans une baraque en construction et faire signe au contremaître tchèque. Celui-ci qui me connaissait, vint bientôt vers moi, comme pour contrôler mon travail, et me dit que j’étais attendu dans la baraque. Il me demanda d’être prudent, car les gardiens rôdaient, armés de leur fusil.
    — Je me rendis à l’endroit indiqué. Le prêtre tchèque ne prononça aucune parole, mais il me frappa doucement et fraternellement sur la main pour me dire qu’il me comprenait et qu’il prenait part à notre misère. Je lui bredouillai quelques mots en latin, que je n’arrivais pas à prononcer tant j’étais saisi d’émotion. Il me remit les hosties avec un peu d’argent. Puis il s’en alla comme il était venu.
    — C’est alors que l’abbé Gay se porta à sa rencontre pour se confesser   ; il marchait à ses côtés, mais le prêtre tchèque s’en allait sans prendre garde à lui, semble-t-il. Il fit bien car, à un moment donné, j’eus peur que, par son attitude, l’abbé n’ait éveillé sur lui l’attention des S.S. Le soir, il devait me dire, plein de tristesse   : « J’ai essayé de me confesser, mais je ne sais pas s’il a entendu ma confession et s’il m’a absous. »
    Ce premier envoi allait être suivi d’un second, le mois suivant. Tous les déportés catholiques du camp purent communier (83) .
    *
    Au mois de mars 1945, les chantiers de Hradischko sont abandonnés et, pour la première fois depuis l’implantation du camp, tous les déportés quittent la zone interdite. Ils vont creuser le « kolossal » fossé antichar qui protégera le centre de formation S.S. contre l’avance des forces soviétiques.
    — Travail urgent et accéléré   !
    Afin d’aller plus vite, on supprime la soupe de midi.
    — Tas de fainéants, vous allez voir…
    Les S.S. de Hradischko redécouvrent les vertus de la gymnastique… Rien de tel qu’une bonne séance de…
    — Debout   !
    — Coucher   !
    — Allongez-vous mieux que ça   !
    — Debout   !
    — Encore au sol   !
    … Pour échauffer les muscles de ces saboteurs qui ne valent pas le pain qu’on leur donne.
    Au début du mois d’avril, trois Kapos et trois déportés s’évadent. Les gardes S.S. sont doublés le long de la tranchée. Le 9 avril, deux sections des jeunesses

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