Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les spectres de l'honneur

Les spectres de l'honneur

Titel: Les spectres de l'honneur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
mortelle :
    – Faux Judas ! Tu fis trancher le col à mon père pour l’amour de ma mère que ton corps convoita. Et avec cela, tu me déshéritas, me bannis et me chassa de ton royaume. Je suis vengé !
    On apporta un épieu. Lucas ficha la tête sur sa pointe et l’enfonça pesamment. Ensuite, il l’offrit à Roquebertin qui, pour une fois, éprouvait du mésaise. Tristan sortit, écœuré.
    Paindorge le rejoignit. Dans les ténèbres, ses yeux brillaient d’un éclat sauvage. Il détestait Guesclin plus encore que Villaines-le-Menteur. Il avait découvert ces deux hommes une seconde fois. Définitivement.
    – Pèdre aurait dû être jugé.
    – Oui, Robert. Je le détestais, moi aussi, mais de le voir périr ainsi me donne des suées.
    Derrière, il y avait des rires. Guesclin et sa famille regagnaient leurs trefs. Des torches sautillaient comme des feux de joie.
    – Holà ! Attendez-nous, cria Olivier de Mauny. Venez boire avec nous à la gloire d’Henri et à la santé de Pèdre.
    Il riait. Les libations étaient son grand plaisir. Bientôt, ce fesse-pinte repu de sang et de vin vomirait comme une fontaine.
    Guesclin fut là, le visage blanc tel celui d’un spectre :
    – Eh bien, Castelreng, qu’en dis-tu ?
    Les autres, Villaines en tête, passèrent, indifférents. Paindorge parut tenté de les suivre, puis renonça.
    – Que dis-tu, Castelreng, de cette male mort ?
    Tristan demeurait perdu dans ce réseau d’ignominies. Tous les détails du trépas du roi de Castille continuaient de l’assaillir. Ce qu’il avait tant révéré dans la Chevalerie s’était évaporé. Son cœur s’était durci ; sa gorge se serrait sur un flot d’invectives.
    – Ce que j’en dis, Bertrand, c’est qu’avec Villaines et moult autres, vous avez à jamais déshonoré la Chevalerie et la France.
    – J’ai servi la Justice.
    – L’injustice est flagrante.
    – Étais-tu donc pour Pèdre ?… Alors, il te fallait entrer dans Montiel quand l’occasion t’en fut donnée. Rejoindre les Juifs et les Mores qui sont en ces murs !… Sache-le une fois pour toutes : je déteste tes ramposnes 121  !
    Tristan intercepta un clin d’œil de Paindorge. L’écuyer y exprimait son impuissance et son courroux mais l’engageait aussi à modérer ses paroles.
    – Qui t’a fait chevalier, Bertrand ?
    – Que t’importe !
    – Ta réponse semble confirmer ce qu’on dit.
    – Et que dit-on ?
    – Que tu t’es adoubé toi-même.
    C’était là une insulte majeure. Le Breton ne pouvait s’y attendre. Alors que tant d’autres s’enorgueillissaient d’avoir reçu la paumée d’un père glorieux, d’un parent ou d’un chevalier de grand renom, Guesclin, jamais, n’avait révélé qui lui avait donné l’accolade et chaussé les éperons.
    – Au nom du roi…
    – Il n’est point là, Bertrand, interrompit Tristan. Il se serait pâmé plutôt que réjoui en assistant au meurtre de Pèdre.
    Le Breton tressaillit. Fort en goule, mais faible en rhétorique, il subissait un joug plus insultant qu’un coup.
    – Sais-tu, chevalier, que pour ce que tu dis, je pourrais te faire mourir ?
    Ils se regardaient en face, profondément. Jamais entre eux le plaisir de haïr n’avait été aussi vif.
    – Je sais tout ce dont tu es capable et tout ce que tu peux me faire. Mais tu ne feras rien. Tu n’ajouteras pas un déshonneur supplémentaire à l’énormité dont tu t’es rendu coupable. Car c’est toi qui commandas Villaines et en fis, comme toi, un parjure. C’est toi qui obtins de Pèdre une confiance éhontée. C’est toi qui, en renversant celui-ci, a inversé l’issue d’un tençon qui devait être favorable au roi légitime !
    – Si Henri pouvait ouïr ton propos !… Mais cessons : je ne t’apprécie pas, Castelreng. Je l’aurais voulu, cependant. Du reste, si tu n’étais qu’un hobereau sans courage, je t’aurais laissé en Langue d’Oc.
    – Non : tu m’as voulu nuire, simplement.
    – Ton courage…
    – N’en parle pas. Il fait concurrence au tien et c’est pourquoi tu me détestes. Car j’ai le courage propre, moi !
    – Pourquoi ne sommes-nous pas amis ? Nos actes feraient de nous…
    – Si nous étions amis, j’endosserais tes crimes… Amis ? s’étonna brutalement Tristan. Je suis à l’aise seul avec mon écuyer. Il fallait t’obéir ? Nous t’avons obéi. Nous avons vu quel était, à Nâjera, ton génie… Et je ne veux parler de tes

Weitere Kostenlose Bücher