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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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suivant l’usage, en se contentant de prélever les expectorations d’une douzaine de Tzougangues. L’abbé Goutaudier, comme par hasard, était de ceux-là. Deux heures après on vint le quérir en toute hâte   : l’examen du crachat avait permis de déceler que le vieux Pfarrer était tuberculeux au dernier degré.
    Un lit l’attendait au block 13 où il devait se rendre sans délai. Sofort …
    —   Ah   ! bien dame, dit-il placide, de sa voix un peu traînante, en ramassant ses hardes, j’ai attendu d’avoir soixante-huit ans pour apprendre que j’étais tuberculeux. Pourrai-je au moins célébrer ma messe à l’infirmerie   ?
    Et il s’en alla, traînant la jambe avec sa chapelle portative.
    Le lendemain, Jacob vint me voir. Il avait l’air grave des jours où il se passait des choses sérieuses, celles avec lesquelles on ne plaisantait pas.
    — Fais réclamer illico, par tes copains du block 26, ce Pfarrer que Ludwig a expédié hier chez les tuberculeux   : il y a « transport » ce soir de tout le block 13.
    On arracha à temps le téméraire abbé Goutaudier au sort qui l’attendait   : la piqûre définitive qui, en ce temps-là dépêchait au crématoire, sans autre façon, les gêneurs déguisés en incurables par le tout puissant Kapo du block 13.
    *
    L’abbé Millot (215) a serré longuement la main du chanoine Hess avant de franchir les barbelés qui isolent le block des typhiques.
    — Vous savez. Lucien combien ils ont besoin d’un prêtre et d’un infirmier. J’ai tout pesé avant de prendre ma décision   : j’offre ma vie pour ma paroisse et pour mes chers J.O.C.
    — Au moins promettez-moi de me faire prévenir s’il vous arrive quelque chose.
    — Promis.
    Trois semaines plus tard un déporté remet à Lucien Hess un billet.
    — C’est sorti clandestinement de chez les typhiques.
    Lucien Hess reconnaît l’écriture de l’abbé Millot   :
    — J’ai 39° de fièvre. Venez demain matin derrière les barbelés, je dois vous voir.
    Le lendemain matin, l’abbé Millot est là, près du block interdit.
    — Vous voyez, j’ai enfilé trois capotes pour ne pas prendre froid. Aujourd’hui, j’ai 40 de fièvre.
    Il enlève son béret.
    — Tenez, voici les Saintes Huiles, donnez-moi l’Extrême-Onction.
    Il appuie son front contre les barbelés. Le chanoine Hess applique l’huile en dessinant une croix…
    — Rendez-moi la boîte. Si l’on nous aperçoit. Adieu   !
    *
    — Le 137.780   ?
    — Présent.
    L’abbé Georges Hénocque avance vers le chef de chambre.
    — Vous êtes sur la liste de ceux qui doivent aller au travail demain matin. Tenez-vous prêt. Vous partez à 7 heures.
    — J’irai si cela me plaît. Mon âge (216) me dispense automatiquement de tout travail, vous le savez bien et ne pouvez m’y forcer.
    Et l’autre, pour une fois, bonasse   :
    — Bon   ! Je vous dispense de corvée de travail.
    Mais il ne connaît pas la « puissance de contradiction » de l’abbé.
    — Tout au contraire, je veux faire comme mes camarades. J’irai travailler demain.
    — Comme vous voudrez.
    Le lendemain matin, la corvée pénètre dans le block 26, la chapelle. Deux rideaux noirs séparent l’autel du reste de la grande salle.
    Chacun (217) se plaça à sa guise sur les tabourets amenés du block 28. Les plus malins se rangèrent contre les murs de façon à y être adossés. Les autres, dont j’étais, ne purent s’appuyer sur rien. Nous étions alignés sur six rangs, dans le sens de la longueur. J’avais choisi comme voisin l’abbé Lagarde aussi modeste que cultivé. En outre, il parlait l’allemand et les ordres étaient, la plupart du temps, transmis dans cette langue, il me les traduisait.
    Quand nous fûmes installés, le Stubendienst prit la parole dans un silence relatif   :
    — Vous allez recevoir chacun une toile de tente. Il vous faudra surfiler 29 boutonnières qui sont coupées d’avance et coudre 29 doubles boutons dont la place est marquée d’une croix rouge. La toile de tente doit être achevée dans la journée. Les boutonnières seront facilement terminées dans la matinée, de 7 heures à midi, et les doubles boutons doivent êtres cousus dans l’après-midi, de 13 à 18 heures. Je les ramasserai donc chaque soir. N’oubliez pas que vous devez passer le fil double trois fois dans chaque trou de bouton. Que tout cela soit fait convenablement.
    Comment donc   ! Ces tentes n’étaient-elles

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