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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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courant de votre arrivée. Et puis après tout, si vous, voulez   !
    L’abbé Pfanzelt, précédé d’un cerbère galonné, visite tous les blocks.
    — Monsieur l’abbé personne ne désire assister à la messe.
    Un déporté, profitant d’une poignée de main, réussira à lui glisser une boulette de papier. Rentré au presbytère de la ville de Dachau, l’abbé pourra lire   :
    — Nous avons été avertis que tous ceux qui se présenteraient à la messe seraient punis de douze dimanches de carrière. Nous regrettons… Veuillez nous pardonner ce manque de courage.
    *
    Dans les semaines qui suivirent l’internement de l’abbé Fritz Seitz, de nombreux religieux allemands et polonais furent immatriculés à Dachau. Au mois de décembre 1940, le block « 26 » réservé aux Allemands, abritait soixante-dix-neuf pensionnaires   ; le block « 28 » huit cent soixante-quatorze « étrangers ». Dachau devenait le « camp des curés » (180) . Pour en arriver là, de nombreuses et délicates conversations entre le ministère des Affaires étrangères du Reich et le Vatican, avaient été nécessaires. Hitler, condamné publiquement par ses églises pour avoir institué l’Euthanasie (décret du 1 er  septembre 1940), fut obligé d’accorder quelques concessions aux prêtres déportés.
    Le Saint-Siège, dès mars 1940, réclamait par l’intermédiaire du Nonce Orsenigo   :
    1° … qu’un prêtre (181) nommé par le gouvernement fût autorisé à administrer les derniers sacrements aux détenus ecclésiastiques qui se trouvaient dans les sections pour malades   ;
    2° que les prêtres morts ne soient pas incinérés car l’incinération était en opposition fondamentale avec les règles de l’Église   ;
    3° que les prêtres soient autorisés à obtenir des bréviaires et qu’ils puissent dire la messe entre eux, dans une cellule qui serait spécialement mise à leur disposition…
    Dans une « note verbale » le nonce demande par la suite, s’il ne serait pas plus logique de regrouper tous les ecclésiastiques dans un même camp   ?
    Trois mois plus tard il était rassuré.
    — Tous les prêtres seront rassemblés à Dachau.
    — Ils pourront célébrer les offices dans une chapelle. L’Inspection générale des camps a donné, ce jour même, l’ordre de la construire.
    Ce document signé Himmler n’arriva à Dachau que début septembre. Il est regrettable qu’il ait brûlé avec les archives « secrètes » du camp à la veille de la Libération, car il est assez inexplicable qu’un ordre d’Himmler ne soit exécuté que six mois après avoir été reçu. Comme nous le verrons par la suite, la chapelle ne sera « improvisée » qu’au mois de janvier 41. Quant au regroupement des prêtres à Dachau, il se fera par « petites étapes » avant d’être effectué « massivement » au cours de l’hiver… 1944 (ordre d’Himmler du 28 octobre 1944) (182) .
    Pour se rendre compte de cette « mauvaise volonté générale » il suffit de regarder vivre et mourir les déportés du camp pendant cette période (183) .
    — Rassemblement des prêtres   !
    Un calot S.S. est placé sur un tabouret au milieu de la place d’appel. Pendant six heures, les prêtres défilent autour du calot et le saluent à l’hitlérienne, bras tendu.
    — Rassemblement des prêtres   !
    Deux S.S. ont parsemé la place centrale de croûtons de pain, de morceaux de fromage, de tranches de saucisson.
    — Vous allez ramper et nettoyer le sol… sans vous servir des mains.
    Ils rampent. Ils ont faim.
    — Approchez mes porcs. Grognez.
    Ils grognent.
    — Venez manger dans le creux de ma main.
    Ils mangent.
    — Rassemblement des prêtres   !
    — Vous allez vider les tinettes… avec vos sales mains.
    — Rassemblement des prêtres   !
    — Vous allez vous barbouiller de merde. Défense de vous laver pendant une heure.
    — Rassemblement des prêtres à l’intérieur du block   !
    Et les S.S. font monter les déportés sur les armoires, laver le sol avec leur langue, jouer à saute-mouton.
    Le chapelain autrichien Andréas Rieser, installe les fils de fer barbelés d’une clôture. Le gardien s’approche   :
    — Tu vas me parler de la couronne d’épines du Christ. Mieux, tu vas me montrer comment elle était faite. Prends ton temps   !
    En silence, le père Rieser tresse une couronne.
    — Donne-la moi. C’est très bien   ! On va voir ce que ça donne sur ta

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