Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
travailleurs. L’abbé est également blessé au côté gauche.
    — Allez les blessés, de l’autre côté de la tranchée… une ambulance va venir vous chercher.
    Ils rampent, dévalent, s’agrippent, s’aident, s’effondrent contre un char de manœuvre en contreplaqué.
    Un officier apparaît sur le chantier. Il gesticule et montre le petit bois, à quatre cents mètres du fossé. Un jeune S.S. demande l’interprète   :
    — Voilà, il fait déjà soleil. Vous serez mieux pour attendre la voiture sanitaire dans le petit bois.
    Un S.S. échange son fusil contre une mitraillette. Ils sont partis. Pas à pas. Ils tombent. Se relèvent. Ils arrivent. Disparaissent. Plusieurs rafales. Il est 9 heures. Sept coups de feu. Sept coups de grâce.
    Plus jamais les S.S. ne joueront à la « gymnastique » sur la route du fossé antichar de Hradischko.

CHAPITRE VIII

ORANIENBURG
    Oranienburg, au garde-à-vous, subit l’appel du matin. « Tête de pioche », un Kapo, éclate de rire   :
    — Ça c’est de la veine   ! J’ai gagné à la loterie du trou. C’est un des miens qui a les pieds dedans. On va voir combien de temps il tiendra sans jouer des claquettes.
    Depuis le début de l’hiver, ce trou de soixante centimètres de diamètre, sur vingt de profondeur, terrorise le camp. Cinq minutes avant l’appel, un Kapo – bien souvent « Tête de pioche » – brise la glace d’un coup de talon. Les Kapos ont baptisé cette cérémonie   : « la loterie », et demandé respectueusement au service de voirie de ne pas reboucher « leur » trou.
    — Pourquoi   ?
    — C’est bien simple   ! Pour l’appel, les blocks et les différents Kommandos changent toujours de place. Le commandant veut que les groupes tournent pour ne pas avoir les mêmes imbéciles devant les yeux.
    — Et alors   ?
    — Alors c’est jamais le même type qui a les pieds dans l’eau… et l’eau gèle s’il ne remue pas… S’il remue les S.S. gueulent… alors nous on doit empêcher l’autre de bouger. On établit des records   !
    L’abbé Würl, un solide tyrolien, perdit ce matin-là à la « loterie du trou ». Un étau enserrait ses chevilles. Il commença par faire jouer ses orteils.
    « Tête de pioche » regarda sa montre   :
    — Six minutes… Le record va être battu. Tiens bon mon gars encore deux minutes.
    — Encore une minute   !
    L’abbé Würl souleva le pied droit.
    — Le salaud a bougé… et c’est le cureton. Ordure   ! Tous à plat ventre.
    « Tête de pioche » enjamba une dizaine de corps et s’immobilisa près de l’abbé. D’un coup de botte il poussa la tête dans la flaque et appuya son pied sur la nuque du prêtre.
    — Gare à toi   ! au moindre mouvement   ! Sale sorcier du ciel   !
    Il alluma une cigarette.
    L’abbé Würl, front et nez collés au fond du trou, étouffait. « Tête de pioche » retira son pied.
    — Respire un coup   ! Je ne veux pas ta mort…
    Le supplice se prolongea une quinzaine de minutes.
    — Debout   ! J’espère que tu as le nez gelé.
    — J’ai le nez gelé.
    — Avec ton nez gelé tu vas quand même nous chanter quelque chose dans le genre   : « Je suis de la merde, de la merde noire, et Dieu aussi… »
    — Je refuse.
    — On recommence   !
    — Je refuse monsieur le chef de block.
    — Je compte jusqu’à trois   !
    — Je refuse.
    — Très bien, j’aime les gens courageux, vas vite à l’infirmerie   !
    Cette scène se joua le 15 février 1940. Oranienburg-Sachsenhausen à cette époque comptait une trentaine de prêtres, allemands pour la plupart. Une aile de block leur était réservée. Très vite, ils furent « mutés » à Dachau, le camp des prêtres (86) . Mais l’administration avait oublié deux pères hollandais… Ils furent inscrits sur les registres de « l’orchestre » qui occupait la seconde aile du block 15. Ils étaient encore là lorsque débarquèrent, au mois de janvier 1943, les six premiers prêtres français avec, à leur tête l’aumônier D. (87)
    L’aumônier est un personnage hors-série. Né avec le XX e  siècle, il choisit à dix-huit ans l’armée… Il y restera douze ans   :
    — J’ai terminé comme adjudant. Mais mon titre de gloire c’est d’avoir inventé un appareil d’approvisionnement pour les canons « 240 Batignolles ». Avec mon système on pouvait charger un obus de cent soixante kilos en trente secondes, alors qu’auparavant il

Weitere Kostenlose Bücher