Les templiers
mandement et un éloge pour les chevaliers du Temple. L’évêque de Laon ne cite pas moins de cinquante localités où l’Ordre possédait des biens et des revenus,
La participation des évêques champenois en faveur . du développement et de l’établissement des maisons du Temple fut des plus importantes, du moins lors des premières années. En dehors des archevêques du nord de la province, l’évêque de Troyes, qui encouragea beaucoup les chevaliers, mérite une mention spéciale.
En Espagne, on rencontre le même mouvement, les rois et les évêques de la Péninsule ibérique virent dans la milice un secours fort utile contre l’invasion musulmane. Dans tous les actes, la diplomatique note ce fait.
La hiérarchie ecclésiastique est très souvent citée dans les actes de la Péninsule, même dans ceux qui émanent de simples seigneurs. Ainsi, dans une donation du 17 décembre 1129, faite par un certain Miro, trouvons-nous les évêques d’Huesca, de Tarazona et de Calahorra. Au mois de septembre 1137, ceux d’Huesca, Calahorra, Pamplona, Tarazona, Zaragoza, et ainsi de suite dans tous les actes. L’Église est toujours représentée. Comme nous le verrons, le Temple eut une croissance considérable dans la Péninsule. À la mort du fondateur, les chevaliers étaient bien implantés, tant en Aragon qu’en Catalogne.
Ce développement rapide s’explique uniquement par un intérêt politique : la défense des frontières contre les Maures. Les princes et les seigneurs ibériques ne pensaient qu’à leur défense. En France, comme dans les Iles Britanniques, le problème ne se posait pas de la même façon.
Dès la fin du concile de Troyes, on trouve, dans les actes relatifs aux premières donations, les noms de plusieurs chevaliers avec, déjà, quelques titres : Sénéchal, Maître de province, Procureur, Commandeur, Précepteur, etc.
Dans la Péninsule ibérique et en Provence-Langue- doc, deux noms reviennent assez souvent : Hugues Rigault et Raymond Bernard. À travers les documents, on peut facilement tracer leur itinéraire. Hugues Rigault apparaît pour la première fois en 1128, sans aucun titre. À mesure que l’Ordre évolue, il devient Maître en Provence. Le cas de Raymond Bernard est plus intéressant. De mars 1129 à novembre 1147, nous suivons sa trace dans les royaumes de Portugal, Castille, Aragon, dans les provinces du Languedoc et en Provence.
La situation est semblable dans les autres provinces, en Picardie, Champagne, Bourgogne. Durant les dix ans qui suivent l’approbation de la Règle, on rencontre les mêmes noms, instruments actifs de la propagande. Pour la partie de la France située entre le Rhône, les Vosges, les Ardennes et l’Ile de France, il s’agit de Payen de Montdidier, de Guillaume le Faucon et de Guillaume de Baudemont.
Payen de Montdidier est connu dans certains actes sous le nom de Nivard. Homme d’action de l’Ordre naissant, il exerça dans sa propre province une influence importante. Il en fit une terre privilégiée de recrutement. Quand Hugues de Payens retourna en Palestine, en 1130, il laissa à son compagnon la charge des aumônes. Nous retrouvons également sa trace en Angleterre, en 1139-1140, dans une donation faite par Alexandre, évêque de Lincoln, et en 1140-1144, dans un acte de l’abbé de Walden.
Si Payen de Montdidier se contenta du Beauvaisis, la Champagne eut comme recruteur Guillaume le Faucon. Chargé par le Chapitre de l’Ordre de recueillir les aumônes d’outre-mer, il voyagea, de ce fait, jusqu’à Nantes. C’est là que nous le trouvons avec le titre de Maître, en 1141, dans l’acte de Conan, duc de Bretagne. En 1144, il est signalé comme témoin en Palestine, dans un acte du roi Baudoin, en compagnie de Geoffroy,» abbé du Temple, de l’abbé de N-D. la Latine et de Pierre, prieur du Saint-Sépulcre.
Guillaume de Baudemont fut délégué en Bourgogne par Hugues de Payens lui-même. Il porta, lui aussi, le titre de Maître, et fut à l’origine de rentrée de Guy de Til-le-Châtel au Temple. Un ami de Guy le suivit en Palestine, Guy de Bure qui, en 1133, abandonnas sa terre aux pauvres chevaliers de la milice du Temple de Salomon ; elle deviendra le siège de la commanderie majeure de Bure-les-Templiers.
Le Temple ne reçut pas seulement des biens. Beaucoup de gens se placèrent sous sa protection. Chacun apportait son lopin de terre, ce qui permettait aux frères d’occuper les
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