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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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tête.
    Le S.S. coiffe le père Rieser.
    — Voilà tu ressembles à ton modèle   ! Ah non   ! J’oubliais   ! Il saignait   !
    Le S.S. enfonce la couronne, la fait tourner autour du crâne (184) …
    *
    Les prêtres partagent la vie des Kommandos. Comme dans tous les camps, la carrière est à « déconseiller ». Pendant le seul hiver 1942, trois cents religieux y périront.
    Deux Kommandos – le « Moorexpress » et les « Plantations » – sont pratiquement réservés aux ecclésiastiques.
    — De lourds (185) chariots à quatre roues, servaient aux transports. On les appelait   : « Moorexpress ». Deux hommes guidaient le timon. De chaque côté de la voiture pendaient trois ou quatre cordes, munies de nœuds. Là, s’attachaient les esclaves pour tirer la voiture. Cinq à six camarades poussaient derrière le véhicule. Le Moorexpress était bien lourd et pourtant il fallait qu’il avançât très rapidement. Un sous-kapo, armé la plupart du temps d’une matraque en guise de fouet aiguillonnait ces chevaux bipèdes. Le dos courbé, la tête inclinée, ces bêtes humaines tirent, déplacent ou poussent le fameux Moorexpress, journellement durant huit à dix heures, du camp à la gare, de la gare à l’atelier, de l’atelier au dépôt, de la carrière au chantier de construction, de la cuisine aux baraquements.
    L’abbé Bernard est muté au « Moorexpress » le 19 mars   :
    — C’était (186) la fête de saint Joseph. Je lui adressais de ferventes prières pendant que nous tirions le chariot. À la droite de la voiture, je partageais la corde avec un jeune curé polonais de Varsovie. Nous étions de taille et de force égales, ce qui importe beaucoup dans ce genre de travail. Il parlait vaguement le français et nous nous entretenions quelque peu sous les yeux du Kapo et des gardiens. En terrain plat, le véhicule avançait assez facilement. Mais bientôt les pieds commencent à faire mal. La marche sans chaussures et le séjour dans l’eau ont enflé les pieds. Morne silence partout. Chacun est absorbé dans ses réflexions. Tiendra-t-on   ? Qu’aura-t-on à manger   ?… Au bout d’une heure à peine, l’on nous rassemble à coup de sifflet. Nous allons à la gare, pour y mener… devinez quoi   ?… un paquet de vis grand comme deux boîtes de cigares   ! Dans notre naïveté de novices nous nous demandons pourquoi donc tout cet équipage de dix-huit détenus, de trois sentinelles, d’un chariot de cinq tonnes   ? Mais nous ignorions encore que les internés, les gardiens et le chariot devaient rester inséparables. C’est là une loi suprême de tous les Kommandos extérieurs… C’est pourquoi nous acheminons ce lourd véhicule chargé de cet unique paquet minuscule à travers la boue, jusqu’à la gare aller et retour. Petit à petit on finit par ne plus réfléchir. »
    Les prêtres français n’ont connu le Kommando des « Plantations » qu’en 1943. À cette époque il était considéré comme une section « paisible ». Par contre, de 1940 à juillet 1943…
    — Les plantations (187) sont de véritables bagnes. Par tous les temps, les détenus prêtres et juifs, peinent avec leurs seules mains. Ils se traînent sur les genoux, arrachent l’ivraie, rampent dans les fossés, sur le fumier, toujours traqués par les Kapos. Le « jardin » forme un carré de cinquante mètres de côté. Il a été arraché au prix de plusieurs centaines de vies humaines aux marécages. La terre meuble et féconde n’a que quinze centimètres de profondeur. Le carré est parcouru de sentiers et d’un système de drainage compliqué. On y cultive surtout des plantes médicinales (188) . L’été mille trois cents déportés travaillent dans les plantations   ; l’hiver quatre cents à huit cents.
    Les autres… l’hiver… sont de corvée de neige   :
    — Parfois le matin au réveil, la couche de neige atteignait de vingt à cinquante centimètres. Au moyen de pelles et de planches clouées à un manche en bois, on entassait la neige en de gigantesques montagnes. Des brouettes et d’énormes voitures munies de plateaux la charriaient vers la Wurmbach. À défaut de véhicules on emportait la neige sur des dessus de tables posés sur les épaules de quatre détenus. La corvée de neige durait huit heures par jour. Tous les déplacements se faisaient au pas de gymnastique.
    *
    Le 15 janvier 1941, le père Lenz, aperçoit un groupe de prêtres stationnant

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